Chapitre 23

10 2 0
                                    

Aucun bruit. Tout était silencieux. Je me risquai à entrer, le cœur battant. Quant à Paul, il paraissait totalement détendu, toujours avec ce sourire en coin. Je me dirigeai vers la cuisine lentement, guettant le moindre mouvement.

Soudain, je me figeai. Je ne pouvais plus bouger, trop stupéfaite par ce que je voyais. Mon corps ne répondait plus à mon cerveau et je manquais de m'écrouler au sol si Paul ne m'avais retenu. La femme occupée à faire la vaisselle pivota dans ma direction, les larmes aux yeux.

- Mais comment... parvins-je à articuler.

Je n'y croyais pas. Comment pouvait-elle être là, devant moi, alors qu'à peine une semaine plus tôt elle était enfermée dans un asile au fond d'une forêt.

- Bonjour ma puce, dit-elle d'une voix douce.

Elle s'approcha de moi, avec cette expression qui étirait ses lèvres et qui la rendait encore plus belle. Un silence s'était installé, me plongeant dans mes pensées. Était-ce un rêve ? Je n'arrivais plus à distinguer la fiction de la réalité tellement je m'étais imaginée ce scénario dans ma tête un nombre incalculable de fois. Celui du jour où elle serait enfin libre.

Sans crier gare, elle me pris dans ses bras. Je plongeai alors mon visage dans son cou, humant son parfum de vanille qui me berçais chaque soir auparavant et qui me manquais tant. Je ne pus retenir ma joie et les larmes déferlèrent.

- Je crois que je vais y aller, fit Paul d'une voix tremblante, de peur de gâcher ce moment unique. On se voit bientôt, m'adressa-t-il.

Je lui répondis d'un hochement de tête avant de détourner de nouveau mon attention vers ma mère. Elle s'embla lire mon incompréhension dans mon regard puisqu'elle ne me laissa pas le temps de dire quoi que ce soit.

- Je vais tout t'expliquer. Viens t'assoir, dit-elle en me désignant le canapé.

Elle soupira et reprit.

- J'imagine qu'au point où vous en êtes arrivé, il a eu le temps de te révéler certaines choses.

- Seulement les crimes qu'il a commis.

- Ce qu'il a fait est impardonnable. Plusieurs fois j'ai essayé de l'en empêcher, j'ai même tenté de m'enfuir avec vous. Mais il n'a pas mit longtemps à nous retrouver. Personne n'était au courant à part Olga. Elle à bien tenté de nous aider en vous gardant le plus possible, mais cela n'a été que de courte durée. Elle me disait de prévenir la police, mais qui m'aurais cru. Il m'a toujours fait passé pour une folle. Alors j'ai vite baissé les bras. J'ai préféré fermer les yeux, chaque jour il me répétais que c'était la dernière fois mais il recommençait toujours. Jusqu'à ce qu'il commette l'irréparable. J'étais effondrée et j'ai vite sombré dans la dépression mais je devais me battre pour toi. Alors on a déménager et recommencé une nouvelle vie. Mais il m'a rapidement fait comprendre qu'il ne voulait plus de moi, de peur que je te dise toute la vérité. Tu te doutes bien que j'ai refusé mais il ne m'a pas laissé le choix et m'a envoyé dans cet asile. Mais en réalité c'était lui qui avait un problème. Dès que je suis tombée enceinte de vous, il a commencé à boire et cela a empiré de jour en jour. Il est dangereux Aileen. Alors quand on m'a appris ce qui c'était passé, j'ai eu peur pour toi. Peur d'avoir perdu mon deuxième enfant. Je suis venue aussi vite que j'ai pu mais tu étais déjà partie.

- Mais comment se fait-il que tu sois sortie ?

- C'est grâce à ton ami. C'est garçon bien tu sais. Cela faisait quelques jours que je pouvais partir mais j'appréhendais la réaction de ton père si je revenais.

Je ne dis plus un mot. Trop occupée à tout encaisser. Mon père était un malade et je ne l'avait jamais vu. Comment avais-je pu être aussi aveugle ? Soudain un détail me revint en tête. Il m'avais appelé Keyla.

- Maman, soupirai-je, hier soir papa m'a appelé par le prénom de ma sœur et sur le coup je n'y avais pas fait attention mais maintenant que j'y pense..

- Keyla, murmura-t-elle comme si elle était perdue dans ses pensées. C'est ton père qui a eu l'idée.

- Quelle idée ? demandai-je.

- D'échanger vos prénoms. J'étais tellement triste que je ne sortais plus de mon lit. Pendant un temps je ne m'occupais plus de toi. Il en a rapidement eu marre et m'a proposer de te rebaptiser avec son prénom. « De cette façon, elle vivra en elle », m'avais-t-il dit. Et je l'ai laissé faire. Je suis tellement désolée.

J'avais du mal à assimiler ses paroles. Tout ça était tellement fou. J'avais l'impression d'être dans une télé-réalité, j'espérais que d'une seconde à l'autre un caméraman fasse irruption pour me dire que tout cela était faux et que tout redeviendrai comme avant. Mais rien ne se produisit. Et j'étais toujours là, à la regarder sans une once d'émotion sur mon visage.

- Elle est où ? demandai-je

- Quoi donc ?

- Sa tombe.

J'avais employé un ton froid et ferme mais je n'y prêtais pas attention.

- Sous le chaîne près du ruisseau, m'avoua-t-elle en avalant difficilement sa salive.

Je n'arrivais pas à y croire. Toute ces années à jouer, à grimper et à construire des cabanes dans cette arbre sans savoir qu'elle était juste là. Près de moi. S'en était trop. Je me levai subitement et me dirigeai vers la porte. Il fallait que je prenne l'air. 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Hey, ça fait un petit moment que je n'avais pas publié mais voici la suite. Désolée pour l'attente. Le prochain chapitre arrive bientôt ! 


Trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant