Je suis devenue Reine peu après mes six ans. Mon père, le roi, avait attrapé une mauvaise grippe qui l'avait terrassé en moins d'une semaine. Quant à ma mère, elle est morte peu après la naissance prématurée de mon jeune frère qui l'a suivi à quelques heures d'intervalle.
Mon fidèle conseiller et ami, James, s'est occupé des affaires royales jusqu'à ma majorité. Il m'a appris ce qu'il y avait à m'apprendre sur mon devoir de Reine mais surtout à encaisser les critiques et garder la tête haute. Je ne pouvais pas me permettre de me montrer faible. Je ne serais qu'une proie bien trop aisée pour mes rivaux.
J'étais Reine d'une grande île nommée Hagenstone, près de l'Angleterre. Deux châteaux avaient été fondés sur cette île. Le premier est près de la mer, le second est en plein milieu de notre pays, entre plusieurs forêts. Il est peut-être plus grand que celui du roi d'Angleterre, les murs à eux seuls peuvent abriter les villages avoisinants. Mes ancêtres voyaient grands malgré la taille limitée de notre pays. Bien qu'il faut plus de trois jours pour arriver au bout, notre royaume était considéré comme le plus petit de tous. Celui qui ne survirerai certainement pas à une attaque ennemie. Pourtant voila plus de trois siècles que nous gardons ces murailles.
Des bruits de couloirs disaient que l'on me surnommait La Veuve Noire, pour avoir perdu deux de mes époux. Le premier est décédé de la variole et le second a perdu la vie lors d'une de nos guerres. Je passais pour une femme sans coeur pour n'avoir pleuré ni pour l'un, ni pour l'autre. Pleurer était un signe de faiblesse. Et je n'étais pas faible.
D'autres m'appelaient Red Lyanna. Pour tuer mes ennemis de sang froid. Pour être la première reine à commanditer des armées et être impitoyable. Assassiner des nouveaux nés pour me baigner dans leur sang. Ces rumeurs n'étaient pas fondés. Je n'ai jamais tué d'enfants, et je n'ai jamais mis un pied dans les bains de boue. Je n'irais certainement pas m'aventurer dans du sang. Mais peu le savaient. On m'appréciait, on me détestait, on me vénérait, on complotait dans mon dos. Du haut de mes dix-neuf, j'avais presque tout vécu. Expérimenter la quasi totalité des émotions existantes. La joie, la fierté, la peur, la trahison, la tristesse, la colère.
- Quels sont les nouvelles, James? Je demande en enfilant mon gant.
Il faisait beau. Le temps était frais mais rien de désagréable. Je pourrais peut-être aller me promener à cheval. N'obtenant pas de réponse, je détache mon regard gris de la cour royal pour me tourner vers le vieil homme, triant les lettres et autres documents.
- Le roi Æthelwulf vous propose une rencontre au Wessex dans l'espoir de vous unir à son fils Alfred. Je cite « Le mariage pourra unifier Hagenstone et l'Angleterre pour n'en faire plus qu'un. Un Royaume Uni. ».
- Alfred? J'arque un sourcil, me rapprochant de mon conseiller. N'est-ce donc pas le batard issu d'une relation brève entre la reine Judith et ce prêtre qui avait renié notre dieu pour vivre parmi ces païens?J'arrache la feuille des mains de l'homme et lis quelques lignes avant de froisser la lettre et la jeter au feu.
- Il veut me marier à son batard pour s'en débarrasser?
Je lie à nouveau mes mains dans mon dos, reportant pour la seconde fois mon regard vers la cour.
- Et si une guerre venait à éclater, je serais un bon parti pour rallier nos troupes aux siennes, je conclus en serrant la mâchoire.
Mes hommes sont entraînés très jeunes à se battre et devenir des guerriers. Bien plus jeunes que les saxons.
- Hors de question. Répondez leur que la reine d'Hagenstone rejette leur proposition et que nous examinerons leur déclaration de guerre lorsque nous aurons le temps.
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Berserker and Queen | vikings
Historical FictionIvar n'a jamais perdu une seule bataille. Et lorsqu'il entre en guerre contre la reine Lyanna, il trouve enfin une adversaire à sa taille. Plus forte qu'une guerrière au bouclier et plus froide que lui. Comment ne pas tomber sous son charme? - enemi...