XXIII

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Le jeune châtelain descendit les marches de l'escalier à toute vitesse, donnant ses ordres à tout ceux qu'il croisait et  qui voulaient bien l'entendre. Il fit quérir Tristan, énuméra ses instructions au commandant de ses troupes et s'enquit de l'état de la situation. Blanche le suivait, ne comprenant pas vraiment les circonstances et ne sachant que faire pour se rendre utile, derrière elle, le moine peinait à suivre la cadence rapide. 

Il croassa à l'attention de la demoiselle qui dévalait les marches à quelques mètres de lui:

" Ils ne sont pas très nombreux... mais dangereux, très dangereux, vous devriez vous cacher, ma demoiselle.

- Hors de question que je reste enfermée alors qu'il se passe une telle catastrophe! Répondit-elle, aussitôt, d'un ton sévère. Je suis peut-être une femme mais je sais me défendre que diable ! Cessez donc de croire que je suis faite de sucre !

- Il a raison, demoiselle Blanche, allez vous mettre à l'abri, et restez en sécurité avec les servantes. Appuya le seigneur des lieux, sans lui adresser une seule œillade.

Ils arrivèrent dans une petite pièce où était entreposée une grande table couverte d'un parchemin. Blanche n'y fit pas réellement attention, en s'empressant de contredire la volonté du géant brun.

- Je refuse ! Insista-t-elle.

- C'est un ordre! Rugit-il, en la foudroyant, cette fois, d'un regard perçant et en reversant presque la table ou se trouvait les plans du château. S'il vous venait l'idée de désobéir une fois de plus à mes directions, je vous punirai de la pire des manières qui soit!"

La mine boudeuse, renfrognée mais aussi quelque peu effrayée par le ton qu'il avait employé, la jeune fille ne trouva d'autre échappatoire que de se résoudre aux commandements de son tortionnaire, qui la congédia dans sa chambre, sous la tutelle de toute les servantes de la forteresse.

***

En quelques instants à peine, la chambre vide de la jolie demoiselle se transforma en un dortoir bruyant, où toute la gente féminine qui logeait au château s'était réunie. Blanche, installée un peu en retrait, fut rassurée par ces présences amicales et pleine de déférence envers elle, étant peu coutumière de ce genre de fait. Elle qui vivait depuis une semaine dans la plus grande solitude, se réjouissait de tant d'agitation même si elle sentait une grande tension flotter dans l'air. Elle ne savait que penser de la situation, les batailles de ce type avait cessées depuis longtemps, à l'époque contemporaine, même si des guerres demeuraient encore... Devait elle craindre pour sa vie derrière les murs épais de la forteresse ?

Elle demeurait néanmoins plus sereine grâce aux ordres précis du jeune seigneur qui semblait parfaitement maîtriser la défense de son fief d'après les dires de ses nouvelles compagnes. De plus, elle n'était pas tout à fait sûre de réaliser parfaitement l'état des choses actuel sachant que seulement une quinzaine de minutes plus tôt, elle s'était tenue auprès de lui dans ses appartements et pas vraiment pour discuter de la pluie et du beau temps...

Tout ce qui venait de se passer, et se passait encore, lui semblait irréel et parfaitement absurde aux vues de l'enchaînement des événements. Cet homme l'avait carrément renversée sur son lit pour tenter de lui extirper quelques baisers de manière fort malhonnête. Sans qu'elle ne l'ai vraiment souhaité, son cœur s'emballa à ce frais souvenir et elle sentit ses joues s'échauffer lorsqu'elle essaya d'imaginer ce qu'il se serait passé ensuite, si le moine ne l'avait pas interrompu... Et maintenant, elle se trouvait cloîtrée dans sa chambre alors qu'une guerre se tramait sous ses yeux. Cependant, elle ne s'en étonnait plus vraiment car depuis son arrivée au Moyen-Age, elle enchaînait des concours de circonstances plus farfelus les uns que les autres.

Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant