19. France-Uruguay

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Je rentre dans ma chambre super énervé. Je lâche plein d'injures, je crie, je me défoule sur mon oreiller. Kylian me regarde amusé. Personellement je ne vois pas ce qu'il y a de drôle mais je n'ai pas le temps de lui faire remarquer car quelqu'un toque à la porte. Je regarde Kylian et lui dit:

— Je te préviens que si c'est elle, je lui saute dessus et je l'étripe.

— Alors il vaut mieux que j'ouvre en premier, me repond-t-il en rigolant.

Il part ouvrir et revient dans la chambre suivi de mon grand frère.

— Bon bah je vais vous laisser. Je repasse tout à l'heure ma Lélé.

Il me fait un bisou sur la joue et sort. Je suis assise sur mon lit, Paul vient me rejoindre. Un blanc s'installe; je n'ose pas parler et j'attends qu'il prenne la parole ce qu'il ne tarde à pas à faire.

— Qu'est-ce qu'il y a Léana? Tu sais que tu peux tout me dire. Ça ne semble pas te faire plaisir que Naomy reste.

— Ah non c'est le moins qu'on puisse dire!

— Mais pourquoi? Le jour de ton anniversaire tu lui as sauté dans les bras et là, du jour au lendemain, tu ne veux plus la voir.

— C'est avec qu'elle qu'il m'a trompé.

Je lâche ça comme ça. Je sais qu'avec mon frère, il est inutile de prendre des pincettes. Le mieux c'est d'être directement honnête avec lui. Lui aussi est choqué. D'habitude il n'a pas la langue dans sa poche mais là il lui faut plusieurs secondes pour qu'il réagisse.

— Mais tu en es sûre?

— Elle portait le même pantalon que j'ai vu dans mes escaliers ce jour-là.

— Je suis désolé.

— Je me suis fait trahir deux fois. Une fois par celui que je considérais comme l'homme de ma vie et la deuxième par celle qui était comme la sœur que je n'ai pas eu. Le pire c'est que je me sens coupable. J'ai peur d'avoir fait quelque chose qui a provoqué ce qui s'est passé.

— Lélé, tu n'as pas à te sentir coupable. La seule chose dont tu es coupable, c'est d'accorder ta confiance trop facilement. Ça je te l'ai toujours dit. Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ?

— Je ne l'ai découvert que hier. Je trouve que c'est plus facile de parler avec ses amis qu'avec des membres de sa famille.

— Donc Kylian est déjà au courant?

— Oui...

Il tourne la tête. Je sais qu'il est déçu et qu'il aurait préféré être le premier à le savoir. Depuis que je suis petite, il est très protecteur avec moi. Il prend très à cœur son rôle d'aîné de la famille. Il a toujours été là pour nous et là ça lui fait mal de savoir que je l'ai un peu remplacé.

— Paul... Tu seras toujours mon grand-frère mais ne t'inquiète pas pour moi. Kylian m'a beaucoup aidé quand j'étais loin de vous. Il m'a aidé à tourner la page et il continue de m'aider chaque fois qu'il me prend dans ses bras ou qu'il me dit des mots qui me réconfortent.

— Tu l'aimes beaucoup, n'est ce pas? me demande-t-il avec un sourire en coin.

— Oui, je l'aime beaucoup. Mais j'ai encore besoin de réapprendre à faire confiance, surtout après l'épisode Naomy.

— Je comprends. En tout cas, il a l'air très attaché à toi. C'est fou les liens qui peuvent se créer en seulement deux mois.

— C'est également fou les liens qui peuvent se défaire en deux mois, je lui fait remarquer sur un ton sarcastique.

Il rigole et sort de la chambre en me faisant un gros bisous sur la joue. Qu'est ce que je l'aime mon Paulo !

La journée est passée assez vite. N'ayant rien à faire côté boulot, j'ai pu me consacrer à mes derniers instants en famille. Je n'ai pas croisé Naomy qui devait être avec le kiné. Je ne savais même pas qu'elle faisait des études de médecines. Il faudrait que je me renseigne. J'ai passé un moment avec ma mère. On a discuté mais je ne lui ai rien dit. Déjà que ça a été difficile de me laisser partir. Alors si elle apprend tous les problèmes que fait Naomy, elle va m'obliger à repartir avec elle !

Je vous passe le trajet en bus et en avion car il fut comme les précédents. Génial et en même temps fatiguant! A l'hôtel, j'ai dormis seule. Ils avaient prévu une chambre par personne donc tant mieux.

Vendredi 6 juillet: Stade de Nijni Novgorod

L'arrivée au stade c'est fait exactement de la même manière. Les joueurs ont été posé leurs affaires aux vestiaires avant de revoir le terrain pour échauffement, toujours sous l'objectif de ma fidèle caméra. Une demi-heure avant le début du match, ils sont rentrés dans les vestiaires pour se préparer. Paul a fait un autre discours pour motiver l'équipe et ils se sont dirigés vers le couloir. Moi j'ai été rejoindre ma place à côté de Erika mais malheureusement suivie de Naomy. Arrivée à ma place, Naomy s'assoit à côté de moi mais ne m'adresse pas la parole. Tant mieux, je n'ai aucune envie de lui parler. Erika arrive et je lui dis bonjour. On commence à discuter mais Naomy, ne pouvant se taire plus d'une minute, se rajoute dans la conversation et tape la discute à Erika alors qu'hier elle draguait son mari.

— Salut, moi c'est Naomy, lui dit-elle. Je suis l'amie de Léana.

Etant de dos à Naomy, je fais une grimace à Erika pour lui signifier que ce n'est plus vrai. Elle rigole et lui répond.

— Ah c'est toi la fameuse Naomy ! Antoine m'a beaucoup parlé de toi. D'ailleurs si tu pouvais arrêter de le draguer, ça me plairait autant qu'à lui.

Naomy se redresse et devient toute gênée. Elle ne répond rien et Erika et moi, on éclate de rire. Sûrement vexée, elle change de place pour aller s'asseoir plus loin. Elle doit être en train de rager mais je n'ai pas le temps de m'en soucier, le coup d'envoi vient d'être lancé.

Le début du match se passe plutôt bien des deux côtés. Il y a eu une occasion du côté uruguayen et une autre du côté français mais elles n'ont pas abouties. Antoine obtient un coup franc et le public retient son souffle. Va-t-il nous permettre d'égaliser avant la mi-temps. Oui ! Parfaitement bien tiré, le ballon est mis dans les cages par la tête de Raphaël. Les supporters sont déchaînés dans les tribunes. Nous aussi, avec Erika, on crie, on chante. A la quarante-quatrième minute, Hugo plonge pour éviter une égalisation des urugayens. Son arrêt était magnifique.

Mi-temps, retour aux vestiaires. Les joueurs sont heureux et contents. Mais Didier vient leur rappeler que le match n'est toujours pas fini et encore moins gagné. Je rejoins ma place pour suivre la seconde partie. Dix-sept minutes plus tard, Corentin fait une passe à Antoine qui tire. Il marque grâce à une erreur du gardien. Les uruguayens ne parviennent pas à marquer. La France fait parti du carré final, la France est en demi-final. Je vais pouvoir faire mon reportage !

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Deux mois avec les Bleus // MbappéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant