La victime

480 46 82
                                    

Alaïs fut réveillée par le bruit du moteur.
Elle savait qu'elle n'avait pas rêvé, et aurait préféré continuer à dormir, pour fuir cette réalité terrible qui l'accablait.

- Ah, tu es réveillée. Comment te sens-tu ? Demanda Nick et se retournant pour entamer une marche arrière.

- J'ai dormi longtemps ? Est-ce qu'il y a du nouveau ?

L'excitation de stress qui l'animait une heure plus tôt avait été remplacée par une sorte de mélancolie.
Elle se forçait à s'accrocher au faible espoir qui l'animait encore.

- Finn a bien été enlevé par ton père. Il a envoyé une vidéo terr... une vidéo à mes parents.
Mon père a réagi directement, certainement comme le souhaitait Billy, et est parti sans prévenir la police. Je l'ai donc fait.

Alaïs les vit alors. Elle n'avait pas encore remarqué, mais ils étaient devancés et précédés de voitures de police, et d'une ambulance. Finn.

- On...on va les rejoindre ?

La jeune fille sentit l'appréhension la regagner.

- Et...ma mère ?

- Ne t'inquiète pas Al, la police va faire son boulot d'accord ? Ils sont partis à ton domicile, et de toute façon ils vont y enquêter, donc ta Maman est en sécurité.
J'ai dû insister, mais ils nous ont finalement laissé venir avec eux.
Je vais veiller à ce que l'information ne se diffuse pas, ou le moins possible.
Tu sais...Finn est connu...alors ce serait encore plus difficile pour lui si, après ce qu'il a dû vivre, les médias se...

- C'est bon Nick, ça va, j'ai compris. N'en dis pas plus s'il te plaît.

Alaïs laissa aller sa tête contre la vitre. Dehors, la pluie de Décembre frappait doucement la voiture et la route. La jeune blonde ne voulait pas en entendre plus. Elle connaissait son père, et n'osait pas imaginer ce qu'il avait fait subir au jeune homme qu'elle portait dans son cœur.
Elle voulait que tout cela s'arrête.
Elle regrettait amèrement de ne pas avoir tout raconté au bouclé, quand elle en avait encore eu l'occasion.
La culpabilité ne la quittait pas, et ne la quitterait plus jamais à présent, quoi qu'il arrive.

Tiens bon Finn.

Les voitures ralentissaient. Ils étaient en train d'arriver.

En sortant de la voiture, Nick s'approcha d'elle et la serra contre lui.
La scène était impressionnante, même sans savoir ce qui allait advenir.
Les policiers sortaient armés, et s'approchaient de la petite maison entourée de sable.
Depuis le début, son père et Finn étaient restés si proches de là où avait eu lieu la soirée.

Finn était si proche, et en même temps si loin d'elle. Elle ne savait pas dans quel état elle le retrouverait. Rien ne serait plus pareil.

Coupant Alaïs dans ses pensées inquiètes, un coup de feu venait de retentir à l'intérieur du bâtiment.

Le chef de police abandonna toute prudence, et ils rentrèrent immédiatement, tout en faisant signe au deux jeunes de rester en arrière avec deux agents.

Alaïs avait resserré son étreinte. La terreur qui l'animait était telle qu'elle avait besoin de s'accrocher pour tenir encore debout.

Les minutes qui suivirent furent interminables.

Ils entendirent des cris, des coups, mais pas de nouvelle attaque par arme à feu.

Nick serrait les poings. A l'intérieur, il le savait, se trouvaient son frère et son père.
Il s'en voulait d'espérer que le coup entendu ai été porté sur le père d'Alaïs.
Mais c'était l'issue la plus juste et la moins inquiétante.

Ce cri. Déchirant. Il avait entendu le même quelques jours auparavant.

Les ambulanciers rentrèrent en trombe quand les policiers leur firent signe.

Quelques instants après, il ressortirent en poussant un brancard, tentant de maintenir tant bien que mal la personne qui se trouvait dessus. Il hurlait et se débattait avec un acharnement incroyable.

La panique noua immédiatement la gorge d'Alaïs. Pourtant ses jambes bougèrent d'elles-mêmes, et elle courut vers lui.

- Finn !!! Finn, oh mon Dieu, lâcha-t-elle parmi ses sanglots incontrôlables.

- Laissez-moi ! Laissez-moi descendre bordel ! Hurlait le jeune homme, semblant ne pas avoir remarqué la jeune fille qui courait vers lui.

D'un mouvement brusque, il asséna un coup de pied au brancardier de droite, le faisant tomber en arrière. Il descendit du brancard, échappant à l'emprise des autres soignants, et se rua à l'intérieur, tentant au mieux de garder le faible équilibre qu'il lui restait.

Nick et Alaïs s'élancèrent à sa suite, indiquant aux ambulanciers qu'ils allaient essayer de gérer la situation.

Mais ils ne réalisaient pas quel spectacle ils s'apprêtaient à imposer à leurs yeux.

Alaïs s'approcha de Finn qui était tombé à genoux, et posa ses mains dans le dos du jeune homme. Ces hurlements auraient brisé le cœur du plus fort des hommes.

Elle releva la tête vers Nick. Voyant son visage qui se décomposait, et ses mains portées à sa bouche, la jeune fille comprit avant même que son regard ne vienne suivre celui des garçons.

Leur père était allongé au sol, un sol jonché de rouge.

L'espoir était vain.

Son immobilité, la pâleur de son visage, ses yeux légèrement ouverts.

Il était mort.

Finn Al Où les histoires vivent. Découvrez maintenant