II

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"Un collier?

La jeune fille tira sur la chaînette argentée et la déroula, révélant toute la splendeur du pendentif. Une petite chouette aux reflet étrangement nacré pendait fièrement sur la chaîne qu'elle serrait entre ses doigts fins. Ses yeux étaient taillés dans des éclats de saphir, et leurs scintillements rendaient le bijou extrêmement attirant. La pierre noire et mate avait du être patiemment rodée et travaillée, pour lui donner un aspect si doux. 

Brisant l'harmonie et l'admiration silencieuse de chaque personne présente dans la petite pièce, monsieur Dubois ouvrit la porte à la volée. Charlie tourna instinctivement les yeux vers le nouveau venu, et remarqua qu'il se tenait parfaitement immobile sur le seuil, fixant le collier avec un intérêt non dissimulé. Il allait même jusqu'à s'exclamer en le désignant du doigt:

"Lui ! 

- Qui ça "lui" ? Répéta Charlie en jetant un regard circulaire dans la pièce, à la recherche d'un éventuel passager clandestin.

Natacha leva les yeux au ciel, légèrement exaspérée par la bêtise de son amie. Parfois, il lui arrivait de se demander si la brunette savait qu'elle paraissait parfaitement stupide. Et pourtant, elle connaissait son amie sur le bout des doigts, et pouvait affirmer qu'elle était loin d'être idiote. Seulement impétueuse et bornée.  Intriguée par l'annonce de Monsieur Dubois, elle interrogea l'homme d'un regard éloquent.

" Tu n'es pas sans savoir qu'il te manquait un accessoire primordial, fit-il en insistant sur le "primordiale". Je veille au bon déroulement de l'illusion médiévale que nous allons tenter de reproduire pendant le festival et crois moi, chaque détail compte ! Il faut un collier à toute les figurantes, et tu ne fais pas exception à la règle.

- Vous voudriez que je porte celui-ci ? Élucida la jeune femme, dardant son regard sur le bijou majestueux. 

- Il me semble être le plus adapté à tes apparats, et à ton bliaud. Fit remarquer le directeur du musée. 

- Vous avez toujours aussi bon goût, cher Célestin! J'en suis tout émoustillé! Concéda Pablo en frappant ses mains à répétition tel un enfant qui découvrait ses cadeaux le soir de Noël.

Son intervention causa un silence glacial, duquel le jeune stagiaire profita pour s'éclipser doucement. De toute évidence, une information capitale venait d'être délivrée.

-Pablo...fit monsieur Dubois, décortiquant chacune des syllabes.Je vous saurai gré de ne plus m'appelez plus par ce prénom..."

Le directeur avait, en effet, une sainte horreur d'être appeler par son premier prénom, que d'ailleurs peu de personnes connaissaient. Il se faisait donc appeler par son deuxième éponyme : Alexandre. Si Charlie pouffa d'un rire discret, Natacha se garda bien d'esquisser le moindre rictus. Monsieur Dubois était suffisamment sensible sur le sujet pour qu'elle ne souhaite pas en rajouter une couche. D'autant qu'elle avait le directeur du musée dans ses petits papiers. Il serait dommage de gâcher une si belle entreprise en l'espace de quelques secondes. Par chance, l'objet de ses tracas était focalisé sur la personne de Pablo, qui semblait pourtant  insensible à la règle. Mais cela n'étonnait personne, avec sa personnalité d'hurluberlu.

- Oh, miiiiséricorde! J'avais omis ce léger détail, c'est fort peu convenant et j'en suis tout à fait navré, mon cher Celest...Dubois..hum...

- Bien, avant que je ne perde le peu de crédibilité qu'il me reste, Consentit-il à l'excuser, un air très sérieux fiché sur le visage,  vous allez me suivre et nous allons passer à la seconde phase.

- Les costumes!! Jubila le styliste, au comble de l'euphorie, achevant le suspense rapide que la phrase du directeur annonçait. Vite vite vite! Mes poussinettes!! j'ai tellement hâte! "

Le Temps Des Sortilèges - Tome 1- Dame BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant