Chapitre 26 : Aaron

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J'ai passé un superbe moment avec Hayden

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J'ai passé un superbe moment avec Hayden. J'aime les instants comme ça, où le temps s'arrête, où il n'y a plus que nous deux et personne d'autre.

Je pense qu'elle est entrain de lire mon journal. Je l'espère.

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15/02/2015

On m'a toujours dit que l'éternité était un moment sans limite, une durée incalculable. La plupart des gens pensent que la notion d'infini est délicate puisque la plupart des choses sont mortels. Elles finissent par se décimer, disparaître puis on les oublie. D'autres pensent qu'une immensité comme celle-ci ne représente rien. Je suis persuadé que ceux qui pensent comme cela n'ont pas vécu un instant où ils se sont sentis véritablement éternels.

Vous savez, ce moment où vous riez si fort et vous pensez que vous n'arriverez jamais à vous arrêter. Ou celui où vous souriez et vous avez l'impression de le faire pour la première fois. Celui où vous regardez une personne et vous vous demandez comment vous avez pu vous passez d'elle si longtemps. Ou encore celui où vous sentez l'adrénaline couler dans vos veines et vous vous accordez un dernier souffle avant de vous lancer. Pendant ces moments, vous ne voyez que le présent. 

Le temps s'arrête. Les aiguilles de l'horloge cessent de tourner. Le bruit du balancier de la pendule devient sourd. La poudre du sablier gèle. Les cases du calendrier se brouillent. Le minuteur bloque. Le nocturlabe ne détecte plus la Grande Ourse. Le stoppomat de ta vie présente une défaillance. Chronos déserte ses fonctions l'espace d'un instant. Je l'ai déjà vécu. Tous ces instants pendant lesquels j'étais persuadée que le temps s'était suspendu. Je profitais de ce que j'avais à ce moment précis. 

Je retirais tout le négatif, à vrai dire je ne le voyais même plus. C'était comme si un filtre fabuleux s'était posé sur mes yeux. Tout n'était pas parfait et pourtant je restais focalisé sur le fait que ça l'était. Je me sentais libre, compris, heureux d'être là, avec ces personnes, dans cette endroit. La notion d'infini est bien réelle. Ce n'est simplement pas ce qu'on pense. C'est... Je ne sais pas. Les mots n'ont aucun sens tant qu'on ne l'a pas vécu. C'est un sentiment indéfinissable, peut-être le meilleur de tous.

 La tristesse, la peur, la colère paraissent tellement futiles quand on pense être éternel. Une partie de la Terre rêve de revenir en arrière, de changer le passé. Les autres ont certainement envie de se projeter dans le futur et de grandir plus rapidement. Personne ne veut vivre avec son temps, c'est indéniable. Moi, j'aimerai que tout se fige. L'éternité existe. Seulement, elle ne dure qu'un seconde...

18/09/2015

Sentir la terre chaude sous tes mains froides, sentir l'air envahir tes poumons à nouveau, le soleil brûler tes yeux après tant de temps passé dans le noir. Tu sens tes muscles se contracter, tu sens tes bras bouger puis tes jambes. Tu peux sentir le sang irriguer tes veines, tes artères puis tout ton corps. 

Dans un effort plein d'espoir, tu te relèves, tu es enfin debout. Cette sensation, cette sensation de vivre, d'être enfin en vie occupe tes pensées, les muscles de ton visage se crispent, tu souris. Mais ces choses-là ne sont qu'éphémères, tu le sais bien. Tu sens ton corps vaciller de droite à gauche, tu sens tes pieds sur le sol instable, tu sais que tu vas tomber. Tu sens la peur en toi, tu sens tes muscles se crisper. Tu ne souris plus, tes traits sont tirés, à présent tu as l'air inquiet.

Tu tentes d'hurler, tu pousses un cri, tu sens ta voix s'élancer, tu l'entends résonner mais personne n'est là pour t'aider. L'air a du mal à parvenir à tes poumons, tu suffoques, tes jambes tremblent et tu sombres.Tes genoux heurtent le sol. Tu as mal, tu sens la douleur à travers tout ton corps. Tu n'as aucun moyen d'extraire cette douleur aussi bien mentale que physique. Tu regardes loin devant toi, tout est vide, tout est noir. Personne n'est là et tu sais que c'est idiot d'espérer de l'aide. Le monde t'a mis à genoux et tu dois te contenter de l'observer d'en bas.

Tu te sens bête de t'être relevé, tu regrettes d'avoir permis à ton corps de ressentir toutes ces choses et tu te dis que ces sensations ne valaient pas la peine d'être vécues parce que personne n'était là pour les vivre avec toi.Tu n'as plus mal, tu te sens aussi vide que le paysage. Tu n'as plus aucun moyen de t'en sortir, aucun. Tu ne peux plus continuer, tu n'as pas de raison de continuer. Tu inspires une dernière fois puis tu sens la force te quitter. Tu abandonnes, tu te laisses couler.

 Tu tombes sur le dos, incapable de bouger, incapable de vivre. Tu ne sens plus l'air dans tes poumons, tu ne sens plus rien. Une lourde tristesse envahit ton esprit. Ton dos s'enfonce dans le sol, une larme coule le long de ta joue, tu fermes les yeux et retournes à la poussière, invisible, inutile, seul.

 À attendre que la mort te dévore complètement, sentant ses dents s'accrocher à toi de plus en plus fort, jusqu'à ce que tout s'arrête.

Sauve-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant