La porteuse de lumière -6-

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Le mur dans les couloirs de l'école sur lequel je me tiens me parait peu fiable, ou est-ce ma tête qui tangue ? Repenser à ce qui s'est passé ce matin sur la plage n'est pas une bonne chose. Il faut que je me ressaisisse. Je suis déterminée à trouver ce que je cherche. Je croise Gian-Carlos, il me fait un sourire rassurant, du moins je l'interprète comme tel, il bifurque vers le couloir où se trouve notre classe de géographie, mais à cet instant une autre idée me trotte derrière la tête.

Mme Sprent, elle ne peut pas nous avoir parlé de tout ça, sans avoir une base sur les mythes et nos légendes, elle est ma clé aux questions qui me hantent, je n'attendrais pas sept jours.

Il faut que je sois prudente, il ne faut pas qu'elle se doute de quelque chose, je ne sais pas jusqu'où vont ses croyances. J'ai une vague idée de ce que signifie l'ésotérisme, mais de là à lui dire que je lévite et que je pratique la télékinésie lorsque je m'énerve, c'est peut-être un peu gros !

Arrivée devant sa classe, je souffle un bon coup et frappe, mais à en croire le silence qui me répond, elle ne s'y trouve pas.

-Zut, où peut-elle bien être?

- Mademoiselle Delagrange, à moins que se soit vraiment urgent, il me semble que vous avez cours de géographie à cette heure.

Je me retourne en sursautant de peur, elle est derrière moi avec ses lunettes qui retombent légèrement sur son nez, elle peut être géniale mais surtout, très flippante, comme maintenant.

- Oui en fait, je vous cherchais, elle me montre la porte et m'invite à rentrer.

- A vous voir ainsi devant la porte de ma classe mademoiselle, je m'en doutais, la question est, que voulez-vous ?

- Un peu plus de détails sur le cours précédent, Madame, j'en aurais besoin pour ma dissertation. Par exemple, les documents que vous avez sur la légende, enfin je veux dire sur l'histoire d'une femme de notre région qui a été tuée de façon discriminatoire.

Ouf j'ai lâché tout ça sans respirer, et elle me regarde l'air sceptique.

- Mademoiselle Delagrange qui sort de ses éternelles rêveries en voilà une surprise ! Je dois avoir cela chez moi, en effet je peux te les amener demain et...

- En fait j'aimerais les avoir aujourd'hui, enfin sans vouloir faire preuve d'insolence ou de vous manquer de respect Madame.

- Et bien, de plus en plus étonnant ! Je vais vois ce que je peux faire, mais en attendant file à ton cours de géographie, qui sait, il t'inspirera peut-être aussi.

Je hoche la tête et me retourne vers la porte.

- Attends ! Tiens présente ceci à Monsieur Cavalo, il serait dommage d'avoir un raté en géographie en sachant que tu essaies de briller en histoire. Me dit-elle en remontant ses lunettes sur son nez.

Wow cette Dame est vraiment spéciale, je la remercie et file tout droit en cours.

...

Pendant le cours, je réfléchis à ce que j'ai déjà appris, et j'énumère ce que je sais déjà.

Je pense que le déclencheur de tout ça est Mattys, c'est certain. Il est au courant de quelque chose, ainsi que Anna et Stan ils sont forcément liés à tout ça ! Maman et papa aussi sont dans la combine ; leurs phrases et leurs sous-entendus me paraissent étranges. Me protéger ? Mais de qui ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire de jeux d'échecs ? Me souvenir ? Mais de quoi ? Qui ont-ils recueilli ?

Je mâchouille mon crayon quand je croise le regard de Stan, lui d'habitude très puéril en cours, ne bronche pas, il est inquiet, ça se voit. Mais pourquoi, que craignent-ils tous ? Alors j'observe les deux autres, et analyse leur comportement. Anna fixe le tableau, sa mâchoire est contractée, elle est nerveuse et en colère. A bien y regarder elle fixe Mattys et non le tableau avec des éclairs dans les yeux, elle est furieuse après lui, pourquoi ?

Les âmes éternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant