Tout près de moi

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-Je viens tout de suite, me dit-elle.

PDV MIA

Non, je ne suis pas prête.
Je ne suis pas prête à lui annoncer que j'ai un cancer.

J'aurais pu préparer ce que j'allais dire et essayer de trouver des arguments pour la calmer mais là, je n'ai aucune idée de comment lui annoncer.

Elle va s'inquiéter pour moi, ce qui bien sûr est normal pour une mère, je l'aurais évidemment été pour Rose aussi.
Seulement elle a enduré tellement de choses ces derniers temps.

Les neuf derniers mois ont étés aussi éprouvants pour elle que pour moi.
Mon annonce de grossesse, les colères de mon père, les disputes entre mes deux parents...

Je ne veux pas qu'elle souffre à nouveau. Je veux la voir heureuse, ça fait si longtemps que je ne l'ai vu ainsi.

Et je m'en veux car j'en suis en partie responsable. Si cette nuit là, nous nous étions protégés avec Johan, ma mère et mon père ne se seraient jamais disputés.

Mais Rose ne serait pas née et c'est l'un des gros points positifs dans cette histoire.
Rose n'est pas seulement un "point" c'est notre fille.
Et rien que pour ça, je ne regrette en rien tout ce qu'on a traversé.

Parfois, je me demande comment notre relation aurait été à Johan et à  moi si je n'étais pas tombée enceinte. Je me pose plein de questions sur les possibilités de ce que nous serions devenus, par exemple je me demande si nous serions encore ensemble, est-ce que notre couple était suffisamment solide à l'époque ?

J'ai l'impression que c'était il y a une éternité, avant la naissance de Rose, je n'ai plus beaucoup de souvenirs de la personne que j'étais avant de devenir mère.

Je n'avais pas énormément d'amis, mais deux amies d'enfance, Tara et Amélia ne me parlent plus beaucoup, je n'ai plus de nouvelles d'elles depuis un moment, à vrai dire après que je leur ai avoué ma grossesse, elles se sont montrées assez distantes et se sont éloignées. Leurs comportements m'a déçue, je les pensais plus matures et je pensais sincèrement qu'on étaient assez proches pour qu'elles me soutiennent face à cette épreuve.

Je ne sais pas comment je réagirais si elles venaient à reprendre contact avec moi, je leur en veux, cependant j'aimerais comprendre pourquoi elles se sont comportés comme cela avec moi, et puis je dois admettre qu'elles me manquent tout de même un peu.

Je n'en parle jamais avec Johan car ses amis sont aussi partis, aussi lâchement soit-il. Je ne sais pas trop ce qu'il en pense mais je vois bien que parfois, il est triste de ne plus les voir.

Je sortis de mes pensées quand je me rendis compte que quelqu'un toquait à la porte, Johan se leva du fauteuil à coté de moi et alla ouvrir la porte.

Dès qu'il ouvrit, je vis ma mère se précipiter vers moi sans même saluer Johan.

-Mia ! Ma chérie, que t'es t-il arrivé ?
-Ne t'inquiètes pas maman, ca va aller.
- Ça n'avait pas l'air d'aller au téléphone, tu es sûre que ça va ?
-Écoute Maman, j'ai quelque chose à te dire.
-Que se passe t-il ma chérie ? Raconte-moi enfin !
-Assieds-toi d'abord.

Je vois ma mère s'inquiéter mais elle s'assit tout de même sur le fauteuil. Elle n'arrête pas de se toucher les mains montrant qu'elle est stressée.

-Mia, explique-moi s'il te plaît je suis inquiète pour toi. Pourquoi es-tu à l'hôpital ?
-Au moment de mon accouchement, lorsque je suis arrivée à l'hôpital, je ne me sentais pas bien et j'ai fais un malaise. Après cela, je me sentais un peu fatiguée et le médecin m'a prescrit beaucoup de repos. Je me sentais mieux mais j'ai refais un malaise, celui-ci beaucoup plus grave que le précédent puisque je suis restée inconsciente pendant quelques temps après.
-Et après ? Le médecin a découvert ce qu'il n'allait pas ? demanda ma mère.
-Oui, il a découvert que j'étais malade.
-Tu es malade ? De quoi souffres-tu ?
-D'un cancer du sein.

PDV JOHAN

La mère de ma petite amie se lève d'un bond comme si elle avait pris un coup et je comprends totalement ce qu'elle ressent.

J'ai ressenti la même chose qu'elle lorsque j'ai appris que Mia avait un cancer.

De la colère et une boule de tristesse. L'envie de frapper partout contre les murs et contre la vie. La vie qui nous paraît si injuste et si dur qu'on a même plus l'envie et la force de se battre.

Mais heureusement, Mia est forte et courageuse, vraiment très courageuse. Je n'aurais jamais pensé qu'elle serait si forte, elle ne s'est pas mise en colère une seule fois depuis qu'elle a appris qu'elle était malade. A sa place, j'aurais déjà pété de câbles trois fois me demandant pourquoi la vie était si injuste avec moi.

J'ai beaucoup de mal à retenir ma colère, j'ai besoin d'extérioriser ce que je ressens. Surtout depuis que mes parents ont commencés à ne plus prendre de mes nouvelles.

La mère  de Mia commence à pleurer et à gémir de douleur, je me précipite vers elle pour la prendre dans mes bras. Mia se met aussi à pleurer et met sa main devant sa bouche pour ne pas faire de bruit.

J'emmène Sarah dans le couloir de l'hôpital qui est complètement vide. Sa mère continue de pleurer et je la serre dans mes bras afin qu'elle se calme. Je ne sais pas quoi dire alors je ne dis rien la laissant digérer la nouvelle. Au bout d'un moment, lorsqu'elle ne pleure plus, Sarah dit :

-Depuis quand ?
-Depuis quand quoi ?
-Depuis quand savez-vous que Mia est malade ?
-Seulement depuis hier.
-Pourquoi ne pas m'avoir dit qu'elle faisait des malaises et qu'elle souffrait ?
-Je ne sais pas. Elle ne voulait pas vous inquiéter.
-J'aurais pu être là pour elle. J'aurais dû être là.
-Je sais. Je suis désolé de ne pas vous avoir prévenu.
-Est-ce à cause de la grossesse ?
-Comment ça ?
-Est elle malade à cause de sa grossesse ?

J'avoue ne pas avoir réfléchi à cette solution. Est-ce que si Mia n'était pas tombée enceinte, elle serait malade ?
Est-ce que si je m'étais bien protégé cette nuit là, Mia serait malade ?

Et si c'était de ma faute ?