Chapitre 19

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Il me foudroya du regard, un léger frisson me parcouru l'échine. Je tentai de réguler ma respiration mais j'étais beaucoup trop anxieuse sur ce qui allait s'en suivre.

- Tu es déjà là ? risquai-je.

- Dehors, dit mon père à Paul en désignant la porte.

Paul ne le fit pas répéter et descendit les escaliers en évitant soignesement le regard de mon père. J'étais toujours tétanisée par sa tranquillité absolue et me demandais pourquoi il n'avait toujours pas explosé de rage comme il en avait l'habitude.

- Va préparer le repas, m'adressa-t-il en sortant de mon champ de vision.

Je ne me fis pas attendre et me dirigeai aussitôt dans la cuisine. Un quart d'heure plus tard, le repas était fin prêt. J'avais dressé la table dans le salon et allumé le feu dans la cheminée afin de réchauffer un peu la pièce à vivre. Mon père prit place en face de moi. Il ne dit mot de tout le repas. Je restais également silencieuse de peur d'envenimer les choses. Soudain, mon portable vibra. Je savais que mon père n'aimait pas qu'on prenne son portable à table, alors je continuais d'enrouler mes spaghettis sur ma fourchette. Mon téléphone vibra une seconde fois.

- Eteint ton portable, dit-il fermement.

Je m'exécutai et reçu au même moment un nouveau message. Mais qui cela pouvait-il bien être ? Curieuse, je voulu regarder mais n'eus pas le temps puisque mon père l'arracha des mains.

- Encore lui, grogna-t-il.

- Je peux lui répondre ?

- Non. Je ne veux plus que tu le vois.

- Mais...

Il me lança un regard froid ce qui me stoppa net dans ma phrase. Mon portable se mit à sonner. La tension entre nous ne cessait de croître et je doutais qu'il ne garde son sang froid encore longtemps. Sans que je ne m'y attende, il jeta violemment mon téléphone contre le mur ce qui brisa la vitre en plusieurs morceaux. D'emblée, je me précipitai pour le ramasser.

- Je comprends mieux pourquoi maman est partie, soufflai-je en espérant qu'il ne m'entende pas.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ?

Aussitôt, je regrettais mes paroles. Ce n'était pas du tout le moment d'aggraver la situation. Il se leva et se rapprocha de plus en plus de moi. Je me redressai, le regard baissé. Il continua de s'avancer jusqu'à ce que je me retrouve le dos collé contre le mur. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du miens et je pouvais sentir son souffle chaud empestant l'alcool s'écraser sur ma joue.

- Répète !

Je sentis les larmes me monter aux yeux, ce qui d'ailleurs le fit sourire.

- Eh beh alors tu as peur ? dit il d'une petite voix presque inaudible.

- Non, répondis-je ne le fixant droit dans les yeux.

Soudain son sourire s'évanouit et sa main rencontra violemment ma joue. Mon souffle s'accéléra. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état et je dois avouer que cela me faisait vraiment peur. Il n'était plus du tout le même. Ce n'était plus le père surprotecteur que j'avais toujours connu.

Trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant