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Ma mère pose sa main sur la mienne et continue toujours en français

- je l'ai appris dès mon arrivée, tout le monde en parle au village. Abou a fait grande sensation ici par sa beauté et sa générosité qui contrastait avec son comportement sec et distant. Il a eu un accident de voiture et il est dans le coma depuis deux mois

-  ... so... Sonya m'a appelé plusieurs fois, je n'ai jamais répondu

Des larmes me brouillent la vision, je n'arrive plus à respirer correctement

- il le me l'a dit Yima ... il me l'a dit dans mes deux rêves. Je l'ai vu tachés de sang

- c'est incroyable, je n'ai pas de mots pour l'expliquer. En 51 ans d'existence je n'ai jamais vu ça. Je pensais que tu rêvais de lui car tu pensais à lui mais là c'était réel Inès!

- je sais. Si seulement j'avais répondu aux appels de Sonya ... je ne me serais pas mariée avec Redouane. Je n'aurais pas gâchis sa vie, je serais ici avec Abou ...

Je me mis à pleurer timidement gênée par mon cousin qui compris

- tu le connaissais ?

- oui il était mon client et nous sommes devenus ... amis

Nous restons silencieux le restant du trajet. Une fois dans la maison de mon grand père qui n'est plus de ce monde. Je m'enferme dans la salle de bain et pleures de chaudes larmes en me lavant.

A peine ressorti mes cheveux sont déjà séchés par la chaleur. Je ravale mes larmes et rencontre le restant de ma famille ; la sœur de ma mère, son mari et ses enfants.

Je fais ensuite le tour de la maison qui est nichée sur une montagne.

Il n'y a rien autour ... absolument rien à part des cactus

Les maisons sont éloignées les une des autres.

Ma mère me montre où elle jouait quand elle était petite et sa chambre.

La maison de son enfance est sur un seul étage, au centre se trouve une grande cours.

Une maison typique du Maroc .

Je suis vraiment dépaysée, tout cela est nouveau pour moi ; Le carrelage au dessins orientaux sur les murs, la grange à poule, la petite fontaine au milieu de la coure.

C'est une maison modeste mais qui comporte tout le nécessaire.

Si je n'avais pas celle boule au creux de l'estomac j'aurais certainement pu savourer tout ce nouveau. Profiter pleinement de retrouver mes racines, mais ...

Il est 15 heures un repas de roi est déposé, je ne manque que quelques bouchées et fait semblant d'écouter les conversations de parts et d'autres de la table.

Une fois fini, je demande à ma cousine Saloua de 15 ans de m'amener à l'orphelinat.

Ma mère n'est pas d'accord mais ne me l'interdit pas.

Nous y allons et nous y sommes en seulement dix minutes. Enfin dix minutes pour Saloua, mais avec moi cela a pris presque une demi heure.

Il faut descendre la montagne, la poussière au sol me dérange. Je transpire énormément, mes cheveux sont collés sur mon front . Les cailloux entrent dans mes nouvelles sandalette, trop plates pour cet endroit.

Quand nous y sommes une boule me noue la gorge, je vois deux monsieur discuter. Un long mince et un petit beaucoup plus fort.

Quand il se retournent je le reconnais immédiatement car Abou me l'avait déjà montré en photo.

Le petit me regarde avec exactement le regard que me décrivait son neveu en parlant de lui : le regard mort.

Je lui parle en français sachant qu'il maîtrise la langue de Molière.

- excusez moi, vous êtes le père de Sonya ?

- oui et vous vous êtes Inès, la Inès de mon neveu

Une larme coule sur sa joue brûlé par le soleil.
Je ne sais pas quoi répondre, je suis paralysé.

Il s'approche de moi et pause sa main sur mon épaule

- Abou m'a montré des photos de toi

- je peux le voir?

- je ne sais pas, tu te sens assez forte ? Il est couché ... dans le coma

- oui je peux

Il semble réfléchir puis son visage semble s'éclaircir

- les médecins disent qu'il entend peut-être. Si c'est le cas entendre ta voix le réveillera ... il parlait tellement de toi...

- comment ... comment a t'il eu son accident ?

- quelqu'un a trafiqué son frein à main

La choc envahit la totalité de mon corps. Le moindre poil que j'ai s'irise.

Je respire fort et raconte des choses inaudibles. Il semble s'inquiéter car il me fait assoir sur une chaise se trouvant devant la porte

- vous êtes sur de le vouloir le voir dans son état mon enfant ?

- je l'ai rêvé monsieur, Abou est venu dans mon rêve portant une chemise blanche taché de sang. Il m'a dit qu'il était dans le coma et qu'il avait besoin de moi

Il fait un bon et se touche le crâne. Je le vois faire les cents pas puis revenir vers moi

- alors si il te l'a demandé il faut aller le voir tout de suite

Il me lève par le bras et me pousse rapidement

- attendez est-ce qu'il portait ...

- une chemise blanche oui ! Mon Dieu j'ai peur de retomber dans la folie

Il me lâche quand nous sommes devant sa voiture

- il est à la clinique de Hoceima on y va

- Attendez c'est à deux heures de routes. Je dois prévenir ma mère

Je me retourne et cherche ma cousine avec qui je suis venue. Avec tout ça je l'ai complètement oublié. Elle est derrière moi et à l'air effrayé.

Je la rassure en rif et lui demande de prévenir ma mère que je vais immédiatement voir Abou.

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Nous y arrivons à 18 heures. La clinique est petite et le personnel n'est pas habillé comme ceux en Belgique

- Rhali (mon oncle) pourquoi vous n'avez pas transféré Abou à Bruxelles ou à Londres ?

- nous y avons pensés mais son état est très critique, ses chances de survies sont minces alors l'assurance refuse de le rapatrier

- ok

- voila c'est ici mon enfant

Je suis devant sa chambre.

La dernière fois que je l'ai vu c'était le 1er janvier 2018. Je me souviens des feux d'artifices, de nos regards, de son étreinte.

je suis là

J'ouvre la porte et je sens mes jambes me lâcher quand je l'aperçois couché sur lit. Vêtue d'une blouse d'hôpital qui souligne sa carrure toujours aussi imposante, ses épaule larges ... même si il semble avoir maigris du visage.

Il est rasé de près, les yeux fermés ...

Il y'a des machine toute autour de lui qui l'aide à respirer, des Baxters pour manger et boire.

Je m'approche et pose ma main sur sa joue, je suis étonnée qu'elle soit si chaude. Je ne peux contenir mes larmes silencieuses.

Je lui embrasse la joue, ce contact me donne des frissons et je lui murmure à l'oreille :

- tu peux te réveiller mon amour, je suis là

...

Tout pour luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant