Chapitre 16

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Je fixai le plafond en repensant à ses mains douces glisser sur ma peau et tout ce qui s'ensuivit. A ce souvenir, un sourire se dessina sur mes lèvres. Comment devais-je interpréter ce geste ? Devais-je l'appeler ? Il fallait que je mette les choses au clair. J'avais du mal à mettre des mots sur ce que je ressentais. En attendant, je devais préparer à manger avant que mon père ne rentre. Il devait être 20 heures lorsque mon père rentra en furie.

- Salut papa, ça va ? demandai-je prudemment.

- Le repas est prêt ?

- Euh oui...

Rageusement, il jeta son sac au pied du canapé avant de s'y affaler. Je lui déposai son assiette de pâtes à la bolognaise encore chaude sur la table basse. Il prit une bouchée avant de tout recracher dans le plat.

- C'est quoi ça ! hurla-t-il.

- Euh des pâtes, il me semble...

Oups j'aurais peut-être dû m'abstenir de cette remarque.

- C'est dégueulasse !

Il aurait au moins pu me parler sur un autre ton. Je ne sais pas ce qui l'avait mis en colère mais je ne supporterais pas qu'il se déchaîne sur moi.

- Tu étais où hier soir ? dit-il fermement.

- A la plage.

- Pourquoi tu ne m'as pas demandé la permission !

- Je t'ai laissé un mot.

- Un mot ! je suis ton père, c'est moi qui décide !

Sérieusement, il n'allait pas faire tout un plat parce que j'étais allée voir des amis. Apparemment si.

- Je vends la maison dans deux semaines. J'ai trouvé un acheteur. Tu commenceras à faire tes cartons.

- Non.

Ce mot sortit instinctivement et aussitôt je regrettais.

- Comment ça non ?

- Je reste. Je n'ai pas envie de déménager une seconde fois.

Il retint sa rage pour ne pas se défouler sur moi. Son regard était menaçant, les poings serrés. Il me faisait peur. Et c'était la première fois. Il empoigna l'assiette et la jeta violemment contre le mur. Elle explosa en mille morceaux.

- Tu n'a pas le choix. Fin de la discussion.

Il se leva et se retira dans sa chambre. Je fis de même après avoir nettoyé la sauce qui s'était incrustée dans le tapis. Je m'endormis difficilement ce soir-là. Mon sommeil fut agité.

Ma poupée tomba au sol et mes mains bouchèrent mes oreilles pour étouffer ses cris stridents qui me parvenait du ré de chaussé. Ma mère supplia. Je descendis les escaliers en courant et me réfugiai derrière un arbre dans le jardin. Il sortit la traînant par le bras. Je fixai mes chaussures. Rouge, comme ma robe. Mon père la jeta au sol. Lui donna des coups de pieds avant de lui arracher son bracelet argenté laissant une entaille sur son poignet. Il cria. L'insulta. Puis, je n'entendis plus que des sanglots étouffés. Quand il partit dans le cabanon, ma mère accouru. Elle la porta jusqu'à l'intérieur. Je fermai les yeux. Il ne m'avait pas vu. Mais elle si.

Je me réveillai le front coulant de sueur. Les yeux grands ouverts malgré le noir absolu. C'était juste un cauchemar. Juste un cauchemar et rien d'autre. Seulement, cela faisait plusieurs fois qu'il revenait. En boucle.


Trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant