Chapitre 13

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- Tu te souviens de Flynn Johnson ? je lance à Sirius alors qu'il est couché sur moi dans le canapé.

- Et comment ! me répond-il avec un sourire. Qu'est-ce qu'il nous a fait comme coups bas celui-là ! De la part d'un Gryffondor, je trouve ça honteux.

Je le rejoins sur ce coup là. Flynn était un bon ami à nous avant notre septième année, puis, dès qu'on s'est assumé en public, il a commencé à être odieux et méchant.

Le pire, c'était qu'il ne se faisait jamais punir par les professeurs mais nous qui répliquions, oui.
Par la suite, on avait appelé les trois mois durant lesquels nos malheurs avec Flynn étaient arrivés les « Mois de la Terreur ». Et le nom était bien justifié; on était toujours terrifiés à l'idée de le croiser dans les couloirs.

- Heureusement que tu as su t'en débarrasser, Lunard ! déclare Sirius en m'embrassant. Rien de mieux qu'un loup-garou pour faire partir un petit malin !

J'ai souris; cette anecdote est sans doute la meilleure de ma septième année. Avec du recul, ça a du être effrayant pour Flynn mais sur le coup, on était fiers de nous.

- Je n'ai pas fait grand chose, je réponds modestement.

- Arrête un peu; tu as été notre héros, en somme. Et, rien que pour ça, je t'aime !

J'ai souris et je l'ai embrassé en lui répondant que moi aussi, je l'aimais.

***

Cela faisait une semaine que les « Mois de la Terreur » avaient débutés et Flynn ne manquait pas d'imagination.

Il avait tagué à l'encre indélébile des inepties sur Sirius et déclenchait souvent des duels dans les couloirs entre James et lui.

Nous, on faisait comme si ça ne nous affectait pas. Mais on ne s'embrassait quand même pas en plein milieu des couloirs. Non, on se contentait seulement de se tenir la main quand il n'était pas là.

Ce qui me sidérait, c'était que c'était Sirius qui prenait tout et qui encaissait sans rien dire. Je savais qu'au fond il souffrait mais qu'il n'osait pas me l'avouer.
Il faisait le fort mais il semblait si accablé le soir quand on se réunissait.

Et moi, ça me faisait d'autant plus souffrir. Je détestais le fait que nous ne pouvions pas nous aimer en paix. Pour nous, l'amour était interdit.

Malheureusement, je n'ai rien fait. Non, j'ai pensé que la situation finirait bien par s'arranger alors j'ai attendu qu'elle s'arrange d'elle même.
Je n'aurais peut-être pas du attendre si longtemps parce que, trois mois, c'est long et notre couple a failli à plusieurs reprises se briser a cause de cette enflure.

La première fois qu'on a frôlé la rupture, c'était un peu avant la Saint-Valentin. Sur cette fête, on avait deux idées différentes.

Moi, je voulais la faire discrète car je ne supportait pas la commercialité de cette fête. Sirius, lui, y voyait la une occasion de me montrer son amour et voulait à tout prix la fêter avec moi.

- C'est la première Saint-Valentin que je passe en couple, m'a-t-il dit alors qu'on discutait sur le sujet. Tu ne peux pas me dire qu'on ne la fêtera pas.

- Je ne préfère pas, tu sais ? lui ai-je répondu en caressant sa paume de mon pouce. C'est plus prudent si on reste discret.

- Mais, justement, on en a marre d'être discret ! On s'assume désormais, n'est-ce pas ?

Je lui ai offert mon plus beau sourire de compassion avant de continuer:

- On ne s'assume pas tant que ça quand tu regardes. Johnson nous empêche tout cela. Et, je suis désolé, mais c'est aussi à cause de lui si je suis réticent à propos de la Saint-Valentin.

Là, ses yeux ont changés du tout au tout. On aurait dit qu'il était beaucoup plus en colère et avait perdu toute la douceur qu'il prend avec moi d'habitude. Il a brusquement lâché ma main et m'a dit:

- Nous en sommes encore à parler de Johnson alors que je t'ai déjà dit que je me fichais de ce gars...

- Je sais bien que c'est faux ! l'ai-je interrompu. Tu es accablé par ses remarques et tu n'en peux plus de te rendre en retenue quasiment tous les jours à cause de lui ! Je le sais, je le vois !

- Si tu penses que je suis aussi fragile que ça, tu te trompes, a répondu sèchement Sirius. Ce Johnson ne me fait ni chaud, ni froid et si tu trouves que c'est faux eh bien c'est qu'il est temps pour nous d'arrêter notre manège. Ces dernières semaines, je ne t'ai plus reconnu. Tu n'es plus d'accord avec moi et tu t'obstines a dire que je vais mal. Je me portes bien et je n'ai pas besoin de toi pour ça !

Il avait parlé si sèchement que j'en ai eu les larmes aux yeux. Plus tard, j'ai appris qu'il en avait tellement marre de la situation dans laquelle Johnson nous plongeait qu'il avait craqué et avait déversé sa colère sur moi.

Mais, sur le coup, je ne reconnaissait plus le garçon que j'aimais. Il semblait être parti le temps d'un instant.
Et, rejoignant les mots aux gestes, Sirius s'est levé et m'a accordé un dernier regard avant de quitter la pièce.

Une fois sorti, je n'ai pu empêcher mes larmes de couler le long de mes joues. J'étais seul dans la salle commune, il était 4h du matin et je pleurais comme un enfant.
Mais, tout à coup, sortant du dortoir, un grand garçon aux cheveux blonds s'est avancé vers moi. C'était Flynn Johnson.

Flynn s'est avancé vers moi et s'est assis sur le fauteuil en face de moi. Je ne comprenais pas très bien ce qu'il faisait là mais j'ai décidé de ne pas le calculer et de continuer à pleurer en silence. Même si je le voulais, les larmes ne s'arrêtaient pas de couler sur mes joues pales.

- Pourquoi tu pleures, Remus ? m'a-t-il demandé. Tu ne devrais pas... ça enlève le charme de tes yeux.

Je suis resté choqué. Pourquoi se mettait-il à parler ainsi et pourquoi il m'avait rejoint dans la salle commune à 4h du matin ?

Tout à coup, il a approché sa main de mon visage et, sans que je ne puisse arrêter quoi que ce soit, il a essuyé d'un revers de main les larmes sur la joue gauche.
Mais, directement, j'ai repoussé sa main avec agressivité.

- A quoi tu joues, là ? ai-je demandé sèchement.

- Je profite que ce petit con de Black t'ai brisé le cœur pour te montrer à quel point tu es formidable, a-t-il répondu d'un ton mielleux qui ne lui ressemblait pas du tout.

Je me suis directement méfié de son petit jeu. Pourquoi ce revirement de situation au moment pile où Sirius venait de m'abandonner ?

- Tu ne sais pas à quel point tu es formidable, Remus, a-t-il chuchoté en s'approchant dangereusement de moi.

Je paniquais dans ma tête. Je ne savais pas comment me sortir de là. J'étais encore plus stressé que je ne l'étais lorsque Elizabeth m'a embrassé pour la première fois.

Bien sûr, là, je n'avais nullement envie d'embrasser cet abruti mais il en avait décidé autrement.
Il a soudainement plaqué sa bouche contre la mienne avant que je ne réagisse. J'étais tellement surpris que je n'ai pas pensé à le repousser ou quoi que ce soit d'autre. Je n'en avait pas tellement la force...

Mais, déjà, il se décollait et s'est essuyé la bouche avec dégoût. Au même moment, son meilleur ami, Gabe Montgomery, est sorti du dortoir avec un appareil photo à la main.

- Je t'avais dis que j'y arriverai, Gabe ! s'est écrié Flynn et le rejoignant. T'es si naïf, Lupin !

- J'aurais jamais pensé, mec ! a répliqué Gabe en lui tendant trois pièces. Les voilà tes trois galions. Et, toi, Lupin, voilà la photo surprise !

Il m'a lancé une photo animée de mon baiser avec Flynn. J'y ai à peine jeté un coup d'œil avant d'être écœuré. Il me répugnait tellement qu'il avait réussi à me faire avoir honte de moi même. Oui, j'avais honte de m'être fait avoir et embrassé par un idiot pareil.

Du coup, je n'ai pas trouvé mieux que de partir de là. Partir loin. Pour un moment.

Souvenirs, souvenirs... {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant