XXXVIII

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Natacha se releva, tremblante comme une feuille, et laissa le moine glisser l'anneau de la Sagesse autour de son doigt. Elle retourna à sa place, et fut réchauffée par le regard radieux que tous lui envoyaient. Mais elle n'eut même pas le temps de ciller, qu'une flèche noire fendit l'air pour se ficher dans le sol, à ses pieds. Elle se retourna vive comme l'éclair, pour voir s'approcher une silhouette si familière qu'elle en eut de désagréables frissons dans le dos. Si elle fut surprise de cette apparition un instant, elle s'imagina qu'elle n'était pas là seule.

" Comment est-ce...balbutia Athanase, comme un écho à ses pensées.

Le regard furieux que la jeune blonde lui coula en dit long sur le fond de sa pensée, mais celle-ci n'eut pas même le temps d'articuler quoique ce soit qu'une voix mielleuse se fit entendre:

" Et bien, je vois que nous n'avons pas été invités à la fête, susurra Superbia, le pêché suprême, dont la voix répercutait sur les parois de la salle rendant son écho aussi puissante que s'il avait eut un micro devant lui. Elle, qui, pourtant était si chère à notre cœur, jadis...Tu dois bien t'en souvenir toi aussi, Gabriell.

-Étonnamment, je me souviens surtout de la seconde cérémonie, celle où tu nous as tous trahis... Piqua la chouette venimeuse en l'assassinant du regard.

La jolie demoiselle et le sombre Superbia étaient les seuls à pouvoir entendre les paroles de l'oiseau de proie. Natacha, par cet échange, essaya d'aller à la pêche aux informations concernant le passé énigmatique de sa compagne ailée, malgré que ce moment soit pour le moins, plutôt très mal choisi. L'ancien Don de sagesse et le péché capital se connaissaient, de cela elle en était certaine, néanmoins, le lien qui les unissait était encore flou dans son esprit. La haine et la déception que semblait refluer sans cesse la jolie chouette blanche, à l'égard de cet homme, transparaissaient derrière chacun de ses mots véhéments. Natacha insistait d'ailleurs sur le fait que ce passé commun qu'ils partageait pourrait certainement être utile dans leur lutte contre le Mal, mais elle en était davantage convaincue en voyant réellement la tension entre les deux personnages.

Avec une lenteur calculée, l'homme commença à entamer la descente de l'immense escalier de pierre tout en toisant la petite assemblée quinze mètres plus bas. Mais alors qu'il arrivait à la fin des marches, six silhouettes encapuchonnées se dessinèrent à l'entrée de la pièce. Même à cette distance, Natacha reconnut sans peine dans les mains de l'une d'elles, le "Mictlan", cet artéfact maléfique qu'ils avaient utilisé lors de leur dernière rencontre, pour manipuler des centaines de malheureux dans un combat qui n'était pas le leur. Comme sur le champ de bataille, le crâne semblait pleurer du sang, ce qui ne pouvait signifier qu'une chose aux yeux de la demoiselle, qui avait été l'une des seules à voir l'objet en question; d'autres personnes étaient à nouveau utilisées. Mais alors qu'elle s'apprêtait à mettre en garde ses camarades, une trentaine d'hommes apparurent à leur tour. La petite blondinette se figea d'effroi en reconnaissant l'habit des moines de l'abbaye; à côté d'elle, Athanase se tendit et serra si fort son épée, qu'elle entendit ses phalanges craquer.

«Ils ont bien prévu leur coup cette bande de lâches ! S'énerva Gabriell consciente qu'à présent, ils tenaient là un objet de chantage.

"Je dois avouer que nous avons eu du mal avec tes compagnons, cher Athanase... Ricana le péché suprême tout en lançant un regard éloquent à la troupe de moines dont le regard était aussi vide que des abysses sans fond, signe de la profonde léthargie qui les maintenait prisonniers. Ils étaient plutôt du genre... Coriaces.

Alors que les rouages du cerveau cerveau de Natacha s'activaient à plein régime, les autres Dons commencèrent à se mouvoir rapidement pour se mettre en position de combat. Lorsqu'elle vit que leurs adversaires commençaient eux aussi à tendre leurs muscles, prêts à en découdre avec eux, la demoiselle se plaça devant Nathanaël dans un élan protecteur. Saroya lui adressa un regard gratifiant, et elles reportèrent toutes deux leur attention sur la troupe ennemie qui entreprenait une lente progression en leur direction. La pression ne cessait de s'intensifier au fil des secondes, et bientôt, elle fut rompue par le seul geste de Superbia, qui dégaina son épée, aussi sombre que majestueuse, afin de l'abattre violemment sur Gabriell qui l'esquiva à une plume prêt.

Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant