Le chainon manquant - 9 -

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Lorsque je reprends mes esprits, j'ai devant moi le ciel, d'un bleu profond, comme lorsque nous sommes arrivé sur le parvis de l'église. Habitée de plus de force et de courage que je n'en ai jamais eu, je me relève. A mes pieds gît le corps de ma mère, elle a l'air paisible. Un sourire orne ses lèvres, le dernier que je verrai. Maman, Vivianne Lucceo a perdu la vie aujourd'hui. Je porte la main sur mon médaillon et ensuite sur mon cœur, la gardant là au chaud dans ce qui sera pour toujours son tombeau . Un dernier regard vers le ciel avant de voir ce qui se passe autour de moi.

Toujours en cercle, avec nous deux au centre, l'un en face de l'autre. Sauf que les places ont changé. Qu'est qui a bien pu se passer, pour que mon clan se retrouve derrière Mattys ? Inquiète, je regarde derrière moi, ça confirme bien mes craintes, les Venifici sont dans mon dos. Nous ressemblons étrangement au Ying et au Yang. C'est une idée absurde, mais c'est finalement ce que nous représentons.

Je regarde Anna pour lui demander de quoi il en retourne mais je fais face à leur chagrin, et ça me percute fort, tellement fort que je suis noyée par la peine. Comme je l'avais deviné, Anna n'a qu'une seule larme sur sa joue. Stan pleure à gros sanglots et mon père, agenouillé près du corps de maman, est dévasté par la tristesse. Devant moi se tient Mattys son regard hargneux rempli de pleure me fait comprendre qu'il est révolté. Je l'aurais pensé stoïque, indifférent à ce qui vient de se passer mais pas en larmes.

- Tout ça c'est de ta faute Gabrielle ! Me crache-t-il.

- De ma faute ? Tu es le seul responsable de tes choix Mattys. Maintenant cessons de parler et finissons-en.

Je suis faible, triste et en colère. Avec la douleur que je ressens je n'ai plus force de concentrer mes ondes de pouvoir. Mon cœur est en peine, comment pourrait-il se remettre aussi vite ? Je ne veux plus penser à ça maintenant, et maman n'aurait pas voulu que tout s'arrête, elle a sacrifié sa vie pour la mienne ! À moi de faire un cadeau à son fils. Je la pleurerai tout à l'heure loin des regards de mes amis, loin des regards de joies de mes ennemis. Ecartant mes jambes, mes pieds bien ancrés dans le sol, je regarde vers le soleil, tel un tournesol qui s'oriente vers le soleil. Je relève mes bras vers le haut en joignant mes mains l'une à l'autre et de toutes mes forces je projette la seule et unique onde de choc qu'il me reste, l'espoir.

- Non maman, je ne pouvais pas le garder pour moi, lui aussi en avait besoin.

C'est un peu au ralenti que je vois la scène, l'onde blanche aux reflets bleus, que le commun des mortels ne peut voir, se dirige droit sur le jeune garçon aux yeux orageux. Une myriade de sentiment se mélange en moi : la peur, la jubilation de son échec, mais le plus puissant l'amour que je lui porte. J'aurais pu viser la tête, Alexander m'a bien enseigné que lorsque nous coupons toutes communications avec le chakra couronne, tous les autres flux énergétique sont coupés, un peu comme une fiche électrique que l'on débrancherait. Mais au dernier moment je me ravise.

- On se moque de qui gagnera Mattys, qu'importe si le choix viendra de toi ou de moi, je ne t'anéantis pas ! S'il y a bien une chose, que Vivianne m'a enseignée c'est de toujours espérer quoi qu'il advienne, quoi qu'il en coûte.

C'est d'un simple geste de la tête que j'oriente mon onde d'espoir et l'envoi dans ma cible, le cœur de mon bien-aimé. Avec l'espoir qu'un jour il me revienne.

Tombant à genoux, se tenant le cœur, je comprends que j'ai réussi. Le cercle se disperse, les venefici le laissent sur place, gisant dans ses larmes. Un seul reste, ma mère biologique. Lili-Beth. Une main posée sur son épaule, elle vrille son regard au mien. Une étincelle de fierté jaillit de son regard caramel mais elle est vite anéantie par une pupille noir qui se dilate.

Je ne l'ai pas ramené, c'est certain, mais j'ai affaibli ses convictions. La brèche dans sa poitrine suffira à le maintenir dans un état inconstant face à ses choix. Maintenant il faut penser au reste du monde. Maintenant ma priorité est de rassembler les autres chakras. Le chainon manquant, on s'en occupera plus tard. Mon choix est arrêté, je le choisis lui mais aussi ma mission. Je choisis de faire avec raison et sentiment.

Je lui lance un dernier regard avant de rejoindre les autres. Eux aussi auront besoin de soutien et d'amour pour traverser les tristes jours à venir. Ils me soutiendront et j'en ferai de même. Ils sont ma famille.

Nos regards se captent, les mots qu'ils ne crient pas s'y lisent parfaitement. Même si on ne le s'est jamais réellement dit, c'est en murmurant "moi aussi Je t'aime" que je m'en vais.

...

Je suis debout face à la Méditerranée, j'ai mon mp3 dans les oreilles et j'écoute une musique traditionnelle de notre belle région Salento. La chanteuse, Zimbaria, a la voix rocailleuse et tendre  me donne la chair de poule.

Je regarde cet mer limpide, les bras croisés pour me sentir protégé. Car les bras qui le faisait ne sont plus. Je pense à tout ce qu'il vient de nous arriver, je suis anéantie et perdue. Je ne sais si c'est parce que je perd complètement la raison, mais je suis emportée par la musique, je laisse allée ma peine au rythme endiablé de cette mélodie. Mes bras se lève de manière douce et légère et je sautille en faisant de petit pas. J'exulte ma tristesse et mon angoisse de me retrouvée seule. Oui seule, orpheline de mère et délaissée par un amour qui n'avait même pas commencé.  Sur cette plage je peux exprimer ma rage, ma colère. Alors je danse, je saute, je secoue mes bras, mes jambes.

L'écharpe que j'avais au cou devient le prolongement de mon corps et je la laisse me guider avec le vent. Je virevolte et tournoie avec elle, m'emportant dans son univers. La chanteuse se met soudain à chanter plus fort et plus vite, je tombe sur les genoux et je frappe le sol de mes poings avec véhémence en me redressant je continue d'évacuer la colère qui me domine tout en chassant, avec l'écharpe, les idées noires qui me traversent la tête.

Je continue car je refuse de voir la vérité, je refuse d'assumer ce qu'il vient de se passer, pourtant épuisée par cette danse entêtante je m'effondre sur le sol et tout me revient en plaine face. Je crie hurle, je suis en larmes quand les images défilent devant mes yeux. C'est trop tard. J'ai tout perdu. Le monde est perdu.

Peut-être que... je ne sais pas.

Et puis,

mes doigts se referme sur le sable, je me relève.




Voilà la fin de la troisième et dernière partie. Qu'en pensez vous? L'épilogue arrive, pas ce soir mais il vient, il est prêt et tout et tout. Je vous conseille, si vous y arrivez d'écouter la musique pour la dernière partie de ce chapitre, celle après les trois petits points.

Voilà, voilà, vos avis, vos ressentis et surtout aimé, adoré, détesté ???

Je veux tous savoir :D

A bientôt 

Les âmes éternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant