La porteuse de lumière -5-

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- Où étais-tu ? L'école a téléphoné tu n'y étais pas, tout le monde t'a cherché, on a tous essayé de t'appeler sur ton téléphone et tu n'as même pas daigné répondre. Bon sang Gabrielle te rends-tu compte de la frayeur que tu viens de nous causer.

Elle vient de finir sa phrase en reprenant sa respiration, déchainée et presque enragée elle ne m'a même pas laissé placer un mot, rien qui puisse me justifier. Elle a fait semblant de rien hier et elle continue dans son mutisme, je suis révoltée. Elle prend le téléphone de façon posée, le contraste avec son visage ravagé par l'inquiétude est frappant.

- Thomas, elle est rentrée, oui tout va bien. Ok je t'attends.

- Il ne fallait pas faire tout un plat de ça, lui dis-je en essayant de contenir les émotions qui m'envahissaient.

- Pardon ? Dit-elle choquée, tu penses qu'il ne fallait pas s'inquiéter, avec ce qui s'est passé h....

Elle arrête sa phrase, je prie pour qu'elle continue, mais non elle préfère se taire. Et là j'explose.

- Comment veux-tu que j'agisse de manière normale, je veux dire, hier je ne touchais plus le sol et toi tu agis comme si rien n'était réellement arrivé. Comment veux-tu que je me sente ? Comment je dois faire si même toi qui assiste à ça, ne considère pas cela de manière très importante ? Et dans un murmure j'achève, mais plus pour moi-même, je sens que c'est important.

Elle me considère de manière plus tendre mais aussi avec méfiance, mais papa arrive dans la pièce au même moment, en un regard elle lui fait comprendre que ce n'est pas maintenant qu'il doit intervenir, et comme d'habitude papa rentre dans sa coquille.

- Ecoute Gabe, je vais trouver une solution mais tu n'es pas en mesure de comprendre tout ce que cela implique maintenant. Il va te falloir du temps et moi je ne peux pas intervenir, pas maintenant. Ce qui arrive n'est, je le sais, pas sans conséquence mais il va falloir faire preuve de patience et de beaucoup de courage.

- Mais... Je cherche à intervenir mais elle ne m'en laisse pas la possibilité.

- Non ! Stop, tout viendra en temps et en heure.

Je monte dans la chambre, tellement en colère que j'en pleure, je sens de l'électricité dans l'air. C'est puissant, ça me picote l'échine. Plus je m'énerve et plus la tension ambiante est intense, les cadres dans la cage d'escalier bougent, la porte de ma chambre s'ouvre, dans un énorme vacarme et une fois dans ma chambre j'explose. Tout tourne, pas ma tête, non, les objets, les meubles, ils virevoltent autour de moi et je ne contrôle rien. Maman arrive avec fracas dans la chambre, elle appelle mon père au secours.

- Bon Sang Vivianne, il faut arrêter tout ça, elle ne gère rien du tout, on le savait que cela pouvait arriver, quand tu l'as recueillie tu te doutais bien que tout ça pouvait se produire et...

- Thomas veux-tu te taire Dieu du ciel ?

Dans un murmure j'entends maman réciter une sorte de poème, les mots sortent vite mais ils sont clairs, je ne sais pas quelle langue elle parle mais je comprends tout. Chaque mot, chaque syllabe prononcés font écho en moi et je sais que je les connais. Petit à petit, les meubles se posent, les objets reprennent leur place initiale et je tombe à genoux, épouvantée par ce qu'il m'arrive. Le poème, elle le continue, longtemps, jusqu'à ce que mes larmes se tarissent.

Puis lentement et avec précaution, elle s'approche de moi, debout derrière moi, elle pose ses mains sur mes épaules, elle continue de réciter ces mots avec un air plus chanté. La mélodie est tendre.

-Souviens-toi de toi, souviens-toi de la lumière, puise la au fond de ton cœur, trouve la paix intérieure, elle est la clé de ta liberté.

Et sans arrêt presque indéfiniment elle continue, pour finir dans un murmure.

Les âmes éternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant