XXXVII

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La descente parût interminable aux yeux de Natacha, qui commença même à se demander s'ils n'arriveraient pas un jour au centre de la terre. Elle resserra nerveusement sa main autour de celle que lui avait offert le géant brun qui marchait tranquillement à ses côtés. Il ne la regarda pas lorsqu'il sentit sa crispation mais caressa du pouce ses petits doigts fins, espérant ainsi la rassurer. Mais même si lui même paraissait serein, Natacha devinait sans peine qu'il refrénait également l'angoisse de cette perspective de choix, car ses muscles tendus, ses yeux reflets d'incertitude et sa mâchoire serrée confirmaient parfaitement l'idée qu'elle se faisait.

A son plus grand soulagement, la lumière se révéla enfin au bout du tunnel. Mais quelle ne fut pas sa surprise de découvrir, en arrivant enfin vers la source lumineuse, non pas une banale petite pièce mais bien une salle, défiant le réalisme, aux proportions démesurées. Elle avait d'abord pensé à une sorte de cave sombre éclairée uniquement par la lueur provocante des torches, mais commençait à apercevoir la somptuosité de leur lieu de rendez-vous. Le système d'éclairage de la salle, consistait en de simples rigoles creusées dans la paroi et remplies d'un liquide inflammable qu'Athanase avait pris soin d'allumer à l'aide de sa torche, le tout serpentait en tous coins de la pièce, offrant une lueur unique à ce lieu d'une beauté fascinante.

La seconde surprise fut de constater qu'ils n'étaient pas encore arrivés à destination, mais simplement au bout d'un tunnel qui s'ouvrait dans le haut d'un des murs de l'immense pièce. L'environnement était tel qu'elle ne pouvait regarder le sol en contre-bas sans avoir le vertige. Le long corridor qu'ils empruntaient était sans a moindre exagération à une bonne quinzaine de mètres au dessus du niveau du sol, et les immenses murs qui les entouraient, devaient au moins en mesurer le double, ce qui paraissait tout à fait impossible pour la jolie blonde. Aucun homme ne serait en mesure de réaliser une pareille pièce, surtout avec tout les systèmes arriérés dont les gens du Moyen-Âge disposaient.

Natacha se mordit les lèvres pour ne pas poser les milliers de questions qui lui brûlaient la langue, puisque le moine qui les guidait avait l'air bien trop concentré sur sa tâche. Le mystère quand à l'origine de cet endroit demeurerait ainsi entier pour un temps, mais il tardait à la jeune femme d'en découvrir toutes les facettes. Devant eux dévalait un large escalier où le vide se présentait de chaque côté, renforçant le léger vertige de la demoiselle qui aurait aimé pouvoir s'accrocher au moins à une rambarde. Prudemment, Guillaume et Natacha descendirent celui-ci, conscients qu'un faux pas pourrait les mener à terminer en œuf au plat quinze mètres plus bas. Inconsciemment, ils resserrèrent l'emprise de leur poignée de main, jusqu'à ce que les marches atteignent progressivement une hauteur acceptable. Une fois arrivés à destination, la blondinette soupira d'aise, heureuse de ne pas avoir finit sa vie plate comme un timbre. Elle prit alors le temps de contempler le décor qui l'entourait en lâchant la main caleuse de son compagnon, geste qui déplut d'ailleurs particulièrement au concerné.

Le terme finesse aurait été un euphémisme pour décrire la beauté de la gigantesque salle. Les murs blancs étaient couvert de reliefs envoûtants représentant des élément naturels tels que des arbres aux arabesques délicates ou des fleurs aux pétales raffinés, mais aussi d'autres motifs ressemblant à des sortes de hiéroglyphes inconnus à la demoiselle. La couleur pure de la pièce la rendait d'une pureté angélique, voir divine. Chaque parcelle de pierre, sans doute du marbre, était resplendissante de décorations qui étaient loin d'être criarde et de mauvais goût. La douce fraîcheur de cette élégance apaisait la jolie demoiselle qui n'arrivait plus à détacher ses yeux de ce spectacle immobile qui faisait naître en elle cet émerveillement. Contrairement aux attentes de la jeune fille, ce lieu n'était pas humide et froid, mais l'air qui y circulait était tiède et léger comme la brise d'été. Par moment, un souffle d'air frais pénétrait par de petits orifices creusés dans le mur, communiquant certainement avec l'extérieur et apportant l'oxygène nécessaire pour rendre l'atmosphère respirable.

Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant