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-Johan ? Je...

Je n'ai pas le temps de dire autre chose qu'il raccroche déjà.

Que voulait-il me dire ?

Cela fait déjà une dizaine de minutes que mon petit ami m'a raccroché au nez, complètement soûl.
Je ne sais pas quoi penser, je suis un peu perdue et surprise en même temps.
D'un côté, je lui en veux ne pas être venu me parler lorsqu'il en ressentait le besoin. Je ne comprends pas le fait qu'il ait préféré se noyer dans l'alcool plutôt que de venir m'en parler pour qu'on puisse en discuter.
Cependant d'un autre côté, je m'inquiète énormément pour lui.
Pourquoi pense t-il cela ? Comment à t-il pu changer d'avis si vite ?
Ce matin même, il me rassurait sur le fait qu'on pouvait y arriver si on essayait tous les deux, et maintenant voilà qu'il se met à douter. Pourquoi ?
Je ne comprends rien.

Je tente de le rappeler plusieurs fois mais il ne répond à aucun de mes appels. Je tombe chaque fois sur sa messagerie.
J'appelle un taxi pour qu'il aille le chercher au bar où il se trouve en espérant que Johan ne change pas d'endroit d'un moment à l'autre.
Je demande au chauffeur de me rappeler quand il sera arrivé chez lui.

J'aimerai pouvoir le rejoindre seulement c'est impossible. Si je pars par la fenêtre de ma chambre, mes parents le verraient tout de suite étant donné que le salon possède une baie vitrée du même côté que ma fenêtre. Et il n'y aucune autre sortie à moins que mes parents n'aillent se coucher.

En attendant le coup de fil du chauffeur, je passe mes mains sur mon ventre. Je n'arrive pas à croire que sous mon ventre, sous ma peau, il y a un petit être qui commence à se former et qui respire. Je n'arrive pas à croire que j'attends un bébé, que je suis enceinte. 
Je me lève de mon lit et vais me placer devant mon miroir en essayant de m'imaginer avec un bébé dans les bras. C'est si dur à croire.

Cela ne fait même pas vingt quatre heures que je sais que je suis enceinte et pourtant j'ai l'impression d'être au courant depuis trois mois.
Cette journée à été longue, très longue.
Et je ne suis pas sûre qu'elle soit finie.

J'espère que Johan est rentré dans le taxi sans faire des siennes et qu'il est en route pour rentrer chez lui. Heureusement que ses parents ne sont pas là pour voir l'état dans lequel il est en rentrant.
Ils ne s'occupent que rarement lui, même jamais. Il se débrouille tout le temps seul, il se prépare à manger, fait le ménage, il est déjà très  dépendant pour un jeune adolescent. Ses parents s'occupent seulement de payer les factures et ne l'appellent qu'une fois par fois pour voir s'il "s'en sort".
La patience de Johan est exemplaire, il ne se fâche jamais même lorsqu'ils ne l'appelle que douze fois par an.
A sa place, j'aurais sûrement crié d'arrêter de m'appeler et d'assumer de ne pas être bon parent.
Seul leur travail les intéresse, je trouve ça scandaleux !

Dix minutes plus tard, j'entends mon téléphone vibrer. Je vais le chercher et décroche.
-Allô ?
-Bonsoir, je suis le chauffeur de taxi.
-Ah oui, alors il est bien rentré chez lui ?
-Je... je ne l'ai pas trouvé. Il n'y avait personne dans le bar que vous m'aviez indiqué. J'ai demandé au barman s'il n'avait pas vu un jeune garçon un peu éméché mais il m'a dit qu'il ne voyait pas de qui je parlais. Êtes vous sûre que c'était ce bar, mademoiselle ?
-Oui, oui j'en suis sûre. Je ne comprends pas. Avez vous regardez autour, dans les rues ?
-Oui, la rue était déserte.
-Bon très bien, je vous remercie d'avoir essayer de le chercher. Je vais m'en occuper.
-Bon, d'accord. Vous en êtes sûre ?
-Oui, certaine. Bonne soirée, monsieur.
-Bonne soirée.

Il n'était pas dans le bar.
Bordel mais où est-il passé ? Où a-t-il pu se réfugier ?
Jamais, il ne m'avait fait un coup pareil. Je tente de le rappeler une dernière fois mais il ne répond toujours pas.
Je vais devoir aller le chercher, il faut que je sorte d'ici, et que j'aille le trouver.

J'enfile ma veste, ainsi que mes converses noires. J'attends cinq minutes espérant que mes parents finissent par aller se coucher mais ils ne se décident toujours pas.
Je tourne la poignet de porte aussi discrètement que possible. J'ouvre la porte et me faufile dans le couloir. Je tente de faire le moins de bruit que je ne puisse mais le parquet craque sous mes pieds alors je croise les doigts pour que mes parents n'entendent rien.
Je descends une à une les marches des escaliers, chaque pas de plus que je fais me stresse de me faire prendre la main dans le sac.

Je suis bientôt arrivée à la porte d'entrée quand soudain un bruit me fait sursauter. Je soupire.
Je vois mes parents allongés sur le canapé en train de ronfler.
Ils sont incroyables. Je lâche un petit rire, soulagée.
Je me faufile en moins de deux dehors.
Je marche dans la nuit noire, où il fait vraiment froid. J'emprunte les rues qui mènent vers le centre-ville, peut être se trouve t-il dans un autre bar que celui que je croyais ? Je l'espère.
J'espère aussi qu'il a arrêté de boire, et qu'il regrette de s'être bourré la gueule comme il l'a fait.

Arrivée au centre ville, je vais voir dans les quelques bars qui s'y trouvent et qui sont encore ouverts, je demande aux barmans s'il ont vu Johan en leur montrant sa photo. Malheureusement ils me répondent tous que soit ils ne s'en souviennent pas ou alors qu'ils ne l'ont pas vu.

Je commence à désespérer : personne ne l'a vu et il ne traîne dans aucune des rues où je le cherche. Où est-il ?

Je continue de chercher dans les rues, morte d'inquiétude.
Tout à coup, j'entends des voix et des cris. J'essaie de voir d'où cela peut il venir. Je me dirige vers les voix espérant l'y trouver. Les voix et les cris se font de plus en plus forts, je continue de marcher et tourne à un coin de rue.

Ce que je vois me laisse bouche bée.

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