La vie est injuste

Partie 9.2

Mon cœur s'arrête, mon souffle se coupe. Son regard s'est scellé au mien.

- Jason... je viens de rompre avec Nolan et...

- Tu m'aimes ?

J'ouvre la bouche mais je la referme aussitôt. Je me perds dans ses yeux bleus qui attendent ma réponse.

- Oui, soufflai-je, nos nez se touchent presque.

- Je t'aime aussi, j'ai perdu quatre ans de ma vie sans toi. Alors sortons ensemble et arrêtons de réfléchir, le plus important est que nous nous aimons.

Je déglutis difficilement, j'ai tellement envie de sentir ses lèvres se poser sur les miennes. Je me sens attirée à lui comme par un aiment. Il se rapproche un peu plus de moi, il va m'embrasser. Je recule mon visage instantanément.

- Non, je ne peux pas.

Je repose mes mains sur le volant et je tourne le visage.

- Je ne peux pas. Tout va trop vite. Ton retour, Nolan, nous... J'ai l'impression de ne plus suivre la cadence. Je suis perdue et je préfère prendre du recul avant de me jeter tête baissée dans une relation.

Il acquiesce et se remet droit dans son siège.

- J'attendrai le temps qu'il faudra. Je te dois bien ça...

J'esquisse un faible sourire et nous sortons de la voiture.

- Je vais rentrer chez Jeremy...

- Tu ne reprends pas ta chambre ?

- Je ne pense pas que ça soit une bonne idée... Vivre tous les jours avec toi sans pouvoir vraiment être avec toi, c'est de la torture, me lance-t-il avec un faible sourire en coin collé sur son visage.

Je lève les yeux au ciel avant de marcher sur le perron. Je me retourne avant d'ouvrir la porte, Jason a déjà tourné les talons.

- Jason ?

Il se retourne, les mains dans ses poches.

- Merci.

Il me sourit avant de s'en aller. Je rentre chez moi. Le calme règne dans la maison. J'avance dans le salon, ma mère est en train de s'affairer dans la cuisine.

- Ça va ? Où est papa ?

Ma mère renifle en continuant de touiller violemment dans sa casserole.

- Oui ça va... Il est dans sa chambre, il regarde la télé

Je fronce les sourcils. Je pose les clés sur la table et je rejoins ma mère dans la cuisine. Elle m'ignore et continue à tourner dans la casserole, ses larmes coulent dans la sauce. Je pose ma main sur son bras, l'arrêtant dans son éternel mouvement de répétition.

- Maman...

Elle éclate en sanglots et se retourne vers moi pour me coller contre elle.

- Mon bébé... Je suis tellement désolée...

Elle me serre fort dans ses bras.

- Ce n'est pas de ta faute...

- Il t'a fait du mal ?

- Non... je... il ne m'a pas violé maman. Calme toi... C'est juste une bêtise d'ado...

- Ton père veut que tu portes plainte.

- Non, je ne peux pas.