Le Gardien des Chats

21. Le plus grand des Gardiens

En une fraction de seconde, notre grand gaillard se retrouve devant un premier blouson noir. Un puissant coup de poing dans le foie plus tard, le blouson noir se retrouve propulsé à plusieurs mètres et finit à genoux en train de vomir avant de s'évanouir de douleur.
Un deuxième se présente avec un couteau. Un coup de pied circulaire suffit à désarmer l'assaillant, et un second en plein visage l'envoie brusquement embrasser les briques du mur opposé.
Le troisième se prend un puissant coup de pied dans le ventre, si fort qu'il se retrouve éjecté vers l'arrière. Sa tête heurte violemment le visage du quatrième blouson noir, qui se retrouve lui aussi hors d'état de nuire.
Le cinquième envoie une série de coup de poings rapides, que notre gaillard esquive sans la moindre difficulté en penchant la tête tantôt à droite, tantôt à gauche. Le blouson noir varie ses coups, et c'est en envoyant un crochet aussi rapide qu'inattendu qu'il commet sa dernière erreur. Le grand gaillard passe sous le coup de poing, et remonte en envoyant un puissant uppercut au menton de son adversaire, lui détruisant l'intégralité de ses incisives et l'envoyant en l'air et en arrière sur plusieurs mètres.
Le grand bonhomme lève alors la tête et se rend compte qu'une silhouette gracieuse flotte quelques mètres au dessus de lui, grande, fine et belle, une femme aux courbes exhaltantes, avec une tête de chat, sans la moindre expression. En un clin d'oeil, la silhouette semble prendre appui dans le vide et disparait dans un fin rayon lumineux.
Il baisse la tête en analysant ce qu'il vient de se passer; il vient de terrasser 5 adversaires en moins de 10 secondes, sans être essouflé, et sans effort. Il se met alors à parler tout haut:

- J'en ai cogné 5, mais ils étaient 6! Il en manque un!

La voix de Milo se fait entendre:

- Vous avez oublié celui qui a pris votre coude dans la figure. Ça fait six.

- Ok c'est vrai, je l'avais oublié. Mais vous êtes où? Je vous entend mais je vous vois pas! dit le grand personnage en tournant sur lui même et en vérifiant sous ses chaussures.

- Je suis en vous, dans votre torse, autour de votre coeur, je vous transmets les pouvoirs de notre Déesse à travers votre système sanguin. Vous pouvez me libérer à tout moment, il vous suffit de claquer vos mains devant vous, à hauteur de torse.

Il s'exécute, laissant s'échapper Milo, qui atterrit gracieusement sur ses pattes, avant de se retourner et de s'asseoir.

- Bien, dit Milo. Commençons par le début. Je suis Milo, je suis votre serviteur. La créature que vous avez vu la haut, c'était Bastêt, Déesse Egyptienne, mais vous le savez déjà, puisque vous êtes un Gardien des Chats. Vous avez de la chance, très peu de Gardiens ont l'occasion de la voir, de leur vivant en tout cas. Et le...

Le grand gaillard l'interrompt:

- Un Garde-chat? De quoi il parle?... Mon père m'a filé cette bague le mois dernier en disant que les chats auraient besoin de moi un jour, et je pensais qu'il avait perdu la tête, mais là j'ai l'impression d'être encore plus timbré que lui, dit-il en touchant de l'index la bague qu'il porte sur son annulaire droit.

Milo le regarde et s'attarde sur la bague:

- Mais... Qui vous a dit de mettre votre bague à ce doigt là? Vous l'avez fait de vous même?

L'homme regarde sa main:

- Ben... Euh... Ouais, c'est le doigt où ça me gêne le moins... C'est même confortable en fait. Mais revenons-en à votre histoire, là. Vous venez d'où? Un chat bleu qui parle quand même...

- Vous ne m'avez jamais vu, et pourtant j'ai toujours été là, dit Milo. Je suis lié à la bague que vous portez, et à votre famille, et ce depuis... Bah alors attendez je compte... On est quoi là, en Avril? En Mai?... Il est 18 heures... Ben... Depuis 5000 ans.

- 5000 ans?! Mais... Mais... Il faut que je m'assoie...

Il pose une main par terre, s'assoie contre le mur et pose sa tête contre les briques en soufflant bruyamment. Il jette un oeil à son ami évanoui, et se rend compte qu'il respire. Il regarde Milo et lui sourit tendrement:

- Donc, si j'ai bien compris, tu es de la famille, Milo c'est ça? Merci d'avoir arrêté le temps, j'espère que tu m'apprendras ce tour là, et merci de m'avoir protégé de ce coup de batte par derrière. Je ne l'oublierai pas. Tu peux compter sur moi.

- J'espère bien, dit Milo. Bon, je connais votre père, Gervais, un Gardien puissant, très puissant même. Mais vous, je ne vous connais pas. J'ai senti que vos capacités de Gardien étaient au moins aussi impressionnantes que celle de votre Père, mais...

- Mais quoi?, demande le gaillard.

- Ben je ne connais pas votre prénom, dit Milo en haussant les épaules.

À ces mots, le grand gaillard met un genou à terre et attrape la patte de Milo, comme pour lui serrer la main:

- On va se tutoyer, si tu veux bien, mon cher Milo. Moi, c'est Alexandre.