Le lendemain matin, Amara s'était habillée richement, espérant de tout coeur que la beauté de son habit serait honorée par le nouveau commandante et qu'elle honorerait celui-ci par sa tenue dans le même temps. Elle l'imaginait déjà débordant de justice, d'équité, d'autorité, de force d'esprit... Elle voyait le village prospérer en toute harmonie... Sa mère lui avait passé autour du cou le collier de sa propre grand-mère, une magnifique opale sertie de minuscules diamants, qu'elle avait amené avec elle en venant d'Espagne. Elle attendait dans le patio que les De la Vega arrivent. Sa mère la rejoignit.
- Amara, j'ai bien réfléchi. Si tu ne désires pas épouser don Diego - bien qu'il s'agisse du plus beau parti de la région, qu'il te témoigne un intérêt certain et que vous jouiez tous deux à un jeu qui ne m'a pas échappé, j'espère qu'au moins tu sauras être aimable avec lui. Songe à ce que ça représenterait pour ton père que d'avoir le soutien des De la Vega!
Amara resta silencieuse un moment, puis hocha la tête. Elle se disait que si elle cessait de faire attention aux séductions du caballero, elle saurait certainement prendre plaisir à rivaliser d'esprit avec lui. Elle sourit à sa mère et lui prit les mains pour l'assurer de sa décision quand on frappa à la porte. Don Eduardo sortit en trombe.
- Ce sont eux! Parfaitement à l'heure. Vous êtes prêtes? demanda-t-il aux deux femmes avant de leur accorder un regard, ayant déjà ouvert la porte pour permettre aux De la Vega d'entrer.
Amara était magnifique, tous le remarquèrent immédiatement. On avait, en la voyant, l'impression de la voir sortir d'un temple. Il régnait autour d'elle une aura de sérénité et de fougue mélangées. Elle sourit aux deux hommes qui venaient d'entrer tandis qu'Amelia, ravie de l'effet que produisait sa fille, les saluait proprement. Don Diego s'avança vers Amara et lui tendit son bras, bras qu'elle prit avec élégance, sachant qu'apparaître aux bras de Diego De la Vega ferait sensation au pueblo - peut-être même qu'Alvaro la remarquerait et se déciderait à prendre les choses en main...
A peine cette pensée se fut-elle formulée dans sa tête qu'Amara la rejeta. Cette journée n'était pas à propos de don Alvaro. Ni de don Diego, par ailleurs. Elle salua don Alejandro puis tous les cinq se séparèrent; doña Amelia monta avec sa fille et Diego dans une des carrioles tandis que les deux haciendados se partageaient l'autre, conduite par Bernardo. Diego, qui avait pris les rennes, se sépara avec regret du bras d'Amara, qui se sentit étrangement légère. La conversation fut plutôt plaisante et le trajet étonnamment court, ce qui déçut tout autant Amara que Diego. La jeune fille s'était rendu compte qu'en laissant les choses se faire, Diego était d'une compagnie extrêmement agréable. Bien que toujours charmeur, il semblait plus désintéressé et faisait preuves de traits d'esprits si fins qu'Amara apprécia chaque minute du voyage.
Le problème n'avait jamais été don Diego, don Diego et son charme à toute épreuve, mais Amara, Amara et sa certitude qu'il faisait preuve du même charme envers toutes les femmes. Même s'il le faisait, quelle était l'importance? Elle acceptait désormais de passer un moment agréable à ses côtés, sachant que ses parents ne lui mettraient sûrement plus la pression. Avec un peu de chance, tout s'était résolu en un seul matin...
Le pueblo était bondé. On avait laissé le passage libre pour le commandante et ses hommes. La rumeur des conversations enflait à mesure qu'ils s'approchaient. Ils trouvèrent une place non loin de l'entrée de la caserne et décidèrent de rester dans les carrioles pour accueillir leur nouvel espoir.
- Cela marquera peut-être la fin de Zorro, murmura don Diego.
- Oh, j'en doute! s'exclama Amara, rendue joyeuse par la foule qui attendait avec tant d'espoir. Vous connaissez l'histoire de l'armistice, je suppose. J'ai l'impression que c'est ce genre de décision qui est au coeur de qui Zorro est. Renoncer à vivre une vie heureuse pour continuer à répandre la justice et la sécurité... Le commandante pourrait bien être son allié, s'il est un homme juste. Mais Zorro, disparaître? J'en doute.

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Sombra
FanficLorsque'Amara Verdana revient en Californie après cinq ans d'absence, elle n'est plus la jeune fille éprise de musique et de poésie que connaissaient ses parents. Sa fougue naturelle l'a menée à apprendre le maniement des armes, et les nouvelles ven...