Chapitre 7

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- Mais tous ces vols, enfin, si Zorro était là, alors jamais ils n'oseraient ! s'exclama doña Amelia.

- Mais c'est bien là le coeur du problème! s'exclama don Eduardo. Nous avons tous tellement pris l'habitude de voir Zorro venir nous sauver à chaque injustice que nous avons perdu l'essentiel réflexe de nous lever face à ces injustices, d'être des hommes. Je ne parle évidemment pas pour vous, don Alejandro; il est de notoriété publique que vous avez toujours su vous dresser face aux tyrans, et vous êtes un modèle pour nous tous. Mais Zorro est dans toutes nos consciences, dès qu'un problème se pose. Il nous semble inconcevable que quoi que ce soit puisse arriver de mal, sans que Zorro n'arrive pour redresser ce tort.

Un silence s'ensuivit tandis que tous les invités réfléchissaient à ce qui venait d'être dit. La tablée des De la Vega fut ainsi plongés dans ses pensées pendant quelques secondes, les reliefs du repas répandant leur odeur dans toute l'hacienda.

- Peut-être, osa alors dire Amara, que c'est exactement ce que veut nous enseigner Zorro. Peut-être considère-t-il que s'il est le seul à mener le combat, alors ça ne mène à rien. Ce serait faire preuve d'une immense sagesse que d'essayer d'ouvrir les yeux de tous ces gens qui considèrent qu'ils n'ont plus à se battre pour la simple raison que ce combat sera sûrement mené par Zorro. Essayer de réhabituer les hommes (elle se retint d'ajouter "et les femmes") à être des hommes. Zorro n'est pas la solution à tous nos problèmes; il est une aide qui s'est révélée incroyable - peut-être trop, devenant essentielle parce qu'elle était tellement utile...

Amara avait dévoilé ses pensées sans forcément faire attention au fait que tous les regards s'étaient tournés vers elle et la fixaient en silence. Don Diego, à ses côtés, la fixait, une lueur impressionnée dans son regard. Il semblait être à la fois suspendu aux lèvres d'Amara et complètement perdu dans ses propres pensées - comme si les deux ne faisaient au final qu'un. Il s'était légèrement tourné dans sa direction, le coude nonchalamment posé sur la table, et il pressait son pouce contre ses doigts, comme si ce mouvement pouvait l'aider à réfléchir.

Don Eduardo avait un regard fier et se tenait bien droit. A ses côtés, doña Amelia semblait interloquée - elle n'avait sans doute jamais entendu parler ainsi sa fille. Ce fut don Alejandro qui brisa le silence en se levant, son verre à la main. Il posa deux doigts sur le rebord de la table et se pencha légèrement en avant, en direction d'Amara.

- Je propose de lever un toast à toute cette sagesse dont a fait preuve votre fille, señor Eduardo.

Il regardait Amara en prononçant le nom de son père. Celui-ci se leva également.

- J'ai envoyé une enfant en Espagne, et on me ramène une femme accomplie... Je n'aurais jamais pensé que je pourrais un jour être autant fier de ma fille.

Ils burent tous une gorgée du délicieux vin de don Alejandro. Amara, à la fois embarrassée et fière d'elle, remarqua alors que don Diego n'avait rien dit, pour la première fois depuis le début du repas. Il semblait maintenant pensif et échangeait des regards éloquents avec son père. Il semblait également ému, ce qui surprit Amara.

Ils étaient au beau milieu du repas, dans la magnifique hacienda des De la Vega. La soirée s'étaient admirablement déroulée. On avait discuté du commandante, de l'huile d'olive, de Rosemarie, la fille de don Miguel, qui s'était fiancée, pour la seconde fois maintenant, et enfin, du délicieux vin de don Alejandro. L'ambiance était maintenant détendue, comme entre des amis de longue date. Amara et Diego s'entendaient merveilleusement bien, et Amara regretta d'avoir été si froide et sèche avec lui les jours précédents.

La conversation avait fini par dévier sur les serviteurs qui s'étaient enfui en volant plusieurs objets de valeur aux Verdana - Ricardo et Paulo. Les De la Vega avaient également essuyé une telle déception. L'on savait qu'alentours, quelques autres serviteurs avaient également mystérieusement disparu.

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