32. Human Wreck

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Human Wreck [ˈhjuːmənrɛk ],
vf. épave :
nom féminin,
coque d'un navire naufragé ; objet abandonné en mer ou rejeté sur le rivage, personne désemparée qui ne trouve plus sa place dans la société.

☆☆☆

November

J'ouvre brutalement les yeux au moment où un bip incessant résonne dans mon ouïe. Mes yeux fouillent la pièce où je suis, immaculée de blanc avant que je comprenne que je suis à l'infirmerie. Mes affaires de sport sont posés sur une chaise à la droite du lit inconfortable sur lequel je suis tandis qu'un infirmier vérifié mes constantes. Lorsqu'il croise mon regard, il s'approche de moi et son haleine de chacal se propage dans mes narines ce qui me force à fermer une demi-seconde les yeux alors que son voix grave me fait un récapitulatif de ce qu'il s'est passé.Mes pensées sont toutes dirigés vers une seule personne qui n'est autre que Wes. Il doit encore plus m'en vouloir, je suis persuadée. Comment pouvons nous supporter une fille capable de foutre sa vie en l'air?

L'infirmier me fixe du regard en serrant sa tablette contre son torse.

"-Nous avons fixés des rendez-vous chez la psychologue de l'école. Mes supérieurs ne veulent pas que tu loupes la prochaine mission. M'informe t-il."

Il repart aussi rapidement que son haleine est entrée en contact avec mon nez tandis que je me hais un peu plus. S'ils ont pris rendez-vous chez la psy, cela veut obligatoirement dire qu'ils sont au courant. Je ne peux pas parler de ce qu'il m'arrive. Ce serait comme me tirer dessus...

Je remarque qu'on m'a mis une robe d'hôpital qui pue d'ailleurs le désinfectant avant de stopper mon regard sur la fenêtre. La vue donne sur la portail impressionnant et lugubre de l'école.

Si j'arrivais à passer cette entrée, je devrais me cacher dans une forêt de plus d'une dizaine de kilomètres pour éviter les occupants des chalets excentrés et je devrais ensuite trouver un taxi sur une route inoccupée pour aller dans la petite ville vieille et sans une seule gare afin de partir définitivement d'ici. Ce qui se résume à un endroit sans sortie. Je suis ici jusqu'à la fin de ma scolarité alors que je ne veux plus vivre une petite minute de plus dans ces lieux qui forment des personnes similaires à mon père.

Pourtant la minute passe et tandis que j'allais me sauver par la fenêtre, mon frère ouvre violemment le rideaux qui me séparait des autres patients pour s'infiltrer dedans. Je m'allonge automatiquement sur le lit et fixe la fenêtre mémorisant dans mon esprit le nombre de barreaux qui constituent le portail, le nombre de chalets autour de celui-ci et le nombre de chemins qui y conduit. Mon frère s'assoit sur la chaise à ma droite et essaie de capter mon regard, en vain.

Je ne veux pas l'entendre. Il n'est pas venu une seule fois me voir en une semaine et la seule façon d'attirer son attention est de me laisser mourir. Alors non, je ne lui parlerais pas et je ne me préoccuperai pas de lui. Je ferais le contraire de ce que j'ai toujours fais avec lui. Je vais laisser la haine que j'avais en moi s'incorporer en lui pour qu'il comprenne enfin que j'ai besoin de mon grand frère. Il se racle la voix avant de poser d'un bras tremblant sa main sur la mienne.

"-Alexis... Je...Je suis vraiment désolé de pas être venue plus tôt... Mais..."

Je sens son regard persistant sur mon visage mais je n'en tiens pas compte parce que si pendant un centième de seconde je croise son regard torturé, ses traits tiraillés et la peur qu'il a, je sais que je devrais lui parler. Alors je retire cruellement ma main de la sienne, le coupant de ses excuses maladroites.

"-J'aurai jamais dû dire ça ! Mais c'était une raison de te mettre en danger ? S'énerve-t-il éreinté. C'était vraiment nécessaire, Alexis ?!"

Lost in the Wood-(EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant