Le combat commence légèrement, la propagation de mon onde n'a fait que reculer les vinefici, lui est resté à sa place au centre du cercle avec moi. Les yeux clos, j'essaie de visualiser ce qui m'entoure afin d'en prendre l'avantage. Mais je sais que lui contrôle déjà mes émotions, je le sens s'insinuer dans mon être, il m'attaque de l'intérieur. Comme lors de notre baiser dans la cuisine, il lui avait fallu un contact pour y parvenir. Aujourd'hui il est encore plus fort, il y arrive à distance. L'onde jaune tachetée de noir, pénètre en moi de façon doucereuse. Elle n'est pas agressive, non. C'est tendre, confiant et rassurant. Je sais que ce n'est qu'un piège pour atteindre la source de mon pouvoir, mon cœur. Alors c'est férocement que je la repousse. Il est trop tard pour l'attaquer de front il faut que je le sorte de mon corps pour pouvoir l'affaiblir. Mais comment ?
Je n'ai appris qu'une seule façon de combattre en visualisant les choses ou les êtres qui m'entourent. Comment faire quand cela se passe dedans ? Je me sens enchainée et l'envie de me libérer grandit. Cette sensation distinctive le long de ma colonne vertébrale me fait réagir. Je sens que je suis sur le point de trouver la solution. Et comme s'il savait, il m'interrompt dans le cheminement de mon idée.
-Gabe arrêtes-toi. Ne me fais pas en arriver là.
Je ne comprends pas ce qu'il veut dire mais peu importe, je continue à réfléchir. "Résumons Gabe", me dis-je. Mon pouvoir vient du cœur, ma force grandit en son sein, Je devrais pouvoir réussir à matérialiser mon essence énergique à l'extérieur ? Si je parviens à sortir tout mon pouvoir alors peut-être que je pourrais capturer le sien. Et donc contenir sa force chakraique dans mon cœur pendant que je manipulerais la mienne de l'extérieur ?
- Non ne fais pas ça ! L'exposer causerait ta perte.
- Ma perte ?
Je crie, sans me rendre compte que je ne réponds à personne. Il n'a pas dit un mot en réalité, c'est quand j'ouvre les yeux et que je l'observe, les sourcils froncés, la mine concentrée que je comprends. Il me parle avec son âme, son âme qui est à l'intérieur de mon corps, ce n'est pas lui qui alimente la conversation, mais son aura, son être spirituel.
Son essence est aux portes de mon être, j'arrive à extirper la mienne et j'ouvre les yeux, la masse nuageuse verte est au centre du cercle. Matthys m'observe les frissons qui parcourt mon corps m'indique que lui aussi est sorti de son assiégement. Je me sens vide, c'est le néant à l'intérieur de moi.
Nos sources vitales sont au-dessus de nos têtes. Elles s'en mêlent et se séparent dans un ballet incessant de tourbillon et d'éclair. Chaque fois qu'elles s'entrechoquent, l'énergie qui les gouverne explose en un millier de petites étincelles.
J'ai l'avantage, l'émeraude de mon coeur enrobe le jaune terne de Matthys. Je reste confiante je sais que je peux gagner la partie. Quand subitement, des ombres se matérialisent derrière moi et je constate avec effroi que le pacte n'est pas respecté les Venifici se retrouvent en face de mes amis, ma famille. Ils sont prêts à en découdre et j'ai peur, une peur tellement glaçante que mon aura verte perd de sa vigueur, de sa force. J'essaie de la faire revenir en moi mais la trouille que j'ai ressentie ma fait perdre tous mes moyens. Dans un dernier effort je l'emprisonne dans mon coeur et vérifie que tout est en place.
Il est trop tard quand je me mets en état de transcendance. Je la vois cette ombre jaune ramper, lécher tels des milliers de langues mon cœur qui scintille de vert. Il est aux portes de mon pouvoir, il ne reste qu'une infime lueur verte quand je veux réagir, mais soudain c'est le noir.
...
Au loin j'entends Stan hurler de chagrin, j'imagine Anna verser la seule et unique larme qu'elle pourra se permettre. Mes parents ? Tant d'espoir dans une si petite fille réduit à néant.
Affaiblie, je sens le sol froid pénétrer la chair de mon dos. Le froid de la défaite et de la peine. Comment sauver le monde quand je ne suis pas capable de ramener une seule personne à la raison. Je me sens vide, perdue, sans une once d'espoir en moi. Ils ont gagné !
- Gabe, ma petite lumière ?
Ho maman, cela faisait si longtemps que je ne l'avais plus entendue me parler si tendrement.
- Ouvre les yeux trésor, n'aie pas peur.
C'est rassurée et confiante, en me disant que tout cela n'était qu'un cauchemar, que j'ouvre les yeux. Ce que je vois, me déchire en deux. Ca fait mal, tant de dévotion dans son regard, tant de courage. Ses yeux sont comparables à un livre ouvert où se lit le panel de ses émotions.
Ma douce mère, qui ne l'était pas réellement se tient debout devant moi tenant dans ses mains en coupe, mon cœur.
- Relèves-toi, ce n'est qu'une écorchure ma chérie, tout ira bien.
Difficilement en ne la quittant pas du regard, je me mets sur les pieds, je veux m'approcher d'elle, mais d'un geste elle me stoppe.
- Non ma chérie reste là, ou ce que je viens de faire aura été vainc.
Etonnée, je regarde autour de moi. Il n'y a plus personne, juste elle et moi. Il fait clair et lumineux, mais il n'y a pas de couleur. Tout est blanc.
- Où sommes-nous ?
Elle me sourit.
- A l'intérieur de ton âme mon trésor. Il le fallait.
Ce n'est pas un cauchemar ! C'est réel. Ca me revient, maman si forte, si maternelle et si protectrice. Voilà d'où venaient son air et son humeur irascibles de ces derniers jours. La concentration. Finalement, elle n'était pas contre moi mais avec moi. Une conversation sur son pouvoir que nous devions avoir me revient en mémoire.
- Tes pouvoirs ? Je lui demande.
- Oui, me dit-elle en souriant gênée, il n'y a pas que mon idiot de fils qui soit au courant de certaines choses. D'après toi, de qui tient-il sa stupide curiosité.
Elle essaie d'être drôle, comme dans mes souvenirs.
- Que viens-tu de faire concrètement ?
- J'ai projeté mon âme dans la tienne. J'ai exercé l'union. Les chakras secondaires ne le gèrent pas aussi facilement que vous, les sept, mais avec de l'exercice et de la concentration nous y parvenons. Mais au contraire de vous, cela a un prix.
- Tu veux dire que...
- Oui ma tendre Gabrielle. Je ne suis plus ou du moins, je ne pourrais plus retourner dans mon corps. Ma mission est accomplie.
Elle baisse ses jolis yeux pour cacher sa tristesse et reprend :
- Il faut te dépêcher, Je ne vais pas pouvoir habiter ta chaire encore longtemps. Au moment où son pouvoir a touché le tient je l'ai senti. La connexion mère-fils, je suppose. J'ai donc projeté mon âme dans ton cœur plus précisément. Et elle vient de prendre les coups.
- Maman, je... je t'aime... et...
Je ne pouvais rien dire d'autre. Comment dire au revoir à la femme qui nous a aimés, qui a pris soin de nous tout au long de notre vie. Comment faire lorsque l'on sait que ses phrases prononcées seront les dernières. Je n'imagine pas un monde sans elle. Sans cette main tendue, sans son amour si entier. Mes reniflements perturbent le calme de l'endroit où transitent nos âmes. J'ai peur, que vais-je faire sans elle. Et tout ce que je peux exprimer c'est un "je t'aime. Mais la mère aimante qu'elle est, sait.
- Chut ma chérie, je t'aime aussi, comme si j'avais été ta propre mère. Je suis fière de qui tu es et de qui tu deviendras. Garde une parcelle de moi en toi. Garde en toi mon pouvoir, l'espoir. Je t'en fais cadeau, là où je vais, je n'en ai plus vraiment besoin.
Peu importe le fait qu'elle venait de me mettre en garde quelques instants plutôt, c'est anéantie que je me jette dans ses bras. Et dans un murmure affectueux elle ajoute :
- n'oublie pas ma petite lumière, souviens-toi de toi...
VOUS LISEZ
Les âmes éternelles
Storie d'amoreLorsque Gabrielle croise Mathys pour la première fois, elle est troublée mais pas seulement. Elle à se sentiment étrange de déjà vu. Mathys entre dans sa vie et chamboule tout ses repères. Quand il lui avouera la sombre vérité Gabrielle devra choi...