Le soleil brille. En ce matin d'été, chacun de ses rayons éblouissants réchauffe ma peau pâle. Mes cheveux ternes aux pointes fourchues paraissent presque brillants de vitalité sous ce soleil de plomb.
Levant mon visage vers le soleil, je plisse fort les paupières pour éviter d'être éblouie. Je me perds dans mes pensées, tachant d'oublier mes soucis. C'est alors que des rires me parviennent. Je tourne la tête et ouvre les yeux, apercevant deux filles de mon âge. L'une, toute petite malgré ses huit ans porte une robe rose saumon qui s'accorde bien avec ses cheveux dorés. Elle a tout d'une poupée de porcelaine, petite et fragile. L'autre, plus grande, a un air rebelle placardé sur le visage.
Elles cherchent une victime...
J'amorce un mouvement pour me lever, mais elles avancent vers moi à toute allure, le même rictus mauvais sur les lèvres. Alors qu'elles arrivent à mon niveau, j'abandonne l'idée de partir. Mon esprit d'enfant espère pouvoir se faire de nouvelles amies, malgré le fait que ces deux-là ne m'aient jamais aimée.
— Coucou, Rose, me lance la plus petite, aux airs de mini-Barbie.
— Ne l'approche pas ! crie l'autre. Elle est malade, elle va te contaminer !
Leur bêtise m'étonne. C'est totalement faux !
— Ce n'est pas contagieux...
Ma voix est douce, mais elles reculent tout de même, un air de dégoût plaqué sur leurs visages enfantins.
— Beurk, ajoute la blondinette, ignorant ma remarque.
— On s'en va, elle pue ! crie encore la grande brune.
Elles s'en vont en courant sans plus attendre, leurs rires méchants résonnants encore autour de moi.
Il me semble que j'ai pleuré, après. C'était première fois que je me rendais pleinement compte de ma différence. Ça faisait mal.
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Cerbère
RomanceRose n'aimait pas sa vie. Elle la trouvait fade, vide et inutile. Surtout, elle savait qu'elle serait courte. Elle s'était habituée à l'idée qu'elle mourrait plus jeune que les autres. Ce n'était pas si grave après tout, elle ne manquerait à personn...