Un bâtiment immense se dressait devant moi. Imposant, malgré la forêt qui l'entourait sur plusieurs kilomètres. C'était bien là qu'elle se trouvait. J'avais mis plusieurs jours pour trouver le nom de l'asile. Heureusement que mon père n'avait pas changé de place les papiers dans son armoire.
- Tu veux que je t'accompagne ? demanda Paul.
- Non merci, j'y vais seule.
Je me retournai quand il m'attrapa la main.
- Aileen, tu veux vraiment y aller ?
J'hésitais. Et si je regrettais de m'y être rendue ? Ce n'était pas le moment de me poser des questions.
- Oui. Ça fait sept ans qu'elle me doit des explications.
Je pénétrai dans le bâtiment sans me retourner. Une infirmière m'accueilli puis m'accompagna jusqu'à la chambre de ma mère. Elle était vêtue d'une simple veste blanche, les cheveux attachés. En marchant, les numéros des portes défilaient le long du couloir. Elle s'arrêta devant la chambre 238.
- J'espère que vous savez ce que vous faites jeune fille, commença-t-elle. En général, les personnes qui viennent rendre visite à des internes sont souvent.... bouleversés. Il n'imagine pas à quel point leurs proches peuvent avoir changés. En tout cas je serais juste derrière la porte, ok ?
- Ok.
J'étais stressée à l'idée de la revoir. Ça faisait tellement longtemps. Je ne savais pas du tout comment engager la conversation. Peut-être que ça viendra naturellement. Elle ouvrit la porte sur une pièce lumineuse contenant peu de meuble, voire pas du tout. C'est alors que je la vis. Au début, je n'étais pas sûre que ce soit elle mais mes doutes s'estompèrent rapidement.
- Madame Beker ? vous avez de la visite.
- Tu peux repartir William.
Sa voix résonna mélodieusement. Une voix qui peut-être, m'avait chanté des berceuses quand j'étais petite. Elle se tenait face à une vitre qui laissait filtrer le soleil. Ses cheveux clairs brillaient et son teint paraissait si pâle. Je ne la voyais que de profil mais je savais que malgré sa mauvaise mine, elle était magnifique. Ma mère était très mince. Mes yeux parcouraient ses bras puis ses mains, suivit de ses longs doigts fins. Des doigts qui autrefois coiffaient mes cheveux et laçaient mes chaussures.
- Maman ?
Elle se pétrifia. C'était à peine si elle respirait. Elle se tourna vers moi. Ses yeux noisette plongèrent dans les miens. J'avais oublié à quel point elle était belle.
- Keyla ?
Que devais-je dire ? Je ne voulais pas prendre le risque de la contrarier. Elle avait sûrement perdu la mémoire. Mais pourquoi tout le monde m'appelais Keyla ? Qui est-elle?
- Ma petite fille. Tu es là.
Tandis que la porte se refermait lentement derrière moi, d'un pas hésitant, j'avançais. Sa blouse blanche flottait au dessus de ses genoux. Elle me prit dans ses bras plus maigres que je ne l'aurais imaginé et me serra fébrilement. Je sentis la chaleur de sa peau douce contre la mienne, je ne pouvais alors retenir mes larmes qui ruisselèrent sur sa blouse.
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Trop tard
Mystery / ThrillerAileen, une jeune adolescente, vient d'emménager dans une nouvelle ville. Tout se passe pour le mieux jusqu'à la découverte d'une mystérieuse photo lors d'une soirée, qui remettra toute son enfance en question. Avec l'aide de son ami Paul, elle fera...