XV

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Le souffle du géant brun ne cessait de jouer avec ses mèches de cheveux qui voletaient au gré de sa respiration. Blanche fit glisser sa vue des yeux d'acier à la bouche dangereusement proche de son tortionnaire. Guillaume suivit son regard, et un sourire se dessina rapidement sur ses lèvres rêches. Il sentait qu'il ne pouvait pas la laisser s'en aller, que sa place était auprès de lui, et nulle part ailleurs, aussi bien en ce moment même que pour tous les autres jours de son existence. Ses pensées se perdirent lorsque les balbutiements de la splendide demoiselle atteignirent ses oreilles:

" Je vous prie de m'excuser...Je regrette sincèrement. Vraiment je vous prie de bien vouloir me croire Seigneur."

Guillaume se délecta de la gêne de la jolie jeune fille, et ne souhaitait guère mettre fin à son supplice, trop heureux qu'elle se soumette enfin. Il n'ignorait rien de la peur qui l'animait, et regrettait qu'il s'agisse du seul sentiment qu'il réussisse à faire naître en elle. Pour sa part, la demoiselle provoquait chez lui diverses émotions, toutes plus dangereuses les unes que les autres.

«Vite Natacha, un plan...une solution... un miracle... n'importe quoi mais pas lui !!!" S'écria-t-elle intérieurement tout en suppliant le ciel de bien vouloir faire quelque chose.

Sentant le temps s'allonger, elle tenta de se défaire de l'emprise de son agresseur, mais les bras de celui-ci s'activèrent rapidement et encerclèrent ses poignets légèrement tremblant, afin de la maintenir immobile. La jeune femme craignait le coup fatal arrivé lorsqu'une ombre fendit l'air. Un rapace immaculé avait jailli de la forêt à une vitesse folle, et voltigeait autour du couple. La blondinette cru mourir de soulagement lorsqu'elle reconnut Gabriell, mais, alors que l'oiseau de proie se posait sur une branche au dessus d'eux, elle comprit qu'elle n'allait pas faire grand chose pour la libérer du maraud qui la tenait statique.

Son regard se perdit dans les profondeurs des prunelles d'acier qui la dévisageait avidement, comme pour s'imprégner de son image et la graver au fer blanc dans sa mémoire. L'odeur enivrante de lavande flottait autour de la jeune femme, et son odeur corporelle embaumait l'atmosphère, si bien que Guillaume du se retenir de humer l'air jusqu'à en perdre la raison. Les vapeurs de l'alcool embuait son esprit et la seule directive que lui donnait son cerveau était d'embrasser passionnément voire presque sauvagement sa captive, tant la tentation de ses lèvres était dévorante.

En temps normal il aurait cédé sans l'ombre d'une hésitation si le regard de sa prisonnière n'était pas si... craintif. La tension qui régnait entre eux monta d'un cran, si bien que l'atmosphère s'alourdit tel un lourd et étouffant manteau.

Guillaume faisait à présent face à un dilemme, l'embrasser, la faire sienne, lui apprendre les bonnes manières à sa façon et la ramener avec lui de gré ou de force, ou, une nouvelle fois, de la laisser lui filer entre les doigts et d'oublier une bonne fois pour toute cette diablesse aux yeux de feu qui lui causait tant de soucis. Si le froid hivernal, la baignade et les yeux suppliants de sa démone l'avait aidé à décuver quelque peu, il demeurait toujours dans cet état de forte ébriété qui ne l'aidait absolument pas dans son choix. La boisson finit par l'emporter sur la raison, et il céda à la tentation du péché des lèvres de la petite blonde qui commençaient à bleuir sous le froid.

Voyant les quelques pauvres centimètres, qui la séparait du jeune homme, se raccourcirent aussi vite que la mèche d'une dynamite, Blanche redoubla d'effort dans sa tentative désespérée de lui échapper. Finalement, voyant l'inévitable approcher elle tenta en dernier recours, le coup bien placé mais il bloqua sa jambe avant même que celle-ci eut atteint sa cible comme s'il avait anticipé son geste. Les mains entravées par les siennes, elle ne pouvait plus faire grand chose, et elle se crispa avant de dévisager le visage désormais fort proche de son adversaire. Elle eut à nouveau le loisir de détailler ses traits, froids et pourtant si protecteur. Elle ne savait guère si la protection que l'éclat de ses iris grises renvoyaient lui était destinée, mais le sentiment semblait entêtant et tenace.

Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant