Tout pour lui

⚜️95⚜️

Deux ans plus tard :

Cela fait deux ans que je suis au village d'Ijarmaouas.

J'ai donné ma démission à DeKlein une semaine après avoir vu Abou couché sur ce lit d'hôpital.

Je ne retourne en Belgique qu'une semaine tous les trois mois, pour régler la paperasse.

Mon divorce a été prononcé quelques mois après notre mariage. Lors de l'audience mon ex mari m'a complètement ignoré

mais comment lui en vouloir?

Il n'a pas dit la vérité à sa famille sur les raisons de notre séparation. Il leur a simplement dit que nous n'étions pas sur la même longueur d'onde.

Cet homme est clairement un homme bon !

J'espère que sa futur femme l'aimera comme il le mérite.

Parfois quand le soleil se couche, je m'assois près de notre maison niché sur cette montagne, et son visage me revient en mémoire, ses yeux clairs, sa gentillesse...

J'aurai pu être très heureuse avec lui si seulement je n'avais pas rencontré Abou quelque mois plutôt.

Quant à Nawel, nous nous appelons et envoyons des messages tous les jours via wathsap même si le réseau ici est bidon. Elle est bien occupé avec sa petite fille Manel qui a un an.

Ma mère m'a suivie et retourne en Belgique une fois par mois pour s'occuper de notre appartement.

Sonya, elle, a fait comme moi. Elle a tout envoyé balader à Bruxelles pour se consacrer à la guérison de son frère.

Nous vivons comme une vraie famille. Ma mère est d'ailleurs devenir amie avec l'oncle d'Abou. Ce sont deux âmes perdues qui se sont retrouvés ...

Ce matin, le soleil tape très fort.

Nous sommes au mois d'avril, je m'assois sur mon lit et repense à ma vie d'avant. Jusqu'à mes 25 ans je n'avais jamais mis un pied dans mon pays d'origine, Bruxelles était pour moi mon seul repère.

Habitant dans un quartier populaire, j'ai vécue avec la foule, le bruit, les voitures... j'avais une vie bien remplie.

Je me levais tous les jours à 6 heures, j'avais de grandes responsabilités, gérais les comptes de grandes sociétés.

Et maintenant ?

Je me retrouve au milieu de nulle part, il y a peu d'habitant

Les gens sont si simples, si vraie. Pas de bruit de voiture, seulement des poules et des enfants qui courent ...

Je me regarde dans le miroir, j'ai 27 ans et j'ai l'impression que ça se voit. Le peur qu'on m'appelle en pleine nuit pour me dire qu'Abou a succomber à ses blessures me laisse des nuits entières à prier.

Je suis néanmoins heureuse d'avoir fait tous ces sacrifices.

Après deux ans dans le coma, Abou a ouvert ses yeux il y'a deux semaines .

Il a du tout réapprendre, à manger, à boire, à articuler...

Le gros soucis est qu'il ne se rappel de rien... il a perdu la mémoire dans sa totalité.

Il ne sait même pas qu'il est lui même.

Pour l'instant il est trop faible pour marcher, donc il est dans une chaise roulante.

Nous sommes quand même soulagés qu'ils se soient enfin réveillé.

Son médecin préfère qu'il reste ici au Maroc à l'endroit où il a eu son accident. Contrairement à d'autres médecins qui lui recommandent de retourner soite à Londres soite Bruxelles afin de retrouver sa vie d'avant.

Grâce à l'héritage de mon père, j'ai pu contribuer considérablement à l'orphelinat qui accueille aujourd'hui cents enfants. Sonya, son père, ma mère, et moi nous en occupons avec l'aide d'enseignants, d'éducateur et de cuisiniers.

Nous déjeunons avec ma mère et ma tante chez qui on vit et nous en allons. Ma mère a l'orphelinat, moi chez Abou.

...

J'ouvre la porte, il est assit sur son fauteuil roulant face à la fenêtre. Mon cœur se sert. Il est toujours aussi majestueux.

- coucou

Il se retourne, mon cœur s'arrête.

Il me regarde comme ci il allait me tuer, des éclairs dans les yeux.

Déjà qu'il était constamment énervé là c'est pire. Il se retourne en me lâchant un bonjour.

Je ne fais pas attention et m'approche de lui

- tu t'en vas aujourd'hui, tu es content ?

- d'après mes papiers d'identité j'ai 39 ans

- c'est exacte.

- Qu'est-ce que j'ai fais de ma vie tout ce temps ?

- Ben tu as ouverts deux sociétés qui ont marché à merveilles

- c'est tout?!

- tu as acheté une maison à ton oncle et Sonya et ouvert un orphelinat

- c'est que du matériel, et l'orphelinat c'est plutôt toi qui l'as ouvert, est-ce que j'avais des amis ?

- tu en avais deux

- deux !!! En 39 ans ! J'étais si horrible que ça ?

- Ben faut dire que tu ne souriais jamais

- pourquoi ?

- tu vas le découvrir toi même avec les exercices de mémoire chez le psychiatre

- et pourquoi pas me le dire directement ?

- le médecin veut que tu retrouve seul ta mémoire. On peut te dire que les grandes lignes

- et mes deux amis, ils s'appellent comment ?

- Claudia et Max

Abou sourit de ses dents blanches, un sourire que me fait fondre sur place. Il le lit sur mon visage puis reprend directement son air sérieux

- pourquoi tu souris?

- je m'attendais plutôt à Mimoun et Zoubida

- Ahah, non Claudia est une colombienne que tu as rencontré à Londres, et Max est belge mais vie également à Londres

- ils savent ce qui m'est arrivé?

- non. Ton gsm a été complètement bousillé lors de l'accident et tu n'as pas de réseaux sociaux pour les contacter

- mmm

Il me regarde en fronçant les sourcils, je sens mes joues rosirent. Je dois détourner mon regard pour ne pas me trahir, Abou pense que je suis sa meilleure ainsi. Ainsi il pourra facilement me faire confiance ...

Je me lève et range ses affaires dans sa sac pour son retour à la maison. Je sens qu'il me fixe toujours

- voila j'ai fini

- vous avez oublié un sac par terre

- ah oui, mais Abou pour l'amour de Dieu arrête de me vouvoyer

- je ne vous connais pas

- nous étions pourtant meilleurs amies

- avec 10 ans d'écarts?!

- douze ans ! Et oui je suis très mature

- vous étiez amoureuse de moi ?

Il me fixe avec son regard puissant, je ne sais pas quoi dire ni quoi faire ...