Chapitre 4

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Je me réveillai avec une terrible douleur lacérant mes tempes. J'essayais de me remémorer les évènements de la veille en vain. J'ouvris alors les paupières et balayai la pièce du regard, les rayons du soleil traversaient le salon faisant briller les cheveux d'Ilyana qui me dévisageait. Je me levai brusquement avant d'être prise de terribles vertiges. Paul me rattrapa de justesse, avant que je rencontre une nouvelle fois le sol. Ses yeux gris vert croisèrent les miens, d'un coup mes joues passèrent au rouge et mon souffle se coupa. Quant à lui, son teint était pâle, livide. Il baissa les yeux et m'aida à m'assoir sur le canapé.

- Comment tu te sens ? demanda Ilyana affolée.

Elle ne me laissa pas le temps de répondre que déjà, elle hurla à Max de m'apporter un verre d'eau. Je le bus d'un trait tellement j'étais assoiffée. Tous trois me regardèrent attentivement.

- Qu'est qu'il s'est passé ? demandai-je doucement

Ilyana s'asseya à côté de moi.

- Quand on est venu te chercher hier soir dans le grenier, on t'a trouvé inconsciente allongée sur le sol. J'ai eu une de ces frousses. On a même hésité à appeler les pompiers.

Ça y est, je me souviens. De tout. Même de la photo. Il fallait que je la récupère. Je regardai l'heure. 15 h 30. Comment ai-je autant dormi ? Les garçons sortirent du salon, me laissant seule avec Ilyana.

- J'ai eu vraiment peur, me dit-elle. Mais heureusement qu'il y avait Paul.

- Paul ? Pourquoi ? la questionnai-je.

- Il n'a pas dormi de la nuit. Il a veillé sur toi pendant que je dormais et même quand j'étais là. Je n'étais pas la seule à me faire du souci.

Mon cœur s'emballa. Cela expliquait sa mauvaise mine. Il n'avait pas dormi de la nuit. Pour moi.

- Je ne l'avais jamais vu aussi angoissé, ajouta-t-elle.

Je répondis par le silence. Elle vit que j'étais gênée et sortis de la pièce en disant :

- Repose-toi. Si tu as besoin de quelque chose je suis dans la cuisine.

Je lui souris puis m'allongeai de nouveau et fermai les yeux sombrant de nouveau dans un profond sommeil.

~

Mon père rentra quelques jours plus tard. La maison était propre comme si rien ne s'était passé. Pourtant Ilyana n'arrêtait pas de se plaindre « franchement ils ne sont même pas capable de jeter un verre dans une poubelle, tu aurais vu l'état de la maison, je suis sûre que tu aurais fait un deuxième malaise». En tout cas, le plus important fût que mon père ne remarqua rien. Je n'osais imaginer sa réaction. Les jours passaient et pendant ce temps, je ne revis pas l'ombre de la photographie, même après avoir fouillé le grenier de fond en comble. Puis les cours reprirent et la photo s'effaça peu à peu de ma mémoire. Ilyana m'avait invité chez elle un weekend. Sa chambre faisait le double de la mienne et contenait peu de meubles. Juste une armoire, un bureau et un lit. Certains murs étaient blancs et d'autres gris clairs. Son grand lit se trouvait près de la fenêtre avec une petite table de chevet où était posée une lampe. Il était près d'une heure du matin mais je ne me sentais pas pour autant fatiguée. Ilyana s'asseya sur la chaise de son bureau et me fixa.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé dans le grenier ? me demanda-t-elle calmement.

- Je sais pas.

Elle froissa sa manche entre ses doigts et mordillait nerveusement sa lèvre inférieure. Que me cachait-elle ? Son regard m'encouragea à continuer.

- Je... euh, j'hésitais à lui raconter ce que j'avais ressentis mais je décidai finalement de rester sous silence. Vraiment j'en sais rien.

- C'était quoi la photo que tu tenais dans ta main quand je t'ai retrouvé ?

Elle l'avait vu.

- Je l'ai trouvé en fouillant pour faire passer le temps, répondis-je.

- C'était toi dessus n'est-ce pas ?

- Impossible. Je ne suis jamais venue ici avant et la photo a été prise dans le salon.

Elle n'avait pas l'air convaincu de mes explications mais tant pis, elle devra s'en contenter. En y repensant, peut-être qu'avec la fatigue et l'agitation de la fête, je commençais à délirer. Comment pourrait-ce être moi sur l'image puisque je ne suis jamais venue ici auparavant. Du moins c'est ce que m'avais affirmé mon père. Et je n'ai aucune raison de remettre sa parole en cause, je lui fais confiance et ce, depuis que je suis née. Ilyana s'approcha et s'asseya à ma droite. Elle prit mes mains et dit :

- Tu sais qu'on peut se faire confiance. Tu es devenue ma meilleure amie Aileen.

Ses yeux brillaient à la lueur de la lampe de chevet. Je me sentis mal de ne pas lui avoir fait part de mes doutes.

- Bien sûr, répondis-je en la regardant droit dans les yeux.

~

Je me réveillai en sursaut. De la sueur coulant sur mon front, le cœur battant la chamade. Encore ce cauchemar. Il revient. Toutes les semaines. Toutes les nuits.


Trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant