Les Élues des Dieux _ Tome 1 _ Les Chevaliers Sacrés d'Athéna

Chapitre 21 _ Disparition

Le Grand Pope avait lancé quelques uns de ses Chevaliers d'Or, qu'ils savaient proches des jeunes femmes, à leur poursuite. Il était, pour ainsi dire, très inquiet à leur sujet, de ce qu'Ofelia avait pu entendre. Il suffisait d'un mot, d'un seul, pour que le sujet d'une conversation soit totalement transformé, et il craignait le pire.

Ainsi Aiolos arriva au port, accompagné de son frère, pour voir le bateau quotidien s'éloigner, n'être qu'un tout petit point à l'horizon. Le Sagittaire ferma les yeux, paraissant réfléchir, et se tournant vers Aiolia déclara :

- Elles sont parties.

Le Lion sembla inquiet d'entendre cela et s'avança légèrement. Comment être sûr qu'elles étaient bien à bord ? La ville n'avait pas encore été fouillée. Il allait répliquer, lorsque Saga et Shura firent leur apparition, comme sortis de nulle part.

- Rien à Rodorio, annonça sombrement le Capricorne.

- Quelle misère... commenta Aiolia en portant la main à son visage.

- Il fallait que cela arrive tôt ou tard, rétorqua calmement Saga. Mais nous ne pouvons pas les laisser partir. Elles sont notre seule chance. Et être sans protection ne peut être que dangereux pour elles.

Il appuya son regard sur Shura, par rapport à la réunion qui s'était déroulé quelques temps plus tôt. Ce dernier émit simplement un léger bruit de méprit en croisant les bras, regardant ailleurs un instant. Il ne voulait être le seul à blâmer dans cette histoire, puisque ce n'était pas lui qui avait lancé le sujet. Et puis, il n'avait jamais pensé qu'elles fuiraient de cette manière. Aiolos s'avança alors pour être à la limite du quai, tandis que le bateau disparaissait complètement de leur vue :

- Alors nous n'avons pas le choix. Je vais aller les récupérer.

- Mais... commença Aiolia

- De gré ou de force, elles n'ont pas le choix. Si les Spectres reviennent, ou si une nouvelle divinité fait surface, il sera trop tard.

- Eh bien, vas y alors... marmonna Shura. Et tâche de les ramener.

Aiolos le regarda simplement, avant de faire exploser toute son aura. Aucun des ses compagnons d'arme ne bronchèrent à cette phénoménale puissance, puisqu'ils avaient l'habitude. Une lumière aveuglante jaillit du neuvième temple, fusant dans le ciel, avant de retomber sur le Sagittaire. L'instant d'après, lorsque tout se dissipa, l'aîné était revêtu d'une armure étincelante, du plus beau des dorés. Cette protection avait la particularité d'être doté d'une paire de majestueuses ailes, et malgré le poids qui devait bien peser, Aiolos ne bronchait pas.

- Le bateau est assez loin... murmura Shura en penchant légèrement la tête. Mais cela ne devrait pas être trop long pour toi.

Il affichait un léger sourire narquois. Aiolos se contenta de faire un bref hochement de tête, une lueur de détermination dans les yeux, avant que les ailes de son armure ne se déploie. Il bondit en avant, et parut flotter dans les airs, fusant dans le ciel. Cette sensation était la meilleure qu'il connaissait, avec le vent qui soufflait contre lui. Il tourna un instant sur lui-même et s'immobilisa à une distance raisonnable de l'eau. Le spectacle qui s'offrit alors à lui lui glaça le sang, autant que si Camus était dans les parages. Le bateau était comme coupé en deux, et il n'y avait pas le moindre survivant. Les corps flottaient aux mouvements des vagues, mais certains semblaient avoir été tué d'une autre manière. Il y avait en effet des traces d'explosion, comme si quelqu'un avait brisé le navire. En concentrant sa perception, il pu discerner la trace d'une aura maléfique qui venait tout juste de partir. Tout cela s'était déroulé en si peu de temps... Le Sagittaire fouilla du regard, mais il devait se rendre à l'évidence. Ofelia et Sophia avaient disparues. Il n'y trouva pas leur cadavre, et la probabilité d'un enlèvement était la plus plausible.

- Mais qui a bien pu faire une chose pareille... marmonna-t-il avec inquiétude

Plusieurs hypothèses lui traversèrent l'esprit, mais il n'y avait qu'une qui lui semblait bonne. Il se laissa un instant tomber dans le vide, songeant aux deux jeunes femmes qu'il appréciait réellement. Sophia et toutes ses maladresses, Ofelia et sa grande timidité... Et toutes deux d'incroyables origines qui faisaient d'elles des personnes promises à un grand destin. Avant qu'il ne touche l'eau, Aiolos reprit le contrôle de sa chute, et fonça en direction de l'île. Il passa juste devant ses compagnons restés au port, sans s'y arrêter. A cela, ils comprirent tous les trois que quelque chose de grave était arrivé. Ils le rejoignirent au temple du Grand Pope, là où il avait terminé sa course, à genoux devant son supérieur. Tous les Chevaliers d'Or, à l'exception du Vieux Maître, étaient présents à nouveau.

- Aiolos, que se passe-t-il ? demanda le Grand Pope avec inquiétude

- Elles ont disparus... répondit-il avec honte. Je n'ai pas été assez rapide. Il n'y a aucun survivant, et j'ignore où elles peuvent bien être.

- Comment cela est-il possible ? murmura le chef des Chevaliers

Le Sagittaire se redressa et répondit sombrement :

- Je pense qu'un Spectre a été à l'œuvre de tout ceci.

- Nous l'aurions ressenti ! protesta avec fougue Aldébaran.

Tous acquiescèrent en guise d'approbation. Aiolos secoua lentement la tête, et rétorqua :

- Les Juges savent se faire discrets.

- Alors ce serait... commença Milo

- L'armée d'Hadès se serait-elle réveillée au grand complet ? murmura le Grand Pope avec inquiétude.

- Je le pense, confirma le Sagittaire.

Leur supérieur marqua un long temps de pause, durant lequel il réfléchissait. Ils ne connaissaient rien du repère actuel d'Hadès et de ses hommes, et si ces deux jeunes femmes avaient bien été enlevées par eux alors ils ne pouvaient rien faire.

- Retournez à vos temples respectifs... ordonna-t-il lentement. Je vais envoyer plus de Chevaliers d'Argent à la recherche d'Athéna.

- Comment ! s'exclama Aiolia. Mais, Grand Pope...

- Ainsi j'en ai décidé. Sortez.

Ils s'inclinèrent devant lui, et obéirent. Le Lion serra les poings pour contrôler sa frustration. Le Grand Pope était certes d'une grande sagesse, et il avait conscience que la priorité restait Athéna... Mais tout de même, ces deux jeunes femmes n'avaient rien demandé, et par leur faute elles étaient à présent dans une délicate situation.