Chapitre 19

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La reine m'a laissé porter son enfant le surlendemain de mon arrivée. Nous avons passé un peu de temps ensemble. Bien que la cour principale était boueuse, le jardin lui était parfaitement entretenue. Mon pouce caresse tendrement la joue rose du petit blondinet tandis qu'il s'amuse avec un de ces jouets en bois.

- Vous avez mis au monde un magnifique enfant, Reine Ealhswith.
- C'est vrai, elle déclare en souriant, tenant la main du bébé.
- J'ai tellement hâte de rencontrer le mien, je lui avoue tout en bougeant mes jambes afin de border l'enfant.

Æthelred n'avait aucune caractéristique de son père. Mais il était trop jeune pour en venir à des conclusions hâtives. Peut-être prendra-t-il les traits d'Alfred en grandissant. Lorsque j'imaginais l'enfant, je voyais le visage du roi lors de notre première rencontre, un regard bleu profond, des joues roses et potelées et de jolies lèvres rouges. Mais bizarrement son fils me rappelait une autre personne. Je n'arrivais pas à mettre le doigt sur qui.

- Je n'en doute pas, elle me répond tout en continuant de garder un contact avec son bébé.
- De qui tient-il ses cheveux blonds? Je demande tout en brossant le dessus de sa tignasse dorée. Avez-vous un parent proche ou éloigné avec cette couleur?

Sa bouche s'ouvre puis se referme plusieurs fois comme si elle cherchait la réponse la plus plausible à m'expliquer.

- Je- Oui en effet, elle bégaie en reprenant son bébé avec elle.

Mes sourcils se froncent tandis que je comprends soudainement son comportement. Je m'en doutais déjà un peu lors de notre rencontre. Je trouvais sa réaction bien trop suspecte lorsque j'ai fixé longuement ces cheveux d'or. J'entre-ouvre la bouche pour parler alors qu'une personne nous interrompt.

- Je ne vous dérange pas j'espère, mes dames?

Ealhswith et moi coupons notre contact visuel pour nous concentrer sur notre interlocuteur.

- Bonjour, Roi Alfred. C'est une belle journée, je dis en faussant un sourire.
- En effet.

Le roi se tourne vers son épouse, lui offrant un sourire.

- Ma douce, puis-je vous emprunter notre invitée? J'aimerais m'entretenir seul à seule avec elle.

La jeune femme se lève et prétend que ce n'est pas grave, elle devait de toute évidence nourrir son enfant. Elle se courbe dans une légère révérence. Je l'observe s'éloigner silencieusement avant de tendre ma main au roi afin qu'il m'aide à me lever.

- Ma douce? Je répète d'un ton moqueur alors que nous commençons à marcher.

Il était préférable que je ne dise rien au sujet de leur enfant. Après tous, je n'avais aucune certitude et ce n'était pas mes affaires. Il le découvrira bien assez tôt. Alfred était loin d'être un idiot.

- Qu'y a-t-il de mal?
- Rien, c'est la première fois que je t'entends t'exprimer ainsi.

Un léger sourire s'installe sur ses lèvres tandis qu'il se penche vers moi.

- Je t'ai surnommé bien mieux qu'elle, il murmure à mon oreille.
- Ce n'est pas une façon de parler de ton épouse, je lui fais remarqué en l'éloignant de mon visage d'une main. Et nous étions jeunes, nous ne nous rendions pas compte de la valeur d'un mot.

Ses mains se rejoignent dans son dos alors qu'il observe l'horizon.

- Je ne suis pas d'accord. Je le pensais lorsque je t'appelais « mon amour ». Parce que tu l'étais.
- Et je détestais ce surnom niais, je rétorque en caressant mon ventre.
- Oh ça, il rit. Je m'en rappelle très bien puisque j'avais le droit à quelques frappes.
- Mais ça ne t'empêchait pas de le redire.
- Parce que je t'aimais.

Berserker and Queen | vikingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant