Chapitre 7 - 1/3

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Rhys prit le soin de frapper à la porte avant d'entrer dans la chambre d'Andrea. Il trouva le jeune homme la tête enfouie entre ses genoux, les chevilles et les bras croisés.

– Tiens. J'ai du désinfectant et du contrecoup. Ça ne peut pas te faire de mal.

Andrea releva le nez avec un sourire torve.

– Tu viens jouer à l'infirmière ? Comme dans les films ?

Rhys se retint très fort de lui jeter les flacons à la tête. Il visa plutôt sur l'édredon, et les lança avec un paquet de coton. Les piques du jeune homme l'atteignaient de moins en moins. C'était une armure comme une autre, et il pouvait comprendre qu'il ait besoin de se protéger derrière son sarcasme. Surtout après ce qu'ils venaient de traverser.

– Je crois que t'es assez grand pour te débrouiller tout seul.

Il s'assit au bord du lit pour le regarder faire, à une distance raisonnable.

Andrea semblait avoir beaucoup moins souffert que lui. Sur le plan physique, au moins. Il avait les coudes écorchés et quelques ecchymoses qui étaient en train d'apparaître, mais il n'avait pas reçu comme lui de coup de barre de fer de la part d'un gorille. Rhys pouvait compter chacune de ses bosses et il se demandait s'il ne devait pas aller passer une radio pour son bras. Ça pouvait encore attendre demain, cela-dit.

– Qu'est-ce qui va se passer, maintenant ? Ils vont vouloir se venger ?

Andrea appliquait consciencieusement du désinfectant sur ses plaies visibles, sans lever la tête.

Rhys s'attendait à ce genre de questions. Ils avaient tous les deux pris le temps de se doucher et de changer de vêtements, mais il avait préféré ne pas laisser le laisser tout seul. Il se rappelait encore de la première nuit qu'il avait passé au sein des Valira. Une nuit longue, froide, confuse, mais il y avait eu le silence bourru de Keaton à ses côtés, pour l'empêcher de péter les plombs.

– Rien. C'était notre territoire, et notre club. Bernard va s'occuper de tout.

Le jeune homme ne lui jeta qu'un imperceptible coup d'œil.

– Même du gars que j'ai descendu ?

– Il s'est servi de son flingue avant que tu le prennes. Ça ne sera pas trop difficile de faire tourner ça comme une bagarre entre eux qui aurait mal tourné. Les flics chercheront pas plus loin, tant que les civils ne sont pas impliqués, c'est juste de la racaille en moins.

Il faisait confiance aux escadrons de Bernard. Ils savaient nettoyer mieux que personne et la cour du night-club n'était pas immense. Avec un peu de chance, ils pouvaient même réussir à empêcher les employés de donner l'alerte et tous les garder dans un coin pour les interroger. Mais ça ne le regardait plus. Il fallait juste qu'il essaye de s'en convaincre.

– J'ai reçu un message de Bernard. Ils ont récupéré tes affaires. Ton téléphone était toujours dans ton casier.

Andrea n'eut pas vraiment l'air soulagé. Il semblait trop préoccupé par les questions qui le taraudaient.

– Qu'est-ce qu'ils auraient fait de moi ? Ils m'auraient tué ?

Rhys hésita quelques secondes avant de répondre.

– Pas forcément. Il vaut mieux un blessé silencieux plutôt qu'un cadavre.

Andrea le regardait d'un air perdu, son bout de coton détrempé à la main. Rhys se sentit obligé de continuer.

– C'est l'Omerta. La loi du silence. On ne parle pas, on ne dénonce pas, on ne témoigne pas. Il n'y a que ceux qui la brisent qui craignent pour leur vie. C'est ce qui garde le statut quo entre les trois familles.... Quand il y a des problèmes, ils se règlent en silence et sans faire de vagues.

OmertaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant