Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame Blanche

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Natacha fut guidée par la jolie chouette à travers les ruelles étroites de la bourgade.

" Et l'oiseau! Appela la jeune blonde, attends moi!

- Cesse de m'appeler l'oiseau, je ne suis pas l'un de ces vulgaires pigeons qui existent de ton temps, je suis une Dame Blanche! S'indigna la chouette, avant de s'envoler de nouveau, vexée.

- Rhô ça va, je peux t'appeler...Frénégonde? Hildegarde? Gontran ?D'ailleurs tu es une fille ou un garçon?

- Ni l'un, ni l'autre petite curieuse. Mais tu peux m'appeler Gabriell avec deux l et sans e.

- Comment ça ni l'un, ni l'autre ? Tu es hermaphrodite ? Gabriel ou Gabrielle ? Explique toi!

Sûrement agacée par l'empressement de Natacha, la chouette l'ignora et s'éloigna, la laissant seule avec ses questions et ses réflexions.

Lorsque l'obscurité la gêna, la jeune fille dut se résoudre à suivre le chemin de l'auberge à l'aide des grands corps saouls jonchant sur le chemin en terre battue. Certains, n'ayant pas encore sombré dans un coma fort alcoolisé, la hélaient avec des grognements faiblards. La jeune femme, frigorifiée pressa le pas.

S'approchant de celui qui lui paraissait être le plus lucide, la jolie demoiselle s'enquit avec une douceur contrastant avec la scène :

" Pardonnez moi, gent damoiseau, sauriez m'indiquer promptement et pressement, la voie à suivre pour quérir l'auberge des trois larges tonneaux.

Visiblement, son essaie dans un semblant de jargon moyenâgeux fut tout bonnement...Un échec...cuisant. Le grand bonhomme n'avait pas dû saisir un traître mot de son discours plus ou moins éclairé, et la dévisagea d'un air hagard, comme si elle venait d'un autre monde. Certes, il n'avait pas totalement tord, mais Natacha se sentit profondément touchée dans son ego, face à cette tentative ratée.

" Le...le bordel! S'exclama-t-elle écarlate, tant la gêne lui était insupportable.

- Trois barriques? Grogna-t-il

- Oh oui ! C'est ça ! S'écria-t-elle soulagée. Où est-ce?

- Pourquoi ? ronchonna-t-il, peu amène à la conversation, t'y travailles p't-être ?

- Plus ou moins...Si on veut hésita la jeune femme, devant la tournure intrusive que prenait la discussion.

- Si j'te paye une nuit, j'te dirai l'ch'min, p'tite donzelle.

- J'y travaille plus moins que plus, contentez vous de m'indiquer le chemin! Se rebiffa-t-elle, reprenant toute ta superbe, ce qui eut pour effet immédiat de calmer les ardeurs du soulard.

- Z'avez qu'à longer la muraille, passer le pont et z'y serez", capitula ce dernier.

La jeune femme le remercia d'un bref hochement de tête, et suivit ses dires à la lettre. Elle finit, à force de persévérance, par trouver son salut. L'auberge se tenait effectivement de l'autre côté du pont. À cet instant, une silhouette dont la carrure imposante lui était familière, franchit le seuil de la porte, sans doute pour respirer l'air hivernal.

Natacha hoqueta de surprise, c'était....l'aubergiste ( nda: avouez vous avez cru un instant que c'était Guillaume...mdrrrrr😏). La bonne femme l'aperçut elle aussi, et s'empressa de la rejoindre.

" Ben ça alors! Si j'm'attendions à vous r'trouvrer ici!

- Oh! Si vous saviez comme je suis contente ! Ça fait des heures que j'marchons à votre recherche ! S'exclama Natacha, au comble du soulagement, à tel point qu'elle en perdit son français correct.