Chapitre 31 : Hayden

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<< Ce n'est pas que le suicide soit toujours de la folie. Mais en général, ce n'est pas dans un accès de raison que l'on se tue. >>

Voltaire, Lettre à M. Mariott

La randonnée s'est arrêtée à la minute où j'ai reçu ce message. Je ne pense à rien d'autre qu'à Aaron. Je lis une première fois son message, pendant que les larmes commencent à couler; puis je le lis une deuxième fois en criant de tout mon être. Est-ce trop tard ? Arriverai-je à temps pour le sauver ?

Je cours le plus vite possible, à ne même plus pouvoir respirer. Il n'est pas loin, il n'est pas loin me répété-je. Nous avons marcher un moment, la colonie est à quelques kilomètres.. Je peux le faire, de toute façon je n'ai pas d'autres moyens d'aller plus vite.

Plus que quelques minutes et je serais auprès de lui. Je repense à ce message... Il me torture la tête, mais ça m'aide à accélérer.

<< Hayden,

Je savais ce qu'il allait se passer alors j'ai tout arrêté avant, et alors ?

J'ai bien fais, je le sais, parce que la vie est vraiment un truc dégueulasse !

Et puis je t'ai rencontré... Et tout est devenu bizarre.

Tu es devenue tellement.. Tellement importante..

Alors je.. Je voudrais avoir plus de temps avec toi..

Finalement je pense que tu es la pire des choses qui me sois arrivé dans la vie.. Sans toi, ça aurait été certainement plus simple..

Mais je t'aime, ne l'oublie jamais.

Au revoir. >>

Je n'ai même pas réfléchis, je me suis mise à courir. Je ne sais pas où en est mon groupe, mais je continue. Peut être que Aymerick me suit ? Je ne sais pas, je n'entends rien d'autre que la voix d'Aaron me chuchoter qu'il m'aime. Je suis bientôt arrivée. Des questions, des tas de questions me parcourent l'esprit. Et si les animateurs l'ont emmené à l'hôpital, sans moi ? Et si il est déjà trop tard ? Que vais-je faire ?

Je vois la colonie, elle est tout près. J'atteins la porte et les adultes me regardent inquiets et curieux. Savent-ils quelque chose ? Je continue jusqu'au couloir de la chambre d'Aaron. Sa porte est entre-ouverte, le silence règne dans cet étage. Je marche au ralentie, appréhendant ce que je verrai à l'intérieur de la chambre.

<< Aaron ? Chuchoté-je. >>

Aucune réponse, je me précipite à l'intérieur pour voir enfin de quoi il s'agit.

Je hurle. Je hurle encore et encore.

Je le regarde, allongé sur ce sol froid, je ne peux pas y croire.

Ce n'est pas possible, il y a forcément une solution. Il y a une solution pour tous les problèmes, ça devrait être pareil pour celui là !!

Je m'enfonce dans un gouffre, une spirale infernale.

Plusieurs flacons sont à ses pieds, un stylo et une feuille de papier pliée en quatre. Sans réfléchir plus longtemps je la prends et la mets dans la poche de mon short.

Il ferme les yeux, sa peau est encore chaude, il a l'air d'être enfin en paix avec lui-même.

Est-il mort ? Je ne serais dire si son pouls bat toujours, puisque chacun de mes membres tremblent; il m'ait impossible de rester immobile.

<< Hayden !!! Crie Aymerick qui arrive en courant dans la chambre. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! Demande t-il essoufflé avant même d'avoir vu le corps de son meilleur ami.

Je le regarde et il me vois enfin, complètement anéantie et défigurée par les traces noir de maquillages sur le long de mes joues.

- J'ai.. J'ai appelé les animateurs, ils arrivent tous, me confie t-il observant son ami inerte.

Je me frotte le visage, et je me couche à coté de lui.

Une dizaine d'adultes arrivent, plusieurs me soulèvent, je regarde autour de moi et je vois des ambulanciers. Ils disposent délicatement Aaron sur un brancard et l'emmènent en même temps que moi dans leur camion. Je ne veux pas qu'ils me séparent de lui. Il y a trop de mouvements autour de moi et je commence à y voir flou. Ils me mettent quelque chose sur la bouche et le nez, pour ma respiration sûrement. Je ferme les yeux, les laissant s'occuper de la situation.

Environ une heure plus tard, je me réveille de mon coma artificiel; je suis dans un lit d'hôpital.

Revenant à la réalité je m'affole et essaie de retirer toutes les objets qui sont accrocher sur moi. J'avais un fil sur le bord du nez, une perfusion, et d'autres choses que je ne connais pas.

Une infirmière arrive à ce moment là et essaie de me rassurer tant bien que mal.

<< Hé, tu es en sécurité ici, on s'occupe bien de toi.

- Où est-il !!!? Crié-je, essayant de sortir de mon lit.

- Qui donc ?

- Aaron !!!

- Oh, ton ami. Alors je n'ai pas le droit de t'en parler pour le moment.. Je peux juste te dire que nous avons trouvé de très grandes traces de méthadone dans son sang, et que..

- Qu'est-ce que c'est ?!

- C'est un liquide de couleur verte, utilisé pour un sevrage à l'héroïne.. Ton ami était un toxico jeune fille. Tu étais au courant qu'il se droguait ?

- Quoi !? Non ! Vous devez faire erreur !

- Malheureusement non, son corps contenait aussi du lsd et de l'ecstasy.. Ces différentes drogues ont certainement dû accentuer ses crises de schizophrénie.

- Ah bon !? Mais.. Mais est-ce qu'il va bien ?! Je veux le voir ! Laissez moi lui parler !

- Tu vas dormir encore un peu ma petite, je t'ai dit que je n'ai pas le droit de t'en parler pour le moment. Ta famille est en route pour venir te chercher, ce soir tu seras chez toi.

- Non !! Je n'ai même pas de famille, je n'ai que ma mère ! S'il vous plaît ! Continué-je à hurler jusqu'à ce qu'elle me rendorme avec un produit puissant. >>

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