J’étais sur le point de lui répondre lorsque le téléphone à sonner en indiquant un numéro de la Guinée. C’était mon père....- Allo, Papa ? dis-je méfiante
- Laila, qu’est ce qui se passe avec ton téléphone ? dit il avec une voix clair et limpide
- Il s’est cassé, il va me falloir un autre désormais. Dis je calmement.Il a marqué une longue pause avant de continuer.
- Ça va ? ton frère m’a dit que tu étais malade. Tu es allée voir un médecin ?
Ah maintenant ils s’intéressent à ma santé ? like really ?? pfff
- Pas la peine, je commence à aller mieux, tout dépendra de la suite des évènements, dis je avec pleins sous-entendus
- Je vois, j’ai un voyage d’affaires la semaine prochaine. Je passerai aux USA juste après. Nous allons discuter.
- Okey parfait. Dis je sans grande conviction
- Bien, maintenant, ta mère veut te parler.Mon cœur se mit à battre très vite.
- Jeune fille, commence-t-elle. Est-ce que j’ai l’air d’être ta grande mère ou ta copine ?
- Euh non Maman.
- Tu as de la chance d’être loin de moi... j’ai eu Ahmed au téléphone, qui m’a fait comprendre que tu t’opposes catégoriquement au Mariage avec Mouctar. Je te l’ai dit je ne te voudrais jamais de mal, je suis ta mère et je sais ce qu’il y’a de mieux pour toi... elle marqua une pause et je retins mon souffle. Elle continua
- Mais après, je ne peux pas non plus te forcer. Mais sois sur que tu nous mets dans une position très très inconfortable ton père et moi. Car nous avions déjà donné notre avale pensant que tu serais d’accord avec notre choix...C’était plus que je ne pouvais entendre.
- Maman ? est-ce que Grand père t’avait imposé papa ou l’a tu épousée par ce que tu l’aimais ?
- Non, là n’est pas la question
- Bien sûr que si maman, si aujourd’hui nous sommes une famille unie, nous avons cette éducation et cette complicité, c’est bien parce qu’il y a de l’amour et de l’harmonie dans la famille. Maman si aujourd’hui, après toutes ses années de mariage, tu arrives encore à regarder papa comme si c’était le premier jour et non comme s’il était quelqu’un que tu devais supporter c’est bien parce que vous vous êtes choisis. Si tu es arrivée à supporter tous les problèmes depuis le début, c’est bien parce que papa c’est ton choix.Bouba me regardait intensément. J’ai essuyé rapidement une larme qui coulait sur ma joue. Je repris avec une voix cassée.
- Maman, je veux faire mes propres choix, apprendre de mes propres erreurs. Maman, demain si ça ne marche pas dans mon foyer, je n’aimerai pas mettre la faute sur quelqu’un d’autre à plus forte raison sur toi ou papa. Pendant les jours sombres, parce que je sais qu’il y’en aura, j’aimerai m’assoir et me rappeler que c’est moi qui l’ai choisi et si je l’ai fait c’est bien pour une raison, parce que je l’aime. J’aimerai repenser à tous ces moments de pur bonheur qui m’aideront à surmonter les pires moments.
Elle était toujours silencieuse, et Bouba est venu s’assoir près de moi.
- J’ai fait une crise d’angoisse hier, j’ai cru sombrer après notre discussion. Je sais que tu ne veux que mon bonheur. Alors je t’en prie acceptez celui que mon cœur a choisi...
Je l’ai entendu renifler, et ensuite plus rien. Mon père a repris le téléphone.
- On se voit dans une semaine, In Sha Allah. Demain va te chercher un téléphone et appelle nous si c’est fait. On va te laisse. Dit il avant de raccrocher sans attendre ma réponse.
Toute la tristesse que je retenais depuis là, toutes les émotions refoulées, tout est venu me noyer et m’emporter dans une crise de larmes que je pouvais maitriser.