Bonus #1

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Salut ! Je participais à un concours organisé par LaPlumeEncrée dans lequel il y avait des épreuves d'inventions aussi bien qu'une lecture de notre histoire. Maintenant que le concours est terminé, j'ai décidé de partager avec vous deux des trois productions que j'ai écrites. Je n'ai rien gagné, mais j'ai fini dans les 5 finalistes sur 139 participants, ce qui est déjà bien, parce que je ne pensais pas aller aussi loin !

Pour faire court, dans cette première épreuve, chacun devait s'adresser de façon épistolaire à un de ses personnages en utilisant trois tons : l'excuse, l'humour et l'agressivité. Vous pouvez retrouver ce texte sur le site de La Plume Encrée. Bonne lecture !

Chère Rose,

Tu dois forcément deviner qui je suis. Mon nom sur l'enveloppe et ma manière de tracer les mots sur le papier doivent forcément t'être familiers, d'une façon ou d'une autre. Après tout, je suis celle qui t'a créée. Personne d'autre que toi, mon personnage, ne peut comprendre aussi bien ce que j'écris, ce que je vis, ce que je ressens. Dans cette lettre, j'ai donc décidé de te faire part du fond de ma pensée, avec sincérité. Toi à qui j'ai donné la vie sans demander la permission, en inventant ton nom de toutes pièces, toi à qui j'ai infligé certaines de mes souffrances naissantes, j'espère que tu pourras me pardonner, ou simplement me comprendre.

L'idée, celle qui est à l'origine de ta création, m'est venue simplement. Après tout, ce n'est pas comme si tu étais compliquée, avec ton caractère de cochon, ton sarcasme bien placé et cette bête infâme qui ronge l'intérieur de ton cœur. Tu l'admets toi-même, tu n'es pas une gentille petite fille normale. Tu as beau être éprouvée par la vie, tu sais ce que tu désires. La plupart du temps, tu obtiens ce que tu souhaites, justement ! Tu es rongée de l'intérieur, Rose, par cette chose que tu as nommée Cerbère et qui t'ôte la vie à petit feu, mais tu es déterminée, même si tu ne le réalises pas toujours. Malheureusement pour toi, tu es bornée et tes envies se retournent contre toi. Tu voulais des amis, tu as fait fuir ceux qui t'entouraient. Tu étais décidée à courir, mais tu n'as jamais pu réaliser ce rêve. Tu souhaitais vivre, mais tu n'en as jamais eu l'occasion. Cela en est presque drôle, d'une certaine manière...

Tu vas sûrement dire que tout ce qui t'arrive est de ma faute, parce que je suis celle qui t'a donné naissance. Pourtant, je ne suis pas méchante. Certes, tu ne possèdes pas une vie facile, mais tu n'es pas la seule. Ne va pas me faire des reproches que je ne mérite pas ! Je t'ai peut-être créé un passé difficile qui ne mène à aucun futur, mais ce n'est pas pour cela que tu n'en auras pas un. Je sens d'ici l'air de dégoût qui se dessinera sur ton visage pâle en lisant cette lettre. Tu vas sûrement te dire que j'aurais pu te façonner différemment, pour que tu sois plus normale. Et bien, non. Il y a toujours des moments où l'on n'obtient jamais tout ce que l'on veut, que cela te plaise ou non. Mais je sais que tu t'en sortiras, car tu es courageuse. 

Tu te bats, et même quand tu crois avoir perdu espoir, tu te relèves toujours. Parfois, quand on pense que tout cela va s'arrêter, que Cerbère va finir par te foudroyer, tu reviens, plus forte que jamais. C'est l'une des plus belles choses chez toi et l'une des plus tristes, car même moi, qui suis à l'origine de l'intrigue et qui en écris la suite, je ne suis pas certaine que le dénouement de ton histoire sera heureux. Je voulais simplement que tu saches ceci, Rose : je suis attachée à toi. J'ai beau avoir écrit plusieurs histoires et inventé un nombre considérable de protagonistes, tu es un personnage particulier pour moi. Je n'aurais jamais pensé pouvoir croire une chose pareille, mais tu fais ma fierté. Je pensais donner naissance à une héroïne faible et fébrile, mais tu es devenue, par toi-même, une jeune fille forte et courageuse. Certains écrivains sont fiers d'eux-mêmes, car ils ont créé des personnages magnifiques et incroyablement réalistes, mais moi, je suis bel et bien fière de toi, de la personne que tu es devenue, seule, sans mon aide. J'ai beau écrire les lignes, tu fais vivre le reste de mon texte. Tu ne le rends que plus beau, car tu as fini par prendre vie.

Si un jour tu venais à disparaître, emportée dans un tourbillon de mots violents, l'histoire ne serait plus la même. Si par malheur, Cerbère engloutissait ton cœur, il mettrait fin à cette épopée magique que j'ai imaginée et que tu as continuée.

On pourrait dire que c'est moi qui choisis, que je fais vivre ma plume, que la suite ne dépend que de mon désir personnel, mais cela est faux. J'avoue que, malgré tout, ce qui t'arrive est un peu de ma faute. J'en suis désolée, Rose. Je n'ai jamais voulu te faire souffrir.

Mais n'oublie pas que la suite dépend également de toi, justement. Peut-être que cela te semblera risible, mais je ne suis pas seule à choisir ce qu'il adviendra. Tout n'est pas encore écrit.

Tout dépend de nous deux.


Celle qui t'a imaginée.

CerbèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant