Chapitre 12

6 5 0
                                    

Nous étions dimanche, mon père était parti travailler tôt ce matin et avait pris soin de laisser un mot me rappelant que je n'étais pas toujours pas autorisée à sortir. J'étais encore puni. Il ne rentrerait pas avant 19 heures, j'avais donc l'après-midi devant moi. Je décidai de me rendre à la médiathèque bien déterminée à trouver quelque chose d'intéressant concernant ma maison. La dame se souvenait de moi et me fit un grand sourire en me voyant entrée. Je venais souvent quand j'en avais le temps mais seulement pour lire. Je me dirigeai vers elle.

- Bonjour je voulais savoir, j'ai un travail en histoire et j'aurai voulu aller voir les archives si c'est possible...

Je m'en voulu de ne pas avoir pris le temps de trouver une meilleure excuse. Trop tard.

- Oui bien sur, je t'avoue que cette requête est rare mais je n'y vois aucun inconvénient. Suis-moi.

Elle se faufilait à travers les rangées de bouquins avec une rapidité étonnante pour son âge.

- Voilà c'est ici, toute l'histoire de cette ville se trouve derrière cette porte, me dit-elle fièrement.

- Merci beaucoup.

- Si tu as besoin d'aide je ne suis pas loin.

Puis elle repartie, vaquant à ses occupations. Je me surpris à attendre sur le pas de la porte. Quelle idiote ! J'ouvris, et me retrouvai devant une vingtaine de rangées de livres, de dossiers, de papiers... Oh non, je ne m'attendais pas à devoir éplucher une centaine de documents. Je m'engouffrai dans l'une des rangées et vis des dates étiquetées sur chaque étagère. Je fis un rapide calcul. Nous étions en 2008 et si mes informations étaient bonnes, cela faisait 9 ans que la maison n'avait pas était habitée. Je devais donc chercher une étagère de l'année 1999 Je la trouvai facilement, il n'y avait pratiquement rien dessus, j'aurais vite fais le tour. Je m'emparais d'un journal et lu.

- 24/03/1999 : Un incendie ravageur dans le tunnel du Mont Blanc fait 39 morts. Le tunnel sera désormais fermé pendant 3 ans.

Je le reposai, rien d'intéressant dans celui-ci. J'en m'emparai d'un autre.

- 20/04/1999 : Deux lycéens tuent 13 personnes à Littleton, dans le Colorado aux Etats-Unis, avant de se donner la mort.

Je ne trouverais probablement rien dans les journaux. Je me résignais donc à chercher dans les dossiers administratifs.

Les documents étaient rangés par ordre alphabétique, je cherchai donc au alentour des « d ». Je vis « déménagements » et saisit une pochette rouge. Je feuilletai rapidement quand une adresse m'interpela. C'était exactement la même que la mienne. D'après ce que je vois, il y avait des certains Halney qui habitaient dans ma maison. Mais ce qui m'intriguait le plus, était le délai du déménagement, moins d'un mois. Cela c'était fait extrêmement vite. De plus les dates correspondaient. Mais quelque chose me dérangeais. Peut-être était-ce le nom de famille ? Il est différent du miens et ça m'étonnerais beaucoup qu'on ait changé de nom, je me demande même si c'est possible. En attendant, je reposai tout ce que j'avais pris puis allai voir la bibliothécaire pour la remercier et partis.

~

16h10. J'avais un peu de retard mais ça allait. Je vis un grand homme brun sortir de la maison. Il portait un jean et une veste noire assez large. L'air de ressemblance avec Paul était flagrant.

- Bonjour, je peux t'aider ? me demanda-t-il.

- Euh, Paul est là ? On a un exposé à faire ?

- Oui bien sûr sa chambre est au premier. Je dois y aller je ne m'absente pas trop longtemps, enchanté d'avoir fait ta connaissance Aileen.

Mais comment connaissait-il mon prénom ? Peut-être que Paul lui avait déjà parlé de moi.

- Vous de même Mr....

- Appelle-moi James.

- Bien, James.

Il entra dans sa voiture et partit. Je franchissais le seuil quand soudain une petite fille aux longs cheveux brun ondulés se planta devant moi.

- T'es la petite copine de mon frère ?

- Non pas du tout.

- Alors pourquoi t'es là ?

Des pas résonnèrent dans les escaliers.

- Laisse la tranquille Alia, grogna Paul. Retourne voir la télé.

- Salut, dis-je.

- Désolée c'est ma sœur Alia. Je dois la surveiller.

- Oh ça ne fais rien.

- Viens.

Il monta à l'étage et pénétra dans la première pièce à gauche.

- Et voilà, c'est ma chambre.

Elle était plutôt bien rangée. Il avait une vue sur le jardin, une télé et un grand lit au centre de la pièce.

- Pourquoi tu voulais qu'on se voit ?

Je posai mon sac dans un coin et m'assied à côté de lui sur son lit. Mes doigts commencèrent à tripoter mon bracelet pourtant je n'étais pas nerveuse.

- Je vais partir.

C'était un peu direct mais au moins j'étais clair.

- Comment ça ?

J'avalai difficilement ma salive et respirai un bon coup.

- Mon père veut à nouveau déménager.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas.

Il ne dit plus rien. Sa mâchoire se crispa.

- Tu pars quand ?

- Je sais pas non plus. Avant je veux faire quelque chose mais j'ai besoin de toi.

- Bien sûr. Et c'est quoi ?

- Il faut que j'aille voir ma mère et j'aimerais que tu m'y emmène.

- Où ?

- Je ne sais pas exactement. Je sais seulement qu'elle à été interné dans un asile.

- En général si les personnes sont internées c'est pas pour rien. A mon avis c'est une mauvaise idée que t'ailles la voir.

Je me levai subitement et le fixa droit dans les yeux.

- En ce moment tout le monde me ment. Pour commencer mon père. Et puis il y a la photo, le déménagement...

- Attend tu vas trop vite. Explique-moi.

Je lui expliquai tout sur mes récentes découvertes, ce que sa grand-mère m'avait dit, le comportement de mon père et le fait qu'il ne veuille plus que je vois mes amis. Pendant mon récit, il resta silencieux et m'écouta attentivement.

- Elle est ma dernière chance. Au pire j'aurais essayé.

- Très bien. Je vais t'y emmener.

- Merci.

S'il y avait une seule personne qui pouvait me dire la vérité, c'était bien elle. A condition qu'elle s'en souvienne.



Trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant