Chapitre 8 - 1/4

246 32 6
                                    


Rhys fut réveillé par la douleur de ses courbatures, y compris à des endroits plutôt inhabituels.

Voilà ce que c'était que de s'envoyer en l'air après s'être fait casser la gueule. Il n'avait plus fait ça depuis qu'il était entré dans l'âge adulte.

Mais il y avait aussi autre chose qui le tracassait. Ce n'était pas la sensation du corps chaud contre le sien ou du bras passé en travers de sa taille. Plutôt un sentiment incongru qui lui gonflait la poitrine. Les souvenirs de la veille lui revinrent en même temps que la douleur dans ses tripes, comme un coup de barre de fer dans le ventre, mais cette fois, ce n'était pas douloureux. C'était même assez agréable.

C'était la première fois depuis des années qu'il arrivait à temps. Qu'il était là pour protéger quelqu'un. Quelques secondes de plus et les deux hommes venus pour embarquer Andrea l'auraient jeté dans leur fourgonnette. Il ne se serait pas réveillé là, dans la chaleur de son lit, le corps nu d'Andrea lové contre lui. Un coup de fil nocturne l'aurait tiré du sommeil pour lui annoncer la nouvelle.

Andrea dormait encore, l'air tranquille et inoffensif, les paupières closes sur ce regard qui l'avait tant déstabilisé la veille. Il était couché sur le flanc à ses côtés, si près que Rhys sentait la chaleur de ses genoux contre ses jambes. Il roula très légèrement dans la direction d'Andrea et caressa du bout des doigts la courbe de son épaule, puis le creux de sa taille et les muscles de ses hanches. Son tatouage était sur son autre flanc. Rhys résista à l'envie de le faire glisser sur le ventre pour pousser plus loin son exploration.

Son aine risquait de se manifester s'il continuait, et il ne se connaissait pas assez pour lui proposer de remettre ça au saut du lit. Rhys se leva sans faire de bruit pour aller prendre la douche que tout son corps lui réclamait. Ensuite, il appellerait Bernard pour savoir s'il avait du nouveau.

.

Andrea se frotta les yeux avant d'étouffer un bâillement. Dans la torpeur du réveil, il entendit le bruit lointain d'une douche tout au bout du couloir. L'envie d'aller se glisser sous le jet d'eau lui chatouilla le ventre, mais il se sentait trop bien pour réussir à s'extirper du lit. Avec un plan cul ordinaire, il ne se serait pas gêné. Mais Rhys n'avait vraiment rien d'un plan cul ordinaire et Andrea était encore trop fatigué pour réfléchir aux conséquences de ce terrain-là. Derrière la brume de ses pensées, il entendait l'écho d'un cliquetis métallique et le souvenir d'une cour obscure se bousculer encore dans sa tête. Il les chassa aussi loin que possible pour mieux rouler sur le lit à présent vide et s'y étaler avec délice.

.

– Sven, tu es là ?

Andrea rouvrit un œil. Il s'était rendormi ? Il n'entendait plus le bruit de la douche mais la voix de Rhys était toujours lointaine. Comme s'il s'adressait à quelqu'un depuis le palier, à une personne dans le hall, ou plus loin encore.

– On a un invité, répondit Rhys à son lointain interlocuteur.

Andrea entendit la porte du couloir se refermer, et puis, plus rien.

Il se frotta les yeux avant de se redresser sur le matelas. Invité ? Il avait progressé dans l'échelle sociale. Mais il ne savait pas que Rhys accueillait d'autres personnes dans son manoir privé. C'était une raison suffisante pour trouver la force de se lever.

Il se pencha par-dessus le rebord du matelas à la recherche de ses affaires, mais ne trouva que la chemise noire de Rhys, roulée en boule sous le lit. Un sourire goguenard fleurit sur ses lèvres.

Une bonne odeur de pain chaud monta dans ses narines lorsqu'il sortit dans le couloir, mais elle ne provenait pas de l'appartement. Andrea sortit dans le hall principal pour la suivre. Du haut du grand escalier, il entendait des bruits de robinets qui coulaient et de plats qui frémissaient sur le feu. Andrea descendit sur la pointe des pieds, uniquement vêtu de la grande chemise de Rhys. Au rez-de-chaussée, près de l'entrée, la porte de la cuisine principale était grande ouverte. Il entraperçut un t-shirt vif, un chignon de cheveux violets au-dessus d'une nuque à la peau mate. Il cligna des yeux. Ce n'était pas une coloration auburn ou prune. C'était bien du violet.

OmertaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant