Partie 16.2

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Je suis Jason en dehors de la maison. Il faisait frais et les oiseaux chantaient, la rosée qui s'était formée sur les brins d'herbes mouillée le tissu bleu de mes converses.
Jason avait l'air très sérieux, très en colère. Je resserre ma veste sur ma poitrine et je frictionne mes bras pour me réchauffer. Jason sort une cigarette de son paquet et l'allume. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu fumer. Il regardait autour de lui, pendant une minute ou plus, il avait l'air passionné par la digestion des vaches.
De la buée s'échappe de mes lèvres lorsque je pousse un soupir. Je fais bouger les petits gravillons du bout de mes chaussures, gênée par cette situation.

- On va rester ici plusieurs jours, finit-il par dire.

- Combien de temps ?

- Le temps qu'il faudra.

- Mais je ne peux pas, et mes parents ? Mon job ?

Il crache de la fumée et commence à jouer avec les gravillons lui aussi.

- Tu peux toujours rentrer, mais tu risques de te faire tuer et là tu pourras dire adieu à tes parents et à ton job.

Je fronce les sourcils.

- Mais on ne pourra pas rester ici toute notre vie. Il faudra bien qu'on leur fasse face un jour ou l'autre. Tôt ou tard ils nous retrouveront.

- Eh bien je compte que ça soit tard. Je dois trouver un moyen d'arranger les choses et j'ai besoin de temps.

- On va devoir vivre ici en attendant ? On ne peut pas aller ailleurs ?

- On reste ici, pourquoi tu voudrais partir ?

- Je ne sais pas... je -

- Ce n'est pas le moment de jouer à la diva.

Mon sang ne fait qu'un tour.

- Je joue la diva ? Depuis hier je ferme ma gueule alors qu'on s'est fait tiré dessus, je me suis faite agressée par plusieurs garçons alors que je n'avais qu'une serviette sur moi. J'ai eu peur, j'étais seule et tu n'étais pas là. J'arrive ici et je vois cette fille que je ne connais pas qui n'arrête pas de te coller et pour couronner tout ça tu me fais la gueule ! En plus je ne dois rien dire, je dois rester là et acquiescer toutes tes décisions. Tu me mets dans une merde incroyable et tu t'en contre fiche ! Et c'est moi qui joue la diva ?

Il a relevé la tête et maintenant il regarde le mouvement des branches des arbres par le vent, tirant sur sa cigarette.
Mon cœur palpite tellement je suis énervée.
J'arrache sa clope des lèvres et je la jette par terre d'un geste violent.

- Mais putain Jason ! Réagis !

Il attrape mon poignet violemment et me plaque contre le mur du ranch. Mon corps entier est donc projeté sur les planches en bois provoquant un gros bruit. Je suis choquée par tant de violence. Son visage est proche du mien. Ses yeux sont remplis de rage.

- Je suis désolée, ok ? Je n'aurai pas dû me rapprocher de toi, c'était une mauvaise idée. Il serait mieux pour nous deux que nous arrêtons là. Mais comme je t'ai emmené avec moi dans ce merdier je vais te protéger tout de même. Je me débrouillerai pour sortir de cette situation et tu rentreras chez toi. En attendant arrête de me casser les couilles !

Une main se trouve juste à côté de ma tête qui n'arrête pas de cogner le mur violemment, me faisant cligner les yeux à chaque contact avec le bois et sa main. Elle n'arrête pas de se crisper et j'ai peur que son poing arrive à mon visage. Son autre main me tient fermement le poignet. Ses mots sont l'équivalent de centaines de petites aiguilles qui me transpercent le cœur.

J'ai peur.

J'ai mal.

Son regard me terrifie et sa poigne me fait mal au poignet. Il vient de prendre mon cœur et de le briser littéralement, sous mes yeux. Je peux le voir qu'il se retient et qu'il veut me faire du mal. Mais je préférerai limite qu'il me gifle à la place qu'il me quitte comme ça, qu'il me fasse mal de cette manière. Ma gorge est tellement nouée qu'aucun mot n'en sort. Je retiens mes larmes, je ne veux pas pleurer devant lui. Il reste là encore quelques secondes, il est légèrement essoufflé d'avoir crier et de frapper sans cesse contre le mur.

La vie est injusteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant