La vie est injuste

Partie 2

Mes parents ont parlé longtemps, trop longtemps à mon goût. Ils m'ont annoncé ce matin, je cite : " Mia... tu sais que Jason est dans une situation difficile... Si ça avait été l'inverse nous aurions aimé que tu sois avec des personnes que tu connaisses. Alors... Jason va vivre chez nous."
La dernière phrase est sortie d'une traite. J'ai retenue mon souffle, en me répétant "faites qu'il ne vienne pas, faites qu'il ne vienne pas..." sauf que ça n'a pas marché. Du coup mon père est parti chercher Jason et dans quelques minutes il y aura quelqu'un de plus dans la maison. Mes parents ont aussi ajouté "Essaye de le considérer comme ton frère...". Cette phrase m'a mise une claque, Jason ? Mon frère ? Ce n'est pas possible, il est arrogant et il est rebelle.

Je reste dans ma chambre, j'ai décidé de bouder, même si je sais que ça ne changera pas grand chose. Mon père revient une heure après, accompagné de Jason. Je descends pour dire bonjour à mon "nouveau frère".

- Salut, dis-je sous le regard noir de ma mère.

- Salut, répond-il sur un ton aussi sec que le mien.

Je m'assoie à table pour jouer à Candy Crush sur mon portable. En même temps je comprends que ça doit être dur pour lui, il vient de perdre ses parents. Je vais essayer de me montrer plus sympathique. Jason est dans sa chambre en train de sortir ses affaires. Sa chambre est juste en face de la mienne. Je décide de monter à l'étage pour lui parler. Je toque à sa porte.

- Ouais.

J'entre en essayant d'afficher un sourire.

- Hum... Je voulais te dire que... fais comme chez toi, mes parents voudraient que l'on soit comme des "frères et sœurs" alors autant être amis, non ?

Oui je sais c'était pourri, mais je ne savais pas quoi dire. Il me regarde en silence, ça devient gênant. Il répond enfin :

- Ok alors autant être franc avec toi, je ne voulais pas venir vivre ici, je ne fais que des conneries et tu n'as pas intérêt à me balancer, ok ? C'est pas parce que t'as un cancer que j'aurai pitié.

J'ai le souffle coupé. Je reste immobile quelques secondes. Je viens pour essayer d'apaiser les tensions et voilà comment il me remercie ? Mon sang bouillonne. S'il veut jouer à ça...

- D'accord, du coup ne pense pas que j'aurai pitié parce que t'es orphelin.

Je n'ai pas l'habitude d'être méchante et je regrette immédiatement mes mots. Mais j'ai pas l'impression que ça l'ai touché puisqu'il affiche un sourire moqueur au coin des lèvres.

- Très bien, dit-il en fermant sa valise.

- Très bien.

Il lève ses yeux vers moi. Toujours le sourire aux lèvres.

- Quoi ? dis-je sèchement au bout de quelques secondes.

- J'aime bien ton bonnet.

Au début j'ai cru mal entendre. Il vient de dire "j'aime bien ton bonnet", je suis encore énervée et lui me dit "j'aime bien ton bonnet " ?! J'hésite à répliquer quelque chose mais j'opte pour sortir de sa chambre en claquant furieusement la porte. Je sens que les prochains jours, voire les prochaines années vont être dures à supporter...
Je meurs d'envie d'aller voir ma mère et lui balancer ce qu'il vient de me dire mais je sais que ça ne changera rien. Bref je retourne dans ma chambre jusqu'à l'heure du dîner, il faudrait que je complote quelque chose pour le virer de chez moi...