XIII

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Désarçonnée par le regard qu'il abordait, ainsi que le petit rictus satisfait qui se dessinait au coin de ses lèvres, Blanche tenta de reprendre une certaine contenance en revêtant le masque dont elle seule connaissait le secret. Selon Charlie, avec ce regard elle ressemblait à une "Grande Dame" et Pablo avait toujours renforcé ses propos en lui affirmant qu'elle avait sûrement du sang noble dans les veines. Il était peut-être temps pour elle de jouer de ses atouts. Elle croisa les bras sous sa poitrine et le gratifia d'un regard aussi froid qu'un glaçon et empli d'indifférence autant envers sa personne que son rang de seigneur. Elle voulait qu'il voit à quel point elle n'en avait rien à cirer qu'il soit châtelain et compagnie. Elle désirait le déstabiliser pour qu'il lui lâche enfin la grappe.

Visiblement, cela fonctionnait puisque l'arrogant seigneur perdit rapidement sous ses œillades son petit sourire moqueur et fronça ses épais sourcils faisant apparaître de petites rides sur son front. La jeune fille sentit alors son propre stratagème se retourner contre elle, en effet la nouvelle expression qu'il arborait ne la laissait pas du tout indifférente, au contraire elle le trouvait affreusement séduisant. Elle voulut se gifler mentalement d'avoir de telles pensées envers cet homme qu'elle était censée détester plus que toutes autres choses dans ce bas monde et elle dut se faire violence pour ne pas lui montrer à quel point il lui faisait de l'effet.

Malheureusement c'était bien plus compliqué que prévu et si Charlie avait pu être avec elle, elle aurait sûrement été du même avis qu'elle, il était à tomber. Le mélange de ses yeux d'aciers teintés d'une profonde colère, ses mèches sombres qui lui tombaient insolemment sur le front, son imposante carrure qui la faisait sentir si insignifiante à côté de lui, en résumé, tout son corps était un mélange parfait de virilité et de puissance. La seule ombre à ce table pratiquement parfait, son caractère qu'elle ne parvenait pas à encadrer. Une telle symbiose entre la beauté de son physique et son arrogance faisait de lui l'incarnation d'un démon aux yeux de la jeune fille, le roi de démon même, tout droit sorti de l'enfer, pour venir inlassablement la tourmenter.

La jeune blonde eut presque envie de rire quand elle se rendit compte qu'elle l'avait comparé au roi des Enfers et elle aurait voulu l'appeler Hadès tant cette comparaison lui semblait coller à l'image du seigneur. Mais elle remit immédiatement pieds sur terre quand elle vit que l'expression de son bourreau avait radicalement changée. Il semblait à cet instant frustré, et en proie à une sourde rage.

Sans qu'elle ne vit le coup venir, il s'approcha d'elle, lui saisit violemment le bras et, pour la seconde fois de la journée, la traîna à sa suite. Blanche ne connaissait pas la pièce où le colosse la poussait, et la détailla rapidement d'un coup d'œil circulaire, afin de trouver une éventuelle sortie. Mais à son plus grand dam, il n'y a avait qu'une seule porte, et le grand gaillard la bloquait de son corps massif. Les murs étaient proches les uns des autres, ce qui ne laissait pas beaucoup de place au deux jeunes gens. Si la promiscuité dérangeait la demoiselle, le jeune homme, lui s'en voyait ravi, et chercha un instant ses mots, pour la réprimander sévèrement. Mais les doux traits du visage de la jolie jeune fille l'empêchaient de formuler un avertissement dur.

" Que voulez vous donc?" siffla-t-elle, les dents serrées.

Les paroles sèches qu'elle lui adressa eurent le mérite de réveiller la colère noire du beau jeune homme, et son indignation quant à son indifférence des plus blessantes. Il cracha sournoisement:

" Vous punir, petite ribaude! Votre insolence n'a d'égale que votre stupidité! Vous devriez me témoigner le respect dû à mon rang, comme je n'ai eu de cesse de vous le répéter ! Mais il semble que vous soyez encore prête à me provoquer.

-Quand je suis au château peut-être, votre "seigneurie", grinça-t-elle, mais certainement pas en ces lieux!
Libre à vous de venir affronter mon courroux, mais ne vous plaignez pas de mon insolence, alors que c'est vous même qui choisissez de me provoquer et non pas moi ! Argua-t-elle, révoltée.

Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant