Durant les jours qui suivirent la nouvelle initiative du commandante, Sombra convint avec Zorro de rondes nocturnes. Tous les soirs, ils se retrouvèrent au crépuscule dans un lieu dont ils avaient convenu le rendez-vous la veille, rendant leurs lieux de rencontres toujours différents, impossible à prévoir pour qui ne les aurait pas entendus. Ils étaient bien décidés à stopper tous les vols qui sévissaient. Il sembla, après avoir mis fin à l'activité de quelques groupes de voleurs, que leur travail d'équipe portait ses fruits. On les aperçut quelques fois, deux ombres dans la nuit, et on en parla souvent. Leurs rondes nocturnes se finissaient souvent tard dans la nuit, si bien qu'au matin, Amara était souvent plus fatiguée que de raison; elle dut continuer à faire croire à ses parents que sa santé fragile lui prenait toute son énergie. Ses balades se firent encore plus nombreuses, souvent ponctuées de visites de don Diego.
Entre ses rencontres, charmantes, avec Diego, et ses aventures nocturnes grisantes avec Zorro, Amara ne savait plus où donner de la tête. Elle avait l'impression qu'elle s'était fourrée dans une affaire beaucoup trop importante pour elle, et c'était cette impression qui lui donnait envie de continuer: elle sentait que sa présence comptait.
La nouvelle de l'arrivée des Espagnols vint deux semaines après la soirée donnée par don Alejandro durant laquelle le commandante avait « rassemblé ses troupes ». Durant ce laps de temps, tous les haciendados de la région mirent à profit leur autorité et leurs relations pour rendre Los Angeles le plus calme et ordonné possible. Tout cela se fit dans le secret le plus total, si bien que tout le pueblo crut à un excès de zel qui était d'autant plus énervant qu'il semblait apporter de réels résultats. La surveillance, militaire et civile, s'étant faite plus rapprochée, l'on n'entendit plus parler du moindre vol. Les haciendados tenaient leur maisonnée d'une main de fer, les militaires faisaient des rondes avec une ardeur renforcée, et l'on sentait partout qu'il n'y avait pas pire moment pour commettre le moindre crime.
Tout cela dura deux semaines, puis fut troublé par la nouvelle portée par un messager de Boston qu'un bateau avait accosté avec à son bord quelques nobles familles espagnoles qui arriveraient bientôt à Los Angeles et qui auraient besoin, pour quelques semaines du moins, le temps d'acquérir une hacienda, de profiter de l'hospitalité californienne des haciendado californiens. On en attendait quatre familles d'ici à quelques jours.
La nouvelle fit l'effet d'un enterrement à Los Angeles. Les haciendados furent tous absents pendant une bonne journée, et les peònes qui passaient par Los Angeles trouvèrent le pueblo particulièrement calme. On n'entendait plus le moindre bruit venir d'autres castes que la leur. Quelques familles avaient reçu, par le même messager, des missives destinées à elles seules. Ce fut donc avec surprise que le commandante vit se diriger vers la caserne, à peu près au crépuscule, quatre familles au complet: les De la Vega, les Hernandez, les Torres, et les Verdana.
La place du village était presque vide, mais les quelques passants encore présents auraient pu croire à une attaque. Les Californiens réunis devant la lourde porte avaient sur le visage une expression de telle fureur qu'on pouvait presque la sentir émaner d'eux. Lorsque le commandante fut prévenu par le garde en faction et qu'il sortit pour faire leur faire face, on put voir une expression de surprise totale sur son visage.
Don Alejandro avança alors d'un pas, se détachant du groupe, et tendit au commandante une lettre qu'il avait visiblement froissée, de rage, après l'avoir lue. La lettre avait été lissée par la suite, probablement par Diego, pour qu'elle soit lisible à nouveau, et le commandante la parcourut des yeux avec un air de dégoût et de surprise mêlés. A la fin de sa lecture, il resta quelques secondes le visage penché vers la lettre dont il ne lisait plus les mots, perdu dans ses pensées.
- Sous ordre du roi... murmurait-il. Señores, entrez donc.
Un grommellement monta de la foule lorsque le commandante leur répondit cela et il leva le regard, surpris. Puis, remarquant que les "señores" n'étaient pas venus seuls, il se corrigea:

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Sombra
FanfictionLorsque'Amara Verdana revient en Californie après cinq ans d'absence, elle n'est plus la jeune fille éprise de musique et de poésie que connaissaient ses parents. Sa fougue naturelle l'a menée à apprendre le maniement des armes, et les nouvelles ven...