Lorsqu'ils arrivèrent à Los Angeles, Amara avait le corps tellement douloureux qu'elle se demandait par quelle magie elle tenait encore debout. Elle avait l'habitude de monter à cheval, mais pas autant longtemps, et surtout pas deux fois de suite. Ses fesses l'empêchaient de marcher correctement et le bas de son dos lui donnait l'impression d'avoir cent ans.
La pluie avait donné à ses cheveux un aspect hirsute et sa démarche était celle d'une idiote, mais rien de tout cela n'arrivait à estomper la beauté qui émanait d'elle ; elle avait l'aura d'une femme tellement heureuse et saine que rien n'aurait su la faire paraître moins magnifique.
La première chose qu'ils remarquèrent fut le changement qui s'était opéré au pueblo.
Environ cinq hommes se tenaient devant l'entrée de l'auberge et discutaient. On les voyait agiter vaguement la main en direction de peones qui semblaient baisser la tête comme devant leur maître. Ils avaient un air supérieur sur le visage, souriaient du même sourire que ceux qui pensent avoir un quelconque droit sur le monde, et semblaient effectivement avoir quelque droit sur Los Angeles; même les soldats les saluaient avec respect. Ce salut, remarqua Amara, était cependant quelque peu figé, comme le salut qu'adressent les lieutenants à un capitaine dont ils n'apprécient pas les méthodes.
Plusieurs femmes avaient envahi le bon vieux marché du pueblo et semblaient avoir changé l'endroit à leur convenance; on voyait plusieurs femmes pauvres nettoyer l'endroit, et la plupart des échoppes étaient maintenant différentes.
Les Espagnols avaient envahi la plaza. Amara fronça les sourcils et échangea avec Diego un regard entendu.
Soudain, Adella apparut devant eux, un sourire plein d'espoir sur son visage. Elle porta une main à son coeur.
- Diego! Vous êtes enfin de retour!
- En effet, señorita, répondit placidement Diego.
- Vous avez veillé sur mon collier au péril de votre vie? demanda-t-elle d'un ton particulièrement fort, qui fit hausser les sourcils à Amara.
- Il semblerait que oui, déclara Diego avec un sourire malicieux.
Adella resta figée dans son sourire, qui semblait tellement faux qu'il en devenait ridicule. Diego descendit de cheval, porta la main à la pochette qui contenait le bijou et le tendit à Adella qui tendit également sa main, d'un geste particulièrement contracté. Son sourire figé n'avait pas disparu, et ses yeux étaient étrangement immobiles.
- Oh... quelle... merveilleuse surprise... Merci.
Adella se retourna et disparut dans la foule, rejoignant sûrement sa mère. Amara la perdit de vue et lança un regard à Diego. Elle descendit de cheval, étouffa un grognement, et s'approcha de lui.
- Tu penses que c'était son but? qu'on se le fasse voler, je veux dire.
- Oui, c'est certain. Mais je ne comprends pas: si je l'avais perdu, elle m'a bien assuré qu'elle m'en aurait voulu à tout jamais. Or... Non, ça ne fait aucun sens!
Amara hocha négativement la tête. Elle non plus n'y comprenait rien. Elle lança un regard qui engloba la foule alentours. Los Angeles n'était plus le havre tranquille qu'elle avait connu. Les Espagnols y imposaient leur propre autorité. Elle détestait ça.
- Don Diego! Señorita Verdana! s'exclama le sergent Garcia en s'approchant d'eux.
Pour une fois, il avait de nouveau un magnifique sourire sur son visage et son uniforme semblait avoir repris sa forme habituelle, signe que son estomac s'était vengé du dur régime imposé par le commandante Licerio. Et avait demandé des intérêts. Amara lui sourit.

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Sombra
FanfictionLorsque'Amara Verdana revient en Californie après cinq ans d'absence, elle n'est plus la jeune fille éprise de musique et de poésie que connaissaient ses parents. Sa fougue naturelle l'a menée à apprendre le maniement des armes, et les nouvelles ven...