Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame Blanche

XIX

La jolie jeune femme blonde était restée enfermée dans sa chambre sans chercher à en sortir. Elle ressassait toutes les mésaventures qui s'étant produites depuis son arrivée ici, et le démon colérique de la veille rechignait à sortir de sa pauvre tête. Elle ne cessait d'aller et venir de son lit à la fenêtre étroite, seule ouverture vers l'extérieur. Gabriell avait fait sa réapparition dans la matinée, mais avait vite finit par s'envoler devant l'humeur massacrante de la blondinette. Il n'avait pas chercher à s'excuser ni de sa disparition, ni du fait qu'il n'était pas venu l'aider et cela n'avait fait qu'empirer la dévorante colère de la jeune fille.

Tournant comme un lion en cage, Natacha ne parvenait pas à se défaire du sentiment de désœuvrement qui la clouait sur place. Elle ne savait que faire, ni que penser. Ni Guillaume de Cheralye, ni le moine qui l'avait secourue n'avaient parlé du jeune homme possédé qui l'ayant sauvagement attaqué avant de disparaître dans un écran de fumée. Elle ne savait plus trop bien si elle avait rêvé ou non, tant le phénomène lui paraissait étrange et totalement impossible. Pourtant, elle l'aurait juré la veille, mais elle commençait à se demander si ce n'était point une hallucination due à toute la fatigue qu'elle cumulait au fil des semaines de travail acharné qu'il lui fallait fournir pour survivre.

Sa seule consolation était qu'elle avait perdu un peu de poids durant ces jours intensifs de service, maigre consolation quand elle pensait au lot de misère qu'elle traînait tel un boulet à sa suite. Cela ne suffisait pas à la rendre joyeuse. Elle ne se connaissait pas morose à ce point, et la perpétuelle envie de rentrer chez elle la tiraillait de plus en plus, dès qu'elle n'était plus occupée. Si Charlie avait pu la voir ainsi, elle n'aurait sans doute pas hésiter à se moquer de son état de loque dépressive et inactive.

Ses activités à l'auberge, même si elles pouvaient se révéler éreintantes, avaient le mérite de lui faire oublier sa situation incongrue, et d'occuper quelque peu son esprit. Mais, maintenant qu'elle était censée passer "quelques jours de repos", c'est-à-dire sans rien faire, seule et entre les murs de cette vaste forteresse, elle sentait la mélancolie revenir atteindre gravement son cœur déjà bien lourd...

Prise d'un geste brusque, Blanche se leva de son lit de soie, et étira longuement ses muscles ankylosés par son inaction, avant de se soupirer à elle-même:

"Je ne peux pas rester comme ça à ne rien faire...Il faut que je m'active rapidement si je ne veux pas devenir folle..."

Elle renifla l'odeur désagréable qui semblait émaner de ses vêtements, et décida de se changer prestement avant de gagner les cuisines pour tenter de trouver une occupation. En ouvrant un coffre en bois, des tenues de l'époque lui furent révélées, et le manque du monde contemporain se creusa davantage dans sa poitrine. Effectivement, elle doutait y trouver un jean, un sweat et une paire de converses, mais le jeune seigneur aurait pu penser à mettre autre chose que des robe raffinées et fort peu pratique pour se mouvoir sans encombres. Lâchant un énième soupir de désespoir, Blanche finit par se convaincre de se vêtir d'une de ces toilettes ancestrales, dont la mode était passée depuis bien longtemps.

Elle ne pouvait lier les fils du corset dans son dos, mais avait réussi à passer le tissus lourd sur son corps légèrement amaigris. La robe tombait en cascade dans son dos, et le corset soulignait sa taille plus mince et la rondeur de sa poitrine. Elle essayait d'attraper les fils, se trouvant ainsi contorsionnée, lorsque Guillaume rentra précipitamment dans la pièce. Il fut surprit de la trouver là, avant de se souvenir qu'il l'avait lui-même amenée séant. Constatant la position inconfortable dans laquelle se trouvait la Dame de ses pensées, il balbutia quelques excuses et claqua violemment la porte en sortant, chamboulé par l'image affreusement séductrice qu'il avait en tête.