<< La vie est parsemée d'épines plus que de fleurs. La vie est triste quand on est seul, elle est bien plus agréable quand on est deux. La vie est un torrent courant vers un abîme. La vie est un flambeau toujours prêt à s'éteindre. >>
Alors que mes doigts s'enlacent et se griffent nerveusement contre mon matelas, j'entends les bruits de pas de ma mère qui se rapproche de ma chambre, dans le long couloir de notre maison. Elle doit, à l'évidence, stresser autant que moi. Elle va sûrement venir pour me réveiller, mais je ne dors plus, depuis un long moment. Cela fait déjà une bonne heure que j'imagine toutes les possibilités que je peux rencontrer pendant cette colonie.
Mon arme à moi, c'est mon sourire. Le plus souvent c'est un sourire faux, car à l'intérieur de moi je suis mal. C'est comme ça que les gens s'attachent à moi; ils pensent que je suis tout le temps heureuse, ce qui les rend heureux aussi.
Je suis bancale et bizarre. Je ne sais plus réellement qui je suis, depuis le départ inattendu de mon père. Il nous a radicalement abandonnées ma mère et moi, depuis deux ans. Deux ans oui, mais nous avons l'impression que c'était hier. Ma mère, elle, a complètement changé depuis ce drame. Elle qui était douce, joyeuse et souriante, s'est évaporée avec lui. Il me reste à moi, la mère froide et pas sûre d'elle. Mais aussi surtout, celle qui passe ses journées dans sa chambre. Elle m'aime cela se voit, elle en fait des efforts, mais elle n'est plus du tout la même depuis le départ de papa.
Aujourd'hui, c'est enfin le premier jour des vacances d'été, tant attendu pour ma part. Cette année scolaire aura été forte en émotions : la mort de ma grand mère maternelle et le licenciement de ma mère.
Ce matin est le jour que j'attendais depuis plusieurs semaines. Mon départ en colonie pour adolescents, à la montagne.
Ces dernières années, ma mère m'en paye une – quand nous avons de l'argent - à chaque vacance; souhaitant que je m'amuse et sorte un peu de la maison, comme une adolescente de dix-sept ans.
Au fond, je ne me sens pas vivante. Je perçois un vide en moi, comme s'il me manquait quelque chose. Comme si je n'avais pas d'âme, ou qu'au contraire elle réclamait je ne sais quoi. J'essaie chaque jour de m'accrocher, de tout accepter, mais je me noie.
Ma mère voit bien que je suis mal mais elle se tait, ferme les yeux et me répète que cela va s'arranger. Alors, je souris et fais aussi semblant qu'elle. Ceci peut paraître fou, absolument irréel, cependant depuis toujours je ressens ce vide en moi. Ce vide qui ne peut être comblé que par ce sentiment: celui de trouver l'âme sœur. Ce sentiment de bien-être indescriptible, qui ne peut s'expliquer. L'amour vrai, l'amour inexplicable. Le seul. J'ai manqué de l'amour d'un père, de celui d'une mère et surtout, j'aurai adoré avoir un frère ou une sœur. Petit à petit, je le ressens et cela prend chaque jour une plus grande ampleur. J'ai besoin de plus.
Je suis une fille perdue et accablée par son passé. Une adolescente banale, à la vie la plus plate qu'il soit. Une fille souvent triste, sans raison et qui a du mal à gérer ses émotions. Une fille qui vous fera toujours passer avant. Qui tuera pour votre bonheur, avant le sien. Celle qui n'a pas confiance en elle et qui se cache derrière une image de fille courageuse et qui n'a peur de rien.
Une fille qui a l'inquiétude de montrer ses sentiments, qui aime mais ne le dira jamais. Une fille qui n'est passionnée que par l'écriture et la musique. Celle qui porte un masque, elle vous fera constamment penser qu'elle ne s'arrête jamais d'être heureuse, vous la voyez rire, sourire et parler sans arrêt. Cette fille là n'est ni heureuse ni malheureuse, elle n'a aucun mots qui peut définir ce qu'elle est. Elle n'aime pas les étiquettes, mais aime vivre comme elle en a envie. Elle aimerait pouvoir vivre sans interdits. Une fille qui, dès qu'elle vous porte dans son cœur, ne vous laissera jamais tomber. Une fille qui a sa vision du monde, mais ne la fait pas forcément partager.
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Sauve-moi
Romantizm(HISTOIRE TERMINÉE, EN COURS D'ÉDITION) Hayden Rodriguez et Aaron Montmery ont dix sept ans. Ils se rencontrent de manière assez spéciale, lors d'une colonie d'été pour adolescents. Ces deux êtres dévastés et torturés ont un point en commun : leur p...