C’était la troisième fois que mon téléphone sonnait. Je le regardais exaspérée et me résignai à le décrocher.- Papa, dis je d’une voix lasse
- Tu n’es pas encore rentrée, tout va bien ?
- Oui ça va ne t’en fais pas. J’ai réprimé un soupir. Euh en fait je suis toujours au bureau, j’ai encore des choses à terminer, j’ai quand même pris deux semaines de retard suite à ma maladie. Et là, il faut avouer que je suis très débordée.
- Tu aurais dû te reposer plus avant de reprendre, tu es encore fragile.
- En parlant de repos, je crois que je vais rentrer chez moi aujourd’hui, Ahmed habite assez loin de mon Bureau et je ne me vois pas conduire jusqu’à chez lui.Il y eu un silence. Puis un raclement de gorge qui se termina par un soupir.
- Tu sais que je vais rentrer bientôt, je me fais juste du souci pour toi c’est tout. C’est pour ça que je veux que tu restes en famille.
- Demain c’est samedi, je te promets que je serais la bas à la première heure, je compte vraiment finir tard. Et c’est parce que je pense à ma santé que je veux rentrer me reposer chez moi.
- Bien... à demain alors, tu m’appelles quand tu seras chez toi. Et ne me dis pas qu’il se fera tard, je ne serai pas en train de dormir c’est sûr.
- Okey papa, à tout à l’heure.
- A tout à l’heure dit il septique.Je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire dès que j’ai posé mon téléphone. Mon père est comme...métamorphosé. Depuis la période sombre qu’on a traversée il y’a un peu plus de deux semaines, c’est à la limite s’il veut me laisser respirer toute seule. Promis, s’il pouvait le faire à ma place, il le ferait haha. Mais entre nous ce qui me fait le plus rire, c’est sa peur à peine contrôlée par rapport à ma relation avec Bouba. Il m’a dit l’autre jour « Laila, je n’aime vraiment pas la façon dont vous vous regardez, un peu de retenue quand je suis là quand même ». haha papa, mais le problème c’est que tu es tout le temps-là, c’est pas possible. Depuis l’accident je ne me suis pas vue seul à seul avec Bouba. Mon Père est toujours là. Toujours ! Pour nous surveiller s’amuse-t-il à dire. Je me demande de quoi il a si peur. Ce qu’on n’a pas fait quand personne ne savait ce n’est pas maintenant qu’on le fera ça c’est sur et certains. Mais moi ça m’arrange même, ils vont discuter pour le mariage ce dimanche donc c’est top.
Bouba a aussi repris son boulot. Il dit qu’il se sent mieux. Il me manque tellement, c’est affreux. Mon cœur et mon corps le réclament. L’incident nous a énormément rapproché. Cette peur de perdre l’autre nous a confirmé jusqu’où s’étendait notre amour. Jusqu’où il s’étend ? Pas de limite je suppose. On a nos embrouilles de couple c’est sûr, mais on se serre les coudes dans le malheur.
J’ai pris mon téléphone pour lui laisser un message.« Babe, toujours au boulot ça craint »
« haha vive la finance, moi je viens de rentrer je suis KO »
« Tu as quoi ?tu as mal ? »
« Relax princesse je vais bien, tu me manques juste... »
« ahh oui ? Et qu’est ce qui te manque le plus ? »
Je me suis confortablement assise sur mon fauteuil, en souriant. Je suis bête !
« plein de choses, incapable de choisir... »
« hmm réfléchis y, je suis chez moi dans 2h max, comme ça tu me diras ça quand je serai confortablement couchée dans mon lit »
« 2h....d’accord, à plus bébé »
Je lui ai envoyé un cœur avant de poser mon téléphone. J’ai soupiré. J’ai regardé ma montre, 18h23. J’ai encore soupiré.- Maintenant, à nous deux cher tableau de reporting ! dis-je en me concentrant sur mon poste
Je me garais chez moi complètement épuisée. Il était 20h40 et tout ce que je voulais c’était de prendre une bonne douche et plonger dans mon lit. Le diner pouvait attendre demain. J’ai introduit la clé dans la serrure et la première chose que j’ai sentie c’était une très bonne odeur de vanille. J’adore cette odeur, je crois que c’est ma préférée. Une étrange lumière dans le couloir attira mon attention, j’ai pris peur.
- Qui...qui est là ? dis je la voix tremblante.