Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame Blanche

VIII

- Ohé ! L'oiseau ?! S'il te plaît ! Je sais que ce que je racontais n'était pas des plus intéressants, mais ne m'abandonne pas pour autant...d'ailleurs...

Elle se tue de nouveau lorsque un hululement strident se fit entendre au travers des épais branchages. Prêtant davantage attention à la route, elle se rendit compte qu'elle était face à un cul de sac naturel, créé par l'amoncellement de branches, de ronces et de fougères. Soucieuse, elle interpella l'oiseau de proie sans savoir si celui ci l'entendrait, bien décidée à rebrousser chemin, et ce même si cela impliquait de se retrouver seule.

Mais visiblement la forêt ne partageait pas son avis, car lorsqu'elle voulut faire machine arrière, elle perçut des grognements bestiaux semblables à ceux d'animaux sanguinaires. Le cœur battant, elle dut prendre une décision rapidement. Les ronces ou les bêtes sauvages. Et tout bien considéré, les épines des ronces lui semblaient mille fois plus enviables aux crocs aiguisés d'un loup ou autres joyeusetés carnivores et voraces de ce genre.

Inspirant un bon coup, la jolie blonde prit son courage à deux mains, sachant que dans les deux cas, l'issue serait douloureuse. Fermant les yeux et les protégeant de ses mains, elle baissa légèrement la tête et s'élança dans les ronces.

Mais ce ne fut pas la douleur de milliers d'épines s'enfonçant dans sa chaire qui l'accueillit, ce fut celle de la  dureté d'un sol qui nous étreint lorsque l'on se casse, littéralement... la gueule.

" Aïeuh " Gémit-elle en frottant frénétiquement ses genoux abîmés.

Avant de se relever, elle se tordit le cou pour observer son environnement. Elle se trouvait être tombée dans une minuscule clairière, face à une falaise rocheuse, dans laquelle l'ombre d'une grotte se dessinait, grâce à la lueur de cet fin d'après-midi, sur les pierres sombres.

La jolie chouette immaculée était posée sur l'un des rocs pointus, qui gardaient l'entrée de la grotte, telle une sentinelle à l'affût du moindre danger. Perplexe, Natacha se mordit la lèvre en se demandant comment elle avait bien ou atterrir en cet endroit si mystérieux. Les ronces obstruaient le chemin derrière elle, et pourtant aucune d'entre elles ne l'avaient égratignée.

" Bon...Je pense qu'une petite sieste s'impose...soupira-t-elle, réalisant que depuis qu'elle avait quitté le château,  elle n'avait cessé de courir dans tous les sens et que la fatigue accumulée depuis, devait lui provoquer des hallucinations, pour le moins très convaincantes.

Bien mal en point, elle se remit lentement sur ses jambes endolories et affaiblies. Suivant son mouvement maladroit, la chouette déploya ses puissantes ailes et s'envola gracieusement dans les profondeurs de la grotte incitant la jeune femme à faire de même mais celle-ci demeurait quelque peu réticente à l'idée de foncer à nouveau dans l'inconnu. Elle finit tout de même par se raisonner et s'approcher de l'entrée tout en murmurant en elle-même :

« Tu l'as bien suivie dans la forêt de la mort... Tu peux bien la suivre dans une grotte maintenant ! »

Une fois les yeux de Natacha accommodés à l'obscurité ambiante, elle découvrit un endroit aussi terrifiant que magnifique. Et pourtant, malgré les immenses et sinistres stalactites, l'humidité glaçante de l'air, le manque de lumière et les sons angoissants qui se répercutaient sur les parois nues et moites, la jeune fille de sentait étrangement sereine et apaisée. C'était comme si elle était englobée d'une source de chaleur omniprésente qui la protégeait de tout mal. Son regard fut attiré vers le haut de la grotte où volaient moultes rapaces. Elle y reconnut des chouettes gracieuses, des hiboux majestueux, quelques milans et éperviers, et bon nombre d'autres rapaces qui lui étaient inconnus, virevoltant dans des tourbillons de plumes sombres. Fascinée par leur ballet aérien, elle ne pouvait plus détacher son regard du plafond ruisselant de la caverne.