Cinquième Mouvement

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Je marque un temps d'arrêt avant de franchir les grilles du lycée. Déjà, un mauvais pressentiment me gagne. J'appréhende vraiment le fait de devoir « enquêter » sur mon seul ami. Je ne suis pas fière de moi, mais il faut que je sache. Je me prends sûrement la tête pour rien, mais j'ai besoin de connaître la vérité.

Les cours ne commencent pas avant dix bonnes minutes, alors j'ai le temps. Je vais parler aux personnes qui connaissent Léo pour leur demander ce qu'ils pensent de lui. Dit comme cela, ça ressemble à un interrogatoire, je le sais, et c'est assez énervant.

J'ai beau me dire que ce que je fais n'est pas mal, juste un peu bizarre, mais j'ai réellement l'impression de commettre une énorme erreur.

Peut-être que tout ceci n'est qu'un gigantesque malentendu ?

Je n'arrête pas de me répéter cela, mais je n'y crois pas moi-même. Il y a quelque chose de louche que la plupart des gens ignorent, et je suis bien décidée à découvrir ce que c'est. Je cherche du regard une personne en particulier et je ne mets pas plus de trente secondes à la trouver.

Ses cheveux châtains lui tombent sur les yeux et deux fossettes creusent ses joues alors qu'il parle à son groupe d'amis (ou plutôt son harem vu le nombre considérable de filles qui l'entoure).

Je me rapproche, mais me ravise. L'ami de Léo, dont je ne connais même pas le nom a plutôt l'air occupé. Au moins, le blond n'est pas avec lui, c'est une bonne chose, je ne voulais pas lui parler tout de suite.

Je décide d'attendre que son groupe d'admiratrices se disperse pour pouvoir lui parler tranquillement. Cela ne semble toutefois pas gagné.

C'est alors que le brun lève la tête et m'aperçoit. Je vois dans ses yeux briller une lueur sombre, puis un sourire fugace que je ne saurais interpréter passe sur son visage. D'un coup, il quitte les filles transies qui tournoyaient autour de lui telles des mouches et s'approche de moi.

Trop abasourdie, je ne réagis pas avant qu'il prenne la parole.

— Salut...

Je fronce les sourcils, un peu intimidée.

— Salut.

J'ouvre la bouche pour parler, mais mon interlocuteur me devance.

— Léo n'est pas encore arrivé, si c'est lui que tu cherches.

— Ce n'est pas lui que je cherche, je rétorque un peu trop vite à mon goût, d'un ton saccadé.

Calme-toi, il ne va pas te manger.

Un petit sourire en coin assez prétentieux se dessine sur son visage. Derrière lui, les groupies qui ne le quittaient pas des yeux deux minutes auparavant me fixent d'un air féroce.

— En fait, je voulais te demander quelque chose.

— Ah oui ? fait-il en haussant les sourcils, un sourire en coin toujours présent au coin des lèvres.

J'y ai réfléchi toute la nuit, mais je ne sais pas de quelle façon tourner la question. J'ai peur qu'il aille ensuite tout raconter à mon sauveur.

Eh mon pote, il y a Rose qui pose des questions sur toi à tout le lycée ! Si j'étais toi, je lui demanderais ce qu'il se passe, parce que c'est carrément bizarre.

Étonnamment, je l'imagine bien dire tout cela à Léo puis se plier en deux de rire.

— Vous êtes amis depuis combien de temps, toi et Léo ?

Son petit sourire en coin disparaît d'un coup et son regard se fait perçant.

— Pourquoi ? demande-il, circonspect.

CerbèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant