Dreamers (Premier Jet)

Chapitre 13 [2]

Le trajet se déroula en silence. Raise dormait contre l'épaule de Nash et le jeune homme avait le ventre noué, mais il ne savait pas trop pourquoi. C'était de l'inquiétude, de la tristesse, de la peur, de l'appréhension... mais pourquoi? Il sentait son coeur se réchauffer pour Raise, ses défenses s'effondrer. Il était le roi d'un château sans muraille, se faisant attaquer par l'ennemi le plus redoutable. Il était sans défense face à la menace. Ses mains se mirent à trembler et sa vision devint floue. Il avait de la difficulté à respirer, au bord d'une crise de panique. Il sentait son coeur battre, trop fort, trop vite. Le monde se mis à tourner alors que la panique s'emparait de lui. Il était totalement fou d'avoir imaginé qu'il pouvait laisser quelqu'un entrer dans sa vie.

- Arrêtez la voiture, demanda-t-il sèchement au chauffeur.

Sa voix était étranglée, il manquait de souffle. Le chauffeur se dépêcha de se garer. Nash détacha sa ceinture d'un geste précipité et sortit rapidement de la voiture. Il prit de grandes inspirations, fermant les yeux, s'accotant contre un mur, les mains dans les cheveux. Il resta ainsi, se calmant difficilement. La tête levée vers le ciel, il laissait le soleil réchauffer sa peau. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas ressentit cette sensation. 

- Nash? entendit-il murmurer.

Ses mains se remirent à trembler et il serra ses cheveux dans ses poings pour contrôler, ou plutôt cacher, ces tremblements. Il doutait de pouvoir ouvrir les yeux sans vomir. Il sentait encore la terre tourner.

- Nash... ça va?

Raise se sentit idiote d'avoir posé cette question. La réponse était évidente pourtant. Elle se mis à tordre ses doigts de façon embarrassée. 

- Oui, oui... T'inquiète. Entre dans le taxi, j'arrive. 

La jeune femme obéit, au plus grand soulagement de Nash. Il n'avait toujours pas ouvert les yeux. Il sortit une cigarette et l'alluma rapidement. Il prit une bouffée et relâcha doucement la fumée avec un soupir de soulagement. Il prit une ou deux minutes pour fumer, puis, écrasa sa cigarette sur le sol et entra dans le taxi. 

Raise, qui l'avait observé par la fenêtre fut étonnée de ne  pas sentir sur lui l'odeur de la cigarette. C'était une odeur à la fois plus agréable et plus dérangeante. Elle préféra ne pas poser de questions, mais elle n'oublierait pas ce qui était arrivé. 

°°°

Après avoir finalement fini le trajet jusqu'à l'aéroport, s'être enregistré et avoir passé la sécurité, sans tricher cette fois, ils étaient finalement dans l'avion, prêts à s'envoler pour Los Angeles. Nash avait été forcé de révéler à Raise leur destination une fois arrivés à l'aéroport. L'incident du taxi avait été rapidement oublié, même si Raise s'inquiétait de ce que Nash avait fumé. Du pot? Non, ça n'avait pas l'odeur désagréable du cannabis. Alors quoi? Elle espérait que ce n'était pas quelque chose de trop horrible. 

Nash dormait paisiblement sur le siège voisin. Il semblait tellement vulnérable comme ça. Elle l'observa doucement. Elle ne pu s'empêcher de trouver qu'il était beau habillé comme ça, comme il le voulait. C'était injuste qu'il ne puisse pas porter ce qu'il voulait alors que les Dreamers le peuvent. 

Raise observa ses propres vêtements. Une camisole rouge sang avec un jean noir et une veste, de la même couleur, en laine avec de très grosse mailles. Elle n'avait pas grand chose d'autre au repère. Elle devrait vraiment aller acheter d'autres vêtements, si elle ne pouvait récupérer les siens. 

La jeune femme soupira. Elle se concentra sur ce qui allait venir. Ce qui était positif. Elle allait à L.A. avec Nash! Et il avait une surprise pour elle apparemment en plus. Mais, malgré ses efforts, son esprit divagua vers Larra. C'était avec elle qu'elle devait aller à Los Angeles. Larra, qu'elle avait laissé la gorge tranchée, dans la maison de sa meilleur amie. Meilleure amie qui n'était même pas allée à l'enterrement. Tout le monde devait penser que Raise était disparue. Son père devait s'inquiéter, même si elle l'avait appelé il y a quelques semaines. Elle sentait les larmes sur le point de jaillir de ses yeux.