Trop tard

Chapitre 22

Je fus réveillée par la sensation qu'on m'observait et sentis des bras qui m'entouraient la taille.

- Depuis quand tu me fixes ? demandai-je les yeux toujours clos.

- Cinq minutes.

J'ouvris mes paupière et croisait son regard gris qui me fit frissonner. Quelques mèches de cheveux tombaient sur son front le rendant encore plus mignon. Il m'adressa un sourire que je lui rendis.

- Bien dormis ?

En effet, c'était l'une des rares nuits où je n'avais pas fait de cauchemar et cela faisait du bien de pouvoir dormir tranquillement.

- Super et toi ? répondis-je.

- Pas vraiment parce qu'une jeune fille prenait toute la place.

Mes yeux s'écarquillèrent.

- Oh je suis vraiment désolée, m'excusai-je.

- Mais non je rigole, s'esclaffa-t-il, tu aurais vu ta tête.

- Eh c'est pas drôle !

Je saisis mon coussin et le frappa.

- Ah ouai tu veux jouer à ça ! rigola-t-il.

J'aurais peut-être mieux fais de me retenir. Mais sans que je ne puisse l'esquiver, je me reçu l'oreiller en plein figure et tombai sur le dos. Il me bloqua les mains au-dessus de ma tête quand tout à coup la porte s'ouvrit. Il me lâcha rapidement et se redressa. Je vis alors une petite tête brune passer dans l'entrebaillement.

- Combien de fois je t'ai dit de frapper avant d'entrer ! s'énerva Paul.

- Je sais, je sais, mais maman m'a dit de te réveiller.

Elle tourna le regard vers moi et un sourire en coin apparu sur ses lèvres.

- Oh désolée je savais pas que tu étais là.

Lorsqu'elle vit que Paul était torse nu elle ne pu s'empêcher de faire une remarque.

- Oh mon dieu je suis trop jeune pour voir ça, dit-elle en fermant la porte.

Paul ouvrit les yeux stupéfait et je ne pus me retenir d'exploser de rire. Il se tourna vers moi, le visage sérieux.

- C'est pas drôle, imagine ce qu'elle va dire à ma mère.

Me voyant pliée de rire, Paul me rejoignit. Au bout d'un moment, nous nous arrêtâmes à bout de souffle.

- J'ai faim. Pas toi ? dis-je en me redressant.

- Si, fit-il, on y va.

Il s'engagea dans les escaliers et se dirigea vers la cuisine où s'échappaient des voix.

- Bonjour, lançai-je avec enthousiasme.

- Salut, bien dormi ? me demanda sa mère en se retournant.

- Oui et vous ?

- Oh tu peux me tutoyer maintenant.

J'acquiesçai d'un hochement de tête et allai m'assoir face à Alia qui dévorait un pain au chocolat.

- Tu veux quoi, me demanda Paul.

- Un bol de céréales s'il te plaît.

- Chaud ou froid le lait ?

- Chaud.

Il déposa mon petit-déjeuner sur la table et m'embrassa rapidement sur le front. Je fus surprise de ce geste et sentis le rouge me monter aux joues. Heureusement pour moi, sa mère n'avait rien remarqué. En revanche, le visage de sa sœur se figea et la viennoiserie tomba dans son bol, renversant du lait sur la table.

- Voyons Alia, mange proprement ! la réprimanda sa mère.

Elle fixa son frère les sourcils froncés, attendant probablement une explication. La situation ne faisait qu'accentuer mon gêne.

- Toi aussi tu veux un bisou ?

Il s'approcha d'elle puis l'attrapa. Elle se débattit tant bien que mal mais finit tout de même par capituler. Il fini par la lâcher, un sourire en coin voyant ses cheveux ébouriffés.

- Non mais sérieux Paul !

Une fois mon petit-déjeuner engloutit, j'aidai à faire la vaisselle avant de monter dans la chambre. Paul était en train de choisir des vêtements dans son placard me tournant ainsi le dos. Je partis m'habiller dans la salle de bain et fis ma toilette. Je remis toutes mes affaires dans mon sac, Paul me regarda d'un air interrogateur. Apparemment il avait eu le temps de se changer.

- Tu compte y retourner ? demanda-t-il.

- Il faudra bien.

- Tu sais tu peux rester ici autant que tu veux.

Je pris un temps pour réfléchir avant de lui répondre. L'idée de rester ici avec lui ne me déplaisais pas, mais j'aurais trop l'impression de ne pas être à ma place.

- Je sais, dis-je simplement.

- Alors je te raccompagne.

- D'accord.

Je descendis au rez-de-chaussée et croisai sa mère, pliant du linge tout en écoutant de la musique.

- Tu t'en vas déjà ?

- Oui, merci beaucoup de m'avoir accueilli.

- Oh de rien ma puce. Tu es la bienvenue. Et puis pour tout te dire, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu mon fils aussi heureux avant que vous ne sortiez ensemble.

Je devais avouer que ce qu'elle venait de dire me fit comme un électrochoc.

- Humm, excusez-moi mais nous ne sommes pas ensemble.

- AH bon ? Je croyais pourtant. Tant pis.

- En tout cas merci pour tout. Au revoir.

- A bientôt ma puce.

J'attendis devant la moto de Paul qu'il se décide enfin à arriver. Cinq minutes plus tard je le vis enfin apparaître un large sourire sur le visage.

- Je peux savoir ce qui te rends si heureux ?

- Tu verras.

Il monta et je m'accrochai à lui. Peu de temps après, je me retrouvais face à ce qui sera désormais, la maison de mes pires cauchemars. J'incérai la clé dans la serrure mais impossible de la tourner. La porte était déjà déverrouillée. J'étais pourtant sûre de l'avoir correctement fermée hier. Je la poussa légèrement.

- Qui est là ?